Cest une illusion pour les uns, un suicide culturel pour d'autres, tandis que certains encore y voient la solution ultime pour faire prospĂ©rer l'humanitĂ© ! L'idĂ©e de confier l'exercice duï»żPubliĂ© le 11 aoĂ»t 2010 par la tite fĂ©e bleue Elle est parfois artificielle ou bien encore naturelle. Mais en lâaccomplissant, on prend des risques importants. Qui est elle ? 1210/2018 - DĂ©co , Le gazon artificiel a tout pour plaire. Il est trĂšs esthĂ©tique, câest pratique mais surtout ne demande aucun entretien. Il est une meilleure solution pour apporter de la nature dans son jardin. Câest donc un excellent moyen dâembellissement permettant de donner de la valeur Ă la maison tout en y apportant de la Ă Parfum, MĂ©dicinales et Aromatiques Accueil Le CNPMAI PrĂ©sentation LâĂ©quipe Partenaires et autres liens AdhĂ©sions Nos publications Offres dâemploi/stage Conservation et Recherche Gestion des ressources botaniques Gestion des ressources gĂ©nĂ©tiques Plantes menacĂ©es et cueillette Vente de semences et plants Visites, animations et boutique Visite libre Groupes enfants Groupes adultes Ateliers adultes Stages EvĂ©nements La boutique La pĂ©piniĂšre Location de la salle de rĂ©union Contact et accĂšs FAQ Vous ĂȘtes ici Accueil / ActualitĂ©s / La Camomille romaine, une espĂšce bien particuliĂšre La Camomille romaine, une espĂšce bien particuliĂšreUne ou plusieurs camomilles ? Dans la flore française, diffĂ©rentes espĂšces botaniques, appartenant Ă diffĂ©rents genres Matricaria, Anthemis, Chamaemelum, Cladanthus, Tripleurospermum, Tanacetum, Vogtia sont appelĂ©es communĂ©ment âCamomilleâ. Essayons de faire la part des choses avant de parler plus en dĂ©tail de la reine des Camomilles la Camomille romaine. Il existe tout dâabord des Camomilles secondaires au niveau thĂ©rapeutique la Fausse-Camomille, ou Matricaire inodore, dont le nom scientifique valide actuel est Tripleurospermum inodorum autrefois Matricaria perforata, est une matricaire extrĂȘmement commune en France. On la rencontre dans les friches et les cultures du niveau de la mer Ă plus de 2000 mĂštres dâaltitude. Certains auteurs lui reconnaissent des propriĂ©tĂ©s insecticides, toniques, stomachiques et vermifuges. la Matricaire maritime Tripleurospermum maritimum a longtemps Ă©tĂ© classĂ©e comme une sous-espĂšce de la prĂ©cĂ©dente. Elle croit naturellement sur les littoraux de la Manche, de la mer du Nord et de lâAtlantique dans les sables maritimes, les friches, les pelouses⊠On aura garde de la confondre sur le plan nomenclatural avec la Camomille maritime, une toute autre espĂšce. Aucune propriĂ©tĂ© particuliĂšre ne peut lui ĂȘtre attribuĂ©e avec certitude. la Camomille maritime Anthemis maritima se rencontre, quant Ă elle, spontanĂ©ment dans les sables maritimes et les pelouses artificielles de la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne Corse incluse. On peut cependant la trouver aussi çà et lĂ , en gĂ©nĂ©ral subspontanĂ©e, dans le Midi et sur le littoral atlantique jusque dans le sud de la Bretagne. Elle serait antispasmodique, vermifuge, vulnĂ©raire et anti-arthritique. la Camomille sauvage ou Fausse-Camomille Anthemis arvensis subsp arvensis est une plante annuelle des cultures de cĂ©rĂ©ales notamment et des friches que lâon peut rencontrer sur tout le territoire français mĂ©tropolitain oĂč elle y est souvent rare espĂšce en rĂ©gression. Cette espĂšce aurait Ă©tĂ© utilisĂ©e comme fĂ©brifuge, vermifuge, rĂ©solutive et vulnĂ©raire. la Camomille puante ou Maroute Anthemis cotula est dispersĂ©e dans toute la France, bien que rare dans de nombreuses rĂ©gions espĂšce qui serait Ă©galement en rĂ©gression. On la trouve, elle aussi, principalement dans les cultures cĂ©rĂ©ales notamment et dans les friches. Elle dĂ©gage par froissement de ses parties aĂ©riennes, une odeur fĂ©tide. Elle partagerait certaines des vertus de la Camomille romaine, notamment des propriĂ©tĂ©s antispasmodiques, vulnĂ©raires, fĂ©brifuges et emmĂ©nagogues ; elle prĂ©sente Ă©galement un caractĂšre allergisant. Dâautres camomilles peu utilisĂ©es, mais aux propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales ou aromatiques reconnues, figurent Ă©galement Ă la flore de France mĂ©tropolitaine la Camomille mixte ou mĂ©langĂ©e, Cladanthus mixtus, Ă©tait encore rĂ©cemment appelĂ©e Ormenis mixta. Cette espĂšce mĂ©diterranĂ©enne sud Europe, Afrique du Nord est une adventice de culture qui frĂ©quente aussi les pelouses, les friches ouvertes et autres lieux incultes aux sols plutĂŽt siliceux. En France on la rencontre dans lâouest et le Midi oĂč elle nâest jamais trĂšs commune ; elle est trĂšs rare et occasionnelle sur le reste du territoire. Elle serait bactĂ©ricide, neurotonique, anti-infectieuse et aphrodisiaque. la Matricaire fausse-Camomille ou Matricaire sans-rayon Matricaria discoidea, facile Ă identifier par ses capitules dĂ©pourvus de ligule blanc. Originaire du nord-est de lâAsie et du nord-ouest de lâAmĂ©rique, elle est naturalisĂ©e sur tout le territoire français mĂ©tropolitain oĂč elle est trĂšs commune. Câest une adventice des cultures et jardins que lâon rencontre aussi au bord des routes et des chemins, dans les jachĂšres et les endroits incultes sur sols trĂšs tassĂ©s. Sans ĂȘtre anti-inflammatoire, elle serait parfois utilisĂ©e en succĂ©danĂ© de la Matricaire Camomille, particuliĂšrement pour son caractĂšre antispasmodique ; elle serait par ailleurs vermifuge. la Camomille bleue, ou Tanaisie annuelle Vogtia annua, ex Tanacetum annuum est nommĂ©e ainsi en rĂ©fĂ©rence Ă la couleur de lâhuile essentielle extrait de la plante. Cette espĂšce, ouest-mĂ©diterranĂ©enne, croit spontanĂ©ment en France trĂšs rare, plus quâune seule station actuellement connue, dans le Sud-Est, dans le sud de la pĂ©ninsule ibĂ©rique Espagne, Portugal, et surtout au Maroc oĂč elle y est Ă©galement cultivĂ©e. On la trouve dans les friches et les terrains incultes sur sol argileux profonds et humides en hiver. Elle serait utilisĂ©e en tant quâanti-inflammatoire, anti-allergique, hypotensive, tonique, digestive, vulnĂ©raire, fĂ©brifuge et sĂ©dative nerveuse. Enfin, voici les camomilles qui jouent un rĂŽle important dans les pharmacopĂ©es occidentales la Matricaire Camomille ou Camomille ordinaire, Camomille vraie, Camomille allemande, Camomille bĂątarde, Petite CamomilleâŠ, dont le nom scientifique est Matricaria chamomilla ex Matricaria recutita et Chamomilla officinalis, est une plante annuelle, agrĂ©ablement odorante qui croit comme adventice dans nombre de nos cultures les cĂ©rĂ©ales notamment, plante messicole. Dâorigine ouest mĂ©diterranĂ©enne, devenue subcosmopolite, on la rencontre sur tout le territoire français mĂ©tropolitain jusquâĂ 1200 mĂštres dâaltitude. Des vertus antispasmodiques, anti-inflammatoires, stomachiques, apĂ©ritives, cholagogues, digestives, fĂ©brifuges, emmĂ©nagogues, calmantes, dĂ©congestives, diurĂ©tiques, anti-allergiques et vulnĂ©raires lui sont reconnues. la Grande Camomille Tanacetum parthenium, ex Chrysanthemum parthenium ou Leucanthemum parthenium est une espĂšce ouest asiatique et sud-est europĂ©enne. CultivĂ©e en Europe occidentale comme mĂ©dicinale ou ornementale, elle sây est naturalisĂ©e. Câest ainsi quâon peut la rencontrer en France dans les terrains vagues, les friches et autres lieux incultes, jusquâĂ 1200 mĂštres dâaltitude. Elle bĂ©nĂ©ficierait de propriĂ©tĂ©s stimulantes, digestives, stomachiques, antispasmodiques, antihystĂ©riques, emmĂ©nagogues, fĂ©brifuges, vermifuges, insecticides et antiseptiques. la Camomille romaine, ou Camomille odorante Chamaemelum nobile, autrefois Ă©galement dĂ©nommĂ©e Anthemis nobilis et Ormenis nobilis, est la camomille la plus utilisĂ©e dans la pharmacopĂ©e française. Les paragraphes qui suivent la concernent spĂ©cifiquement. Matricaire maritime au port de la GuittiĂšre 85Matricaire Camomille, en massif au CNPMAIGrande Camomille, en massif au CNPMAICamomille mixte dans un champ Ă Milly-la-ForĂȘt subspontanĂ©eCamomille romaine Ă Saint-Eloi-les-Mines 63La Camomille romaine, une espĂšce bien particuliĂšre La Camomille romaine se reconnaĂźt Ă un ensemble de critĂšres, tant botaniques que chimiques. En effet, si son odeur est caractĂ©ristique, lâobservation conjointe de certains critĂšres botaniques permettra dâidentifier avec certitude cette espĂšce. Description botanique Vivace, la Camomille romaine se reproduit naturellement par les voies vĂ©gĂ©tative ou sexuĂ©e. Si les parties vĂ©gĂ©tatives stolons sont couchĂ©es voire plaquĂ©es au sol, les tiges florifĂšres sont gĂ©nĂ©ralement ascendantes ou dressĂ©es, cependant lâapprĂ©ciation de ce critĂšre peut parfois porter Ă confusion comme en tĂ©moigne lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© observable dans la nature au sein dâune mĂȘme population. Lâappareil racinaire, de type pivot, est assez superficiel et ne descend gĂ©nĂ©ralement pas Ă plus de 8 cm de profondeur. La Camomille romaine prĂ©sente dâĂ©pais stolons souvent rougeĂątres sur lesquels naissent des bourgeons de feuilles et de racines reproduction vĂ©gĂ©tative, ainsi que des feuilles vert-grisĂątres bipennatisĂ©quĂ©es Ă lobes courts, Ă©troits et aigus mesurant 2,5-4 mm x 0,5 mm ; ces derniĂšres sont le plus souvent au moins lĂ©gĂšrement pubescentes. Les tiges, ramifiĂ©es et feuillĂ©es, portent les inflorescences qui se prĂ©sentent sous la forme de petits capitules bombĂ©s composĂ©s de fleurs blanches en languette en pĂ©riphĂ©rie sur un seul rang, et de fleurs jaunes dites tubulĂ©es » au centre. Entre les fleurs du centre, le rĂ©ceptacle porte Ă©galement des Ă©cailles membraneuses larges, concaves et obtuses, lacĂ©rĂ©es au sommet loupe. Les bractĂ©es, largement membraneuses, sont plaquĂ©es autour du rĂ©ceptacle pour former un involucre hĂ©misphĂ©rique. Hermaphrodites et seules fertiles, les fleurs jaunes du centre des capitules se prolongent et recouvrent/coiffent le sommet de lâovaire sur toute sa pĂ©riphĂ©rie et de maniĂšre rĂ©guliĂšre. LâakĂšne ou fruit sec appelĂ© abusivement graine » produit par chacune des fleurs tubulĂ©es mesure 1-1,2 mm x 0,2-0,3 mm et est ornĂ© de trois cĂŽtes longitudinales sur la face ventrale ; lisse par ailleurs, il prend une teinte grisĂątre variable gris-marron Ă gris-jaunĂątre Ă maturitĂ©. AprĂšs maturation complĂšte des akĂšnes, les fleurs ligulĂ©es blanches uniquement femelles et stĂ©riles tombent, les capitules toujours dressĂ©s prennent une teinte terne, et les pĂ©dicelles floraux se lignifient. Camomille romaine fleur tubulĂ©e fanĂ©e et son fruit Ă maturitĂ© ; la fleur coiffe de maniĂšre rĂ©guliĂšre le sommet de lâakĂšneCaractĂšre couchĂ© et rampant de la Camomille romaine, Saint-Jacques-dâAmbur 63Camomille romaine, dessin issu de la flore de lâabbĂ© H. Coste publiĂ©e en 1937Habitat et distribution gĂ©ographique En France, la Camomille romaine se rencontre principalement sur sols siliceux, sablonneux relativement tassĂ©s et humides en hiver, jusquâĂ 600 m dâaltitude. Bien que son port couchĂ© puisse tapisser le sol lĂ oĂč elle abonde, elle paraĂźt sensible Ă la compĂ©tition, notamment pour la lumiĂšre ; ainsi cette camomille occupe surtout des milieux ras bien exposĂ©s oĂč le dĂ©veloppement dâautres espĂšces est limitĂ©, Ă lâimage des berges des plans dâeau et des pelouses tondues ou piĂ©tinĂ©es. Elle peut sây maintenir Ă la faveur de la pĂ©rennitĂ© des contraintes environnementales naturelles ou artificielles tassement, tonte, Ă©corchage, variation du niveau dâhumiditĂ© du sol, etc. PrĂ©sente quasi-exclusivement Ă lâouest dâune ligne Amiens-Dijon-Toulouse, la Camomille romaine est clairement dâaffinitĂ© atlantique mĂȘme si elle est localement prĂ©sente sous climat mĂ©ridional ou continental. A plus grande Ă©chelle, son aire naturelle de rĂ©partition sâĂ©tend en Europe occidentale France, Royaume-Unis, Irlande, Espagne, Portugal, ainsi que localement au Maghreb Maroc ; elle sâest par ailleurs naturalisĂ©e sur le continent amĂ©ricain. Aire de rĂ©partition naturelle de la Camomille romaine en France â en foncĂ© aire restreinte ; en clair aire Ă©largiePhotos de lâespĂšce dans son milieu Chemin sur la digue dâun Ă©tang Ă La Peyratte 79Zone de battance dâun Ă©tang Ă Viennay 79Pelouse siliceuse Ă Nanteuil 79Bord de chemin forestier Ă Bussac 17Bord de route Ă Landunvez 29Espace vert urbain Ă Combrit 29VariabilitĂ© intra-spĂ©cifique A lâheure actuelle, la Camomille romaine est riche de deux variĂ©tĂ©s » reconnues les cultivars Flore plenoâ et Treneagueâ. ConsidĂ©rĂ©s comme stĂ©riles, ces deux taxons sont vraisemblablement issus de mutations et se prĂ©sentent donc sous forme de clones on ne les retrouve pas Ă lâĂ©tat naturel. Le premier est particuliĂšrement connu car câest la Camomille romaine » des jardiniers, des herboristes et des laboratoires pharmaceutiques. Cette camomille communĂ©ment appelĂ©e Camomille Ă fleurs doubles » se reconnaĂźt Ă ses inflorescences presquâentiĂšrement composĂ©es de fleurs ligulĂ©es blanches prenant ainsi lâallure de pompons blancs. Lâabsence quasi-totale de fleurs jaunes fertiles explique la stĂ©rilitĂ© du cultivar et oblige donc les producteurs Ă le multiplier par division de touffe. Lâabsence de variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique liĂ©e Ă la culture du clone complique sa production en cloisonnant les possibilitĂ©s de rĂ©sistance Ă certaines pathologies comme le dĂ©pĂ©rissement engendrĂ© par des ravageurs ici les diptĂšres Napomyza lateralis [Fallen] et Psila rosae [F.]. Le deuxiĂšme, moins connu, est proposĂ© en horticulture comme une espĂšce tapissante Ă odeur agrĂ©able ; elle se reconnaĂźt Ă son incapacitĂ© Ă produire des tiges et inflorescences dâoĂč sa stĂ©rilitĂ©. Cultivar Flore pleno » de la Camomille romaineFleur de la Camomille romaine type sauvageEnjeux pour la filiĂšre PPAM en France Si lâon peut considĂ©rer que la Camomille romaine est la reine des camomilles françaises, câest que des enjeux Ă©conomiques importants la concernent en lien avec ses vertus mĂ©dicinales des propriĂ©tĂ©s antispasmodiques, calmantes, antiparasitaires, anti-inflammatoires, apĂ©ritives, stomachiques, digestives, carminatives, fĂ©brifuges, emmĂ©nagogues et vulnĂ©raires lui sont particuliĂšrement reconnues. MĂȘme si des principes actifs sont produits par lâensemble des parties aĂ©riennes de la plante, câest dans ses capitules que se concentre son intĂ©rĂȘt pour la pharmacopĂ©e tandis que les herboristes y trouvent de quoi soigner avec Ă©lĂ©gance certains troubles utilisation des capitules en infusion, lâhuile essentielle qui y est produite est trĂšs recherchĂ©e. Cette derniĂšre semble stockĂ©e dans des glandes sessiles disposĂ©es sur les fleurs, les ovaires et les bractĂ©es involucrales ; il est probable que de lâhuile essentielle soit Ă©galement stockĂ©e Ă lâintĂ©rieur mĂȘme du rĂ©ceptacle floral qui est rempli de tissus lĂąche. En France, cette camomille est cultivĂ©e sur prĂšs de 300 ha, principalement en Anjou, une superficie importante pour la filiĂšre mais insuffisante pour rĂ©pondre Ă la demande du marchĂ© actuel. Compte-tenu de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique restreinte du matĂ©riel vĂ©gĂ©tal cultivĂ©, serait-il possible de faire progresser substantiellement la qualitĂ© agronomique de ce matĂ©riel ainsi que les rendements et la qualitĂ© de lâhuile essentielle produite ? Voici une des questions que se posent les acteurs de la filiĂšre PPAM qui ont missionnĂ© le CNPMAI, Ă partir de 2017, pour mener une Ă©tude sur la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique de la Camomille romaine. Cette Ă©tude devrait permettre, on lâespĂšre, de contribuer Ă mieux connaĂźtre le potentiel de cette espĂšce et dâainsi asseoir la compĂ©titivitĂ© et donc la durabilitĂ© de la production française. Fleurs tubulĂ©es de la Camomille romaine type sauvage ; des glandes sessiles translucides sont visibles sur la corolleCamomille romaine cv. Flore pleno » en parcelle de production Quest-ce qui fait de l'ombre dans les bois sans jamais y pĂ©nĂ©trer ? solution. Tel pĂšre, tel fils. Un pĂšre a 54 ans et un fils en a 60. Comment est-ce possible ? solution. Le bon jour. Aujourd'hui, c'est la veille de mon anniversaire et demain, le lendemain. Quel jour suis-je nĂ© ? solution . Verbe. Quel est le point commun de ces verbes : sangloter, effrayer, ressembler, s
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteurs RĂ©sumĂ©s Cette Ă©tude, consacrĂ©e aux automates fabriquĂ©s par HĂ©phaĂŻstos, interroge les rapports entre techniques et vivant, entre nature et artifice dans lâimaginaire grec archaĂŻque. Fruits des savantes rĂ©flexions » du divin forgeron, et non dâune action magique, ces automates et crĂ©atures artificielles servent les dieux et peuvent parfois ĂȘtre offerts aux mortels. Capables de se mouvoir et dâagir par eux-mĂȘmes, ils sont Ă ce point perfectionnĂ©s quâils peuvent dans certains cas se reproduire. En cela, ils sont comparables Ă Pandora, autre crĂ©ation dâHĂ©phaĂŻstos, rĂ©vĂ©lant ainsi que technique et vivant ne sâopposent pas, mais obĂ©issent aux mĂȘmes principes. Automata and artificial creatures of Hephaistus between science and study, devoted to the automata created by Hephaistus, questions the relationship between technique and living, between natural and artificial in the archaic Greek representations. Result of the clever thoughts » of the divine blacksmith, and not of a magic action, these automata serve the gods and can sometimes be offered to the mortals. Able to move and act by themselves, they are so sophisticated that they can be able to reproduce. From this point of view, they are comparable with Pandora, another creation of Hephaistus, revealing thus that techniques and nature are not opposed, but obey the same principles. AutĂłmatas y criaturas artificiales de Hefaistos entre ciencia y el estudio de los autĂłmatas fabricados por Hefaistos se cuestionan las relaciones entre las tĂ©cnicas y lo viviente, entre naturaleza y artificio en el imaginario griego arcaico. Frutos de las sabias reflexiones » del divino herrero y no de una acciĂłn mĂĄgica, aquellos autĂłmatas sirven a los dioses y a veces se pueden ofrecer a los mortales. Son capaces de moverse y actuar por sĂ mismo y son tan perfectos que pueden reproducirse. Son entonces comparables con Pandora âotra creaciĂłn de Hefaistosâ lo que significa que tĂ©cnica y viviente no se oponen sino que obedecen a los mismos de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1Par dĂ©finition, un automate est une machine capable de se mouvoir et dâaccomplir des actions dâelle-mĂȘme, de son propre mouvement. Mais, dans lâimaginaire occidental contemporain, le terme ne se rĂ©duit pas Ă cette seule aptitude sây associe souvent une impression dâillusion et de tromperie. ActivĂ© par un mĂ©canisme intĂ©rieur qui reste secret et mystĂ©rieux, lâappareil imite les mouvements dâun ĂȘtre vivant »1, [il] cache la cause premiĂšre de son mouvement et fait croire Ă son organicitĂ© » Beaune 1980 7. DĂšs lors, dans notre Ă©poque marquĂ©e par le dĂ©veloppement de lâautomatisation et de la robotique2, les automates peuvent ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©s en tant que symboles du progrĂšs technique et pour leurs promesses Ă©mancipatrices, mais sont tout autant considĂ©rĂ©s comme une source dâinquiĂ©tude, interrogeant lâhomme sur sa propre humanitĂ© et sur la possible dĂ©shumanisation dâun monde futur dominĂ© par les machines. 2Du fait de leur ambiguĂŻtĂ©, ils deviennent un objet dâĂ©tudes particuliĂšrement appropriĂ© pour une rĂ©flexion sur les rapports entre techniques et vivant, entre nature et artifice Lecourt 2003. 3Une telle rĂ©flexion, qui pourrait sembler rĂ©servĂ©e aux spĂ©cialistes de science-fiction et aux observateurs du monde moderne, nâest pas sans intĂ©rĂȘt pour les antiquisants. Comme le rappelait rĂ©cemment Dominique Lecourt 2000, la fable de lâapprenti-sorcier3, popularisĂ©e au XXe siĂšcle par un dessin animĂ© de Walt Disney, est attestĂ©e pour la premiĂšre fois dans la littĂ©rature europĂ©enne au IIe siĂšcle de notre Ăšre chez Lucien de Samosate4, et des automates sont dĂ©jĂ prĂ©sents chez HomĂšre, en association Ă©troite avec HĂ©phaĂŻstos. 4Dans le monde grec en effet, le divin forgeron joue un rĂŽle fondamental dans la fabrication des crĂ©atures artificielles. Non seulement la tradition se place sous son patronage pour la pyrotechnie, les arts des mĂ©taux, mais les textes le perçoivent comme le dĂ©miurge par excellence, le dieu capable de crĂ©er des Ćuvres dâart tout Ă fait singuliĂšres. En cela, il est rejoint par DĂ©dale, dâailleurs prĂ©sentĂ© parfois par les auteurs anciens comme son descendant. Ces crĂ©ations nâappartiennent pas cependant aux seuls mythes. Nos sources Ă©voquent, Ă de nombreuses reprises, notamment aux Ă©poques hellĂ©nistiques et romaines, la prĂ©sence de statues animĂ©es, de robots, de mĂ©canismes automatiques lors de fĂȘtes et processions religieuses ou, de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, servant au culte des dieux. 5Les Modernes ont peu Ă©crit sur les crĂ©atures mĂ©caniques dans lâAntiquitĂ©. Tellement peu quâil faut se reporter Ă des ouvrages gĂ©nĂ©raux sur lâintelligence artificielle pour en retracer lâhistoire5. Ces ouvrages restent nĂ©anmoins trop descriptifs, souvent Ă©vasifs et lacunaires. Il nous paraĂźt donc judicieux de rouvrir un dossier peu exploitĂ© par les hellĂ©nistes afin de nous interroger sur les raisons et les modalitĂ©s de la fabrication de ces automates et autres crĂ©atures artificielles. Il sâagit ainsi de questionner les relations entre technique et magie dans la culture grecque, et de reprendre lâanalyse des rapports entre divinitĂ©s et ĂȘtres vivants, en nous attachant prĂ©cisĂ©ment aux Ćuvres merveilleuses dâHĂ©phaĂŻstos. HĂ©phaĂŻstos, lâillustre artisan » 6Les dieux grecs se distinguent gĂ©nĂ©ralement par leur excellence et la plĂ©nitude de leur beautĂ©; il nâen est pas de mĂȘme dâHĂ©phaĂŻstos6, qui prĂ©sente lâĂ©trange particularitĂ© dâĂȘtre un dieu difforme, infirme, un dieu boiteux7. Les qualificatifs qui le dĂ©finissent sont sur ce point Ă©loquents, mĂȘme si leur interprĂ©tation a pu susciter quelques controverses HĂ©phaĂŻstos est un dieu aux pieds dĂ©formĂ©s, tordus, estropiĂ©s » kullopodiĂŽn, Iliade 18, 371; 20, 270; 21, 331, boiteux des deux pieds », aux deux pieds retournĂ©s en dehors », douĂ© dâune direction double et divergente » amphiguĂȘeis8, Iliade 1, 607; 14, 239; 18, 383âŠ; HĂ©siode, ThĂ©ogonie 571; 579; 945; Les Travaux et les Jours 70; Bouclier 219; Frag. 209, 3. 7Lâexplication de son infirmitĂ© varie suivant les sources. Selon la principale tradition, HĂ©phaĂŻstos boite depuis quâil a Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ© de lâOlympe par Zeus, ainsi chĂątiĂ© pour avoir pris la dĂ©fense de sa mĂšre, HĂ©ra, lors dâune dispute du couple divin. AprĂšs une chute dâun jour entier, il aurait Ă©tĂ© recueilli Ă Lemnos par les Sintiens Iliade 1, 571sq.. Mais dâautres sources font de sa difformitĂ© non pas la consĂ©quence mais la cause de cette chute Ă sa naissance, sa mĂšre, honteuse dâavoir enfantĂ© un tel fils, lâaurait jetĂ© du haut de lâOlympe9. 8Quoi quâil en soit, HĂ©phaĂŻstos est ainsi prĂ©sentĂ© comme un dieu grotesque, objet de rires inextinguibles » âpar exemple lorsquâil sert les dieux lors du banquet commun Iliade 1, 599-600â, soumis aux railleries de ses congĂ©nĂšres suite Ă une dĂ©ambulation mal maĂźtrisĂ©e comme Ă une insuffisance respiratoire, un dieu dont la vie est bien Ă plaindre Iliade 18, 394 sq.; OdyssĂ©e 8, 266 sq. mais qui peut Ă©galement susciter lâadmiration, car le divin forgeron, maĂźtre du feu, est un exceptionnel artisan10. 9LâIliade, par exemple, nous informe quâil a fabriquĂ© pour les dieux leurs demeures olympiennes aux portes infranchissables 1, 606-607; 14, 166 sq.; 14, 338-339, plus particuliĂšrement pour Zeus des portiques 20, 12, lâĂ©gide 15, 310, un sceptre par la suite transmis aux hommes 2, 101; voir Ă©galement Pausanias 9, 40, 11, un trĂŽne proposĂ© par HĂ©ra au Sommeil 14, 238-240, une cuirasse pour DiomĂšde 8, 195 et bien sĂ»r un armement complet pour Achille 18, 369 sq., comprenant le cĂ©lĂšbre bouclier dont la surface Ă©tait couverte de daidala Ćuvres dâart, merveilles artistiques »11, ce qui la rendait mouvante. Ă cela viennent sâajouter des bijoux, colliers et autres objets, quâil fabriquait dans la grotte marine de ThĂ©tis et dâEurynomĂ© 18, 400-40512. 10Si HĂ©phaĂŻstos est un piĂštre Ă©chanson, il est cependant capable de construire des objets qui se dĂ©placeront dâeux-mĂȘmes, des trĂ©pieds par exemple, capables de se rendre de leur propre mouvement automatoi Ă lâassemblĂ©e des dieux et dâĂȘtre ainsi Ă leur disposition dâune merveilleuse maniĂšre13. Le dieu est en effet douĂ© dâune aptitude singuliĂšre Ă imiter la vie et animer ses Ćuvres, aptitude quâil rĂ©vĂšle plus particuliĂšrement en crĂ©ant des automates. Outre les trĂ©pieds dĂ©jĂ signalĂ©s, les sources antiques lui attribuent la fabrication de servantes dâor qui lâassistent dans ses travaux Iliade 18, 418-419, de six charmeuses » faites dâor14, de deux chiens gardiens du palais dâAlkinoos15 ainsi que dâun autre destinĂ© tout dâabord Ă Zeus16, de taureaux donnĂ©s Ă AiĂštĂšs17, de chevaux forgĂ©s pour le char des Cabires18, dâun aigle fabriquĂ© pour Zeus19, et enfin dâun gĂ©ant de bronze, Talos, laissĂ© Ă Minos ou Ă Europe pour garder lâĂźle de CrĂšte20. Ă ces automates fabriquĂ©s sur le modĂšle dâobjets usuels, dâanimaux ou dâĂȘtres humains, il faut ajouter les portes de lâOlympe qui, dans lâIliade, sâouvrent dâelles-mĂȘmes automatai pulai21, ainsi que les soufflets de la forge, qui sous le commandement dâHĂ©phaĂŻstos semblent travailler de maniĂšre autonome Iliade 18, 468-473. Un monde sans ponos 11La fonction de ces crĂ©ations animĂ©es est Ă©vidente auxiliaires des dieux, qui les ont parfois transmises aux hommes, elles ont Ă©tĂ© créées pour effectuer une tĂąche prĂ©cise rĂŽle de gardien par exemple pour les chiens et Talos quâelles peuvent accomplir avec une perfection qui les rapproche des puissances divines. Elles partagent dâailleurs avec ces derniĂšres, par les mĂ©taux qui les composent or, argent ou bronze, une immortalitĂ© de fait22 ou du moins une rĂ©sistance particuliĂšrement redoutable. 12Dans une sociĂ©tĂ© divine oĂč les Olympiens ne sont supposĂ©s connaĂźtre ni peine ni contrainte, ces crĂ©atures artificielles remplacent en quelque sorte les esclaves des sociĂ©tĂ©s humaines en se chargeant des travaux les plus rĂ©pĂ©titifs et les plus pĂ©nibles, des tĂąches les plus rĂ©barbatives les portes sâouvrent dâelles-mĂȘmes, les trĂ©pieds se rendent de leur propre mouvement au banquet des Olympiens, des servantes assistent HĂ©phaĂŻstos. Elles rendent ainsi possible cette existence idyllique que dĂ©crit HĂ©siode dans son Ă©vocation de la race dâor, du temps de Kronos »23, pĂ©riode durant laquelle la premiĂšre race humaine vivait dans la communautĂ© des dieux et menait, Ă leur exemple, une vie prĂ©servĂ©e de souffrances, loin Ă lâĂ©cart des malheurs et des peines »24. 13En ce temps-lĂ , les travaux agricoles ne demandaient pas de grands efforts, car les productions se dĂ©veloppaient spontanĂ©ment, sans travail câest dâelle-mĂȘme » automatĂȘ que la terre qui donne la vie [âŠ] tendait ses fruits abondants » v. 117-118; cf. Platon, Politique, 271d-272b25. 14De ce point de vue, la description des servantes dâHĂ©phaĂŻstos est particuliĂšrement significative jeunes, en or, elles incarnent parfaitement la richesse, la beautĂ©, la force, la vitalitĂ© de cet Ăąge dâor rĂ©volu pour les humains26. Et lorsque Aristote, dans un passage cĂ©lĂšbre de la Politique, mentionne les crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos27, il fait tout autant rĂ©fĂ©rence Ă ce passĂ© quâil imagine un monde oĂč lâesclavage serait inutile Si chaque instrument Ă©tait capable, sur une simple injonction, ou mĂȘme pressentant ce quâon va lui demander, dâaccomplir le travail qui lui est propre, comme on le raconte des statues de DĂ©dale ou des trĂ©pieds dâHĂ©phaĂŻstos, lesquels dit le poĂšte âSe rendaient dâeux-mĂȘmes Ă lâassemblĂ©e des dieuxâ, si, de la mĂȘme maniĂšre, les navettes tissaient dâelles-mĂȘmes, et les plectres pinçaient tout seuls la cithare, alors, ni les chefs dâartisans nâauraient besoin dâouvriers, ni les maĂźtres dâesclaves. » 1, 4, 1253b33-1254a1, trad. J. Tricot, Vrin 15Le thĂšme avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© traitĂ© par les poĂštes comiques athĂ©niens qui, en imaginant ce monde sans esclave, dĂ©crivent des ustensiles mobiles et rĂ©pondant Ă la demande, effectuant dâeux-mĂȘmes les tĂąches quotidiennes Chacun des meubles sâapprochera Ă lâinstant oĂč on lâappellera; âprĂ©sente-toi, table; toi, prĂ©pare-toi de toi-mĂȘme. PĂ©tris, mon petit sac de victuailles. Verse, coupe. OĂč est la coupe Ă boire ? Va te laver toi-mĂȘmeâ »; ou bien encore, Ă la sortie du bain, les vases remplis de parfum, lâĂ©ponge, les sandales, sâavanceront dâeux-mĂȘmes vers leur maĂźtre28. Le monde de Kronos ne connaissant ni lâeffort, ni la fatigue, il ne peut ĂȘtre conçu sans la prĂ©sence dâinstruments animĂ©s, dâautomates, aptes Ă se substituer aux hommes ou aux dieux. 16Il nâen reste pas moins que les crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos ne font pas que remplacer les esclaves29 ou dâune maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale les ĂȘtres vivants; elles effectuent leur tĂąche, nous lâavons dit, Ă la perfection et surpassent assurĂ©ment les ĂȘtres mortels. Nul ne peut Ă©chapper par exemple au chien forgĂ© par HĂ©phaĂŻstos et qui est Ă lâorigine de la race des molosses30. Quant Ă Talos, il est capable de faire le tour de la CrĂšte trois fois par jour31 et de sâopposer Ă toute intrusion sur lâĂźle; il faudra toute lâingĂ©niositĂ© et la magie de MĂ©dĂ©e pour en venir Ă bout32. ParticuliĂšrement efficaces, ces automates restent cependant limitĂ©s dans leurs compĂ©tences. Car, si les trĂ©pieds peuvent remplacer HĂ©phaĂŻstos pour servir les dieux lors des banquets, si HephaĂŻstos peut sâappuyer sur des robots Ă la matiĂšre inaltĂ©rable et aux gestes ultra-rapides33 ou ĂȘtre assistĂ© de ses soufflets, nul mieux que lui nâest Ă mĂȘme de rĂ©aliser les ouvrages demandĂ©s; il nâexiste pas dâautomate pouvant le remplacer dans cette tĂąche et le divin forgeron est par ailleurs la seule divinitĂ© capable de fabriquer de telles merveilles. Afin dâapprofondir nos analyses, entrons dans le dĂ©tail des textes. Le corps du dieu en ses pensĂ©es 17Lorsque ThĂ©tis vient trouver lâhospitalier boiteux dans son logis dâairain, la dĂ©esse assiste Ă une incroyable scĂšne. HĂ©phaĂŻstos, en sueur, sâaffaire Ă la forge pour fabriquer simultanĂ©ment vingt trĂ©pieds en or quâil a munis de roulettes afin quâils puissent faire lâaller-retour entre le palais des dieux et son atelier. Ne manquent que les anses ouvragĂ©es ouata daidalea attendant dâĂȘtre rivetĂ©es par le dieu Iliade 18, 373-37934. Travail exigeant que seul peut accomplir un dieu aux savantes rĂ©flexions » iduiĂȘisi prapidessi, Iliade 18, 380. 18Lâexpression iduiĂȘisi prapidessi est Ă©clairante. Exclusivement rĂ©servĂ©e Ă HĂ©phaĂŻstos chez HomĂšre Delcourt 1982 53-54, on la retrouve par exemple dans lâIliade 18, 481-482, en rapport avec le bouclier dâAchille composĂ© de cinq plaques deux de bronze, deux dâĂ©tain, une dâor = Iliade 20, 271, ou encore en OdyssĂ©e 7, 91-94 Ă propos des deux chiens dâor et dâargent, gardiens du palais dâAlkinoos35. Lâadjectif iduĂźa signifie savant, expert », et prapis a Ă©tĂ© souvent interprĂ©tĂ© comme dĂ©signant le diaphragme puis le siĂšge de lâintelligence. Lâanalyse approfondie que Richard B. Onians propose de ce terme montre quâau pluriel, assimilĂ© aux phrenes36, il peut dĂ©signer les poumons et, en tant que tel, le siĂšge du thumos, du souffle », de la conscience, des pensĂ©es et des Ă©motions Bremmer 1983 62. Dans un article rĂ©cent, Françoise Frontisi-Ducroux est revenue sur lâexpression iduiĂȘisi prapidessi. Ayant analysĂ© ses occurrences en dehors du champ lexical homĂ©rique, elle remarque leur association avec le systĂšme visuel et propose de traduire les deux mots par diaphragme clairvoyant, visionnaire » Frontisi-Ducroux 2002 478-479, rapprochant ainsi le forgeron de lâaĂšde en soulignant la relation Ă©troite entre la respiration du dieu et lâacte crĂ©atif. Cet organe est en lâoccurrence le systĂšme respiratoire, plus prĂ©cisĂ©ment sans doute la partie qui lâactive et le rĂ©gule, une zone qui chez les dieux est douĂ©e de la facultĂ© de voir ce que les yeux ne voient pas, un diaphragme âclairvoyantâ, ou âvisionnaireâ. Ce que confirme le dĂ©veloppement exceptionnel de son torse et aussi lâaccent mis sur les soufflets, seconds poumons externes et auxiliaires dociles du dieu⊠et sur son propre essoufflement. Le thorax dâHĂ©phaĂŻstos, suant et soufflant, est une vaste boĂźte Ă images, le siĂšge de son inspiration crĂ©atrice, lâorgane de ce qui sera, bien plus tard, lâimagination. [âŠ] Le rĂŽle attribuĂ© aux prapides dans la crĂ©ation artistique, telle quâelle est mise en scĂšne au chant 18 de lâIliade, Ă travers la fabrication par HĂ©phaĂŻstos dâun ouvrage figuratif, nous semble relever dâune reprĂ©sentation proprement aĂ©dique. » Frontisi-Ducroux 2002 479-480 19Quoi quâil en soit, nous garderons Ă lâesprit lâimage du couple diaphragme/poumons qui se soulĂšve et sâaffaisse au rythme de la respiration, Ă lâimage des soufflets de la forge hĂ©phaĂŻstienne qui croissent et dĂ©croissent. Les savantes rĂ©flexions » du dĂ©miurge sâinscrivent dans une manifestation sensorielle de la membrane frontiĂšre quâest le diaphragme et, de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, les descriptions homĂ©riques Ă©tablissent une continuitĂ©, une symbiose, entre lâattitude du dieu, ses instruments et ses crĂ©ations. Le forgeron, suant, soufflant, sâempresse comme le font ses servantes, tourne sur lui-mĂȘme et roule helissomenon, 18, 372, comme si ses jambes grĂȘles aux pieds tordus Ă©taient comparables aux roues dont il a muni les trĂ©pieds. Avec ses membres infĂ©rieurs atrophiĂ©s et son buste puissant, ne prĂ©sente-t-il pas dâailleurs une certaine similitude avec ces mĂȘmes trĂ©pieds ? Pour les scholiastes, ce dieu qui tourne sur lui-mĂȘme, Ă la mĂštis courbe, sinueuse37, est Ă lâimage du feu qui tourbillonne38, et la constance de cette analogie fait de lâunivers de la forge un tout unique, prĂ©sentant les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s, dont le feu et le souffle fournissent les clĂ©s39. Nature des automates 20Apparaissant ainsi comme des prolongements corporels du dieu, ces crĂ©ations ont cependant une rĂ©elle autonomie qui nâest pas sans susciter une certaine perplexitĂ©. Les remarques dâEustathe, Commentaire de lâIliade 18, 473-477 trad. J. Wilgaux, sont de ce point de vue particuliĂšrement significatives40 Il Ă©tait en effet merveilleux que les trĂ©pieds se dĂ©placent dâeux-mĂȘmes, comme sâil sâagissait dâobjets disposant de leur propre mouvement et avançant grĂące Ă des roues installĂ©es Ă leur base, des poulies, qui, comme il convient, auraient Ă©tĂ© insĂ©rĂ©es dans les pieds des chaudrons, de sorte quâils puissent entrer lĂ oĂč se tenait le rassemblement des dieux, lâassemblĂ©e des Olympiens, puis retourner Ă leur point de dĂ©part, chez eux, Ă la maniĂšre dâĂȘtres animĂ©s empsukhĂŽn. Tels sont supposĂ©s ĂȘtre les objets fabriquĂ©s par HĂ©phaĂŻstos. Il faut savoir en effet que le poĂšte dĂ©peint ces trĂ©pieds animĂ©s dâune maniĂšre merveilleuse, se mouvant par eux-mĂȘmes, comme sâils se dĂ©plaçaient grĂące aux petites roues sur lesquelles ils reposent. Câest pourquoi lâun des Anciens âil sâagit de Denysâ a supposĂ© que les ĂȘtres forgĂ©s par HĂ©phaĂŻstos sur le bouclier dâAchille, qui seront Ă©voquĂ©s par la suite, se meuvent Ă©galement dâeux-mĂȘmes, mĂȘme sâil a Ă©tĂ© contredit, dit-on, par Aristonikos. Il faut remarquer que les Anciens Ă©tablissent de telles conjectures et tiennent de tels propos parce quâĂ cause de la trĂšs grande habiletĂ© de ceux qui travaillent le mĂ©tal, leurs reprĂ©sentations semblaient presque animĂ©es. Câest ce que lâon raconte Ă propos des Rhodiens, dont lâĂźle autrefois bĂ©nĂ©ficiait dâune telle technique, et oĂč les figurines avaient Ă ce point lâapparence du mouvement quâon les attachait par des chaĂźnes pour quâelles ne puissent bouger et sâenfuir. »41 21La variĂ©tĂ© des interprĂ©tations proposĂ©es et la volontĂ© de rationalisation tĂ©moignent dâun embarras comment penser lâanimation ? Les analogies proposĂ©es par HomĂšre ou HĂ©siode sont en effet troublantes. Citons par exemple le vers 418 du chant 18 de lâIliade, dans lequel il est dit que les servantes dâHĂ©phaĂŻstos sont semblables Ă de jeunes ĂȘtres vivants » zĂŽĂȘisi neĂȘnisin eioikuiai. En cela, elles peuvent ĂȘtre comparĂ©es aux femmes qui, reprĂ©sentĂ©es sur le magnifique bouclier forgĂ© pour HĂ©raklĂšs, du haut des murailles solides, forgĂ©es dâairain, hurlaient et se lacĂ©raient le visage, comme vivantes zĂŽĂȘisin ikelai âpar lâart dâHĂ©phaĂŻstos, lâartisan illustre » HĂ©siode, Le Bouclier 242-244, trad. Ph. Brunet, LGF, ou bien encore aux combattants reprĂ©sentĂ©s sur le bouclier destinĂ© Ă Achille, qui se battent comme des mortels vivants » Iliade 18, 539. Pour la plupart des commentateurs, ces crĂ©ations ne sont pourtant pas Ă mettre sur le mĂȘme plan lâanimation des scĂšnes reprĂ©sentĂ©es sur les boucliers forgĂ©s par HĂ©phaĂŻstos, que ce soit dans lâIliade ou chez HĂ©siode, relĂšve de la convention artistique et souligne lâextraordinaire qualitĂ© du travail du dieu42, tandis que les crĂ©ations prĂ©cĂ©demment inventoriĂ©es jeunes servantes, chiens, trĂ©pieds⊠sont rĂ©ellement animĂ©es, peuvent se dĂ©placer et effectuer de vĂ©ritables tĂąches. Elles sont mĂȘme Ă ce point comparables Ă des ĂȘtres vivants quâelles sont capables de se reproduire, comme câest le cas dâun chien forgĂ© par HĂ©phaĂŻstos, qui serait Ă lâorigine de races canines actuelles On dit que les chiens de Khaonie et les molosses sont les descendants dâun chien quâHĂ©phaĂŻstos forgea Ă partir du bronze de lâĂźle de DĂšmonĂšsos et auquel il insuffla une Ăąme; il le donna en prĂ©sent Ă Zeus⊠»43 22DĂšs lors, quelle est la nature exacte de ces automates ? En quoi consistent-ils ? Comment sont-ils animĂ©s ? Dans tous les cas, HĂ©phaĂŻstos donne Ă lâobjet forgĂ© la capacitĂ© rĂ©elle de se mouvoir et dâagir de lui-mĂȘme. Mais quel en est le processus prĂ©cis ? Ă lire Pollux 5, 38, par exemple, lâopĂ©ration semblerait reposer sur lâadjonction dâune Ăąme psukhĂš Ă un mĂ©tal forgĂ© en respectant une forme conventionnelle en lâoccurrence celle dâun chien, et câest le mĂȘme vocabulaire que nous retrouvons dans de nombreux passages Ă©voquant les crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos, comme en tĂ©moigne la citation prĂ©cĂ©dente dâEustathe44. Le terme français retrouve donc ici son Ă©tymologie, animer » aurait bien le sens de doter dâune Ăąme » psukhĂš, empsukhos. 23Mais ces textes sont pour lâessentiel tardifs, et ni le terme psukhĂš, ni notre opposition du corps et de lâĂąme, ne se retrouvent chez HomĂšre en relation avec les automates45. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, Ă lâĂ©poque archaĂŻque, un ĂȘtre animĂ© est conçu comme un tout dans lequel il est en rĂ©alitĂ© impossible de distinguer le spirituel du corporel. Le cas de Talos, par exemple, est significatif46. Il sâagit donc dâun homme de bronze qui, selon les traditions, appartiendrait Ă la race de bronze Vernant 1985 32 ou bien aurait Ă©tĂ© forgĂ© par HĂ©phaĂŻstos. Ce matĂ©riau le rend indestructible, mais ce gardien de lâĂźle de CrĂšte possĂšde nĂ©anmoins un point faible, sa cheville Son corps et ses membres Ă©taient faits dâun airain infrangible; mais Ă sa cheville, sous le tendon, il avait une veine pleine de sang haimatoessa et câest de la fine membrane qui la fermait que dĂ©pendaient sa vie et sa mort. » Apollonios de Rhodes, Argonautiques 4, 1645-1648, trad. E. Delage et Fr. Vian, CUF 24Selon Apollodore47, il possĂšde une seule veine, allant du cou jusquâĂ la cheville, dans laquelle coule lâikhĂŽr, et qui est fermĂ©e par un clou parvenir Ă enlever ce clou, câest permettre au liquide de sâĂ©couler et donc ĂŽter la vie. 25Dans le rĂ©cit dâApollonios, envoĂ»tĂ© par MĂ©dĂ©e, Talos heurta un rocher; sa cheville laissa apparaĂźtre une vilaine coupure dâoĂč sâĂ©chappait du sang » ikhĂŽr qui avait la couleur du plomb fondu. Le gĂ©ant de bronze sâeffondra tel une statue, brisĂ© Ă la base, dans un terrible fracas Argonautiques 4, 1679-1688. Ce sang qui nâest pas du sang, comme lâavait bien vu par ailleurs Nicole Loraux 2003 486-489, marque la frontiĂšre entre le statut des mortels et des immortels. DĂ©passant lâaspect mĂ©taphorique du sang, Arthur B. Cook 1914, t. 1, 723-724, puis F. Frontisi-Ducroux 2000 12748 ont vu dans la constitution de Talos une rĂ©fĂ©rence Ă la technique de la fonte Ă cire perdue », le mĂ©tal en fusion remplaçant dans le moule la cire qui elle-mĂȘme, au fur et Ă mesure quâelle fond, sâĂ©coule par des orifices. En ce sens, la technique de production, seule Ă mĂȘme de produire des Ćuvres mĂ©talliques dâune seule piĂšce, rend indissociables la robustesse externe de lâensemble, soninvulnĂ©rabilitĂ© apparente, et sa fragilitĂ© interne, son vide, ainsi que la prĂ©sence dâune veine », nĂ©cessaire Ă sa crĂ©ation mais dĂ©sormais menacĂ©e dâun Ă©coulement inconsidĂ©rĂ©. 26Quoi quâil en soit, nous nous trouvons toujours en prĂ©sence de lâassociation dâune forme mĂ©tallique et dâun principe vital, ici de lâikhĂŽr ou du sang, un principe lui-mĂȘme corporel donc, et qui nâa pas Ă©tĂ© ajoutĂ© mais au contraire est Ă lâorigine de la crĂ©ation de lâĂȘtre animĂ©. Les automates dâHĂ©phaĂŻstos sont en vĂ©ritĂ© vivants un ou des principes vitaux sont prĂ©sents en eux et, comme nous lâavons vu, ils possĂšdent la capacitĂ© de se perpĂ©tuer. Semblances de femmes 27Les dĂ©tails, particuliĂšrement riches dâenseignement, donnĂ©s par lâIliade Ă propos des servantes du divin forgeron, vont dans le mĂȘme sens et nous permettent de complĂ©ter nos remarques prĂ©cĂ©dentes [âŠ] des servantes sâempressent sous leur maĂźtre,elles sont en or, semblables Ă de jeunes ĂȘtres vivants;dans leurs phrenes se trouve une pensĂ©e rĂ©flĂ©chie noos, ainsi quâune voix audĂȘ et quâune force sthenos, et des dieux immortels elles ont appris des travaux. Elles sâactivent sous leur maĂźtre [âŠ]. » Iliade 18, 417-421, trad. littĂ©rale, J. Wilgaux 28Nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ© lâexpression employĂ©e au vers 418, semblables Ă des ĂȘtres vivants ». Pour mieux la comprendre, il convient de reprendre ici les analyses dĂ©veloppĂ©es par Jean-Pierre Vernant 1996a = Vernant 1996b, ainsi que par Daniel Saintillan 1996 343 sq. et Pierre Judet de La Combe 1996, en rappelant tout dâabord que ces vers ont un parallĂšle cĂ©lĂšbre; en effet, dans Les Travaux et les jours v. 60-64, trad. Ph. Brunet, LGF, la description de la crĂ©ation de Pandore prĂ©sente de nombreuses similitudes49 [Zeus] invita le cĂ©lĂšbre HĂ©phaĂŻstos Ă pĂ©trir au plus vitede la glaise et de lâeau, Ă y mettre une voix humaine audĂȘet la force sthenos Ă y joindre un visage divin de dĂ©esse, une charmante beautĂ© virginale. AthĂ©na, par la suite, lui apprendrait les travaux du tissage aux couleurs innombrables. » 29Vers auxquels fait Ă©cho le passage suivant de la ThĂ©ogonie v. 571-572; trad. Ph. Brunet, LGF Le trĂšs illustre artisan, le Boiteux, façonna dans la terre, et Zeus le voulait âun ĂȘtre semblable Ă la vierge pudique. » 30Mais revenons au texte de lâIliade. Parmi les termes employĂ©s, lâun des plus importants pour comprendre les conceptions homĂ©riques reste le noos. On rencontre en effet ce terme tout au long des poĂšmes homĂ©riques50. R. B. Onians en rattache lâĂ©tymologie au verbe neomai, je vais », indiquant ainsi un mouvement particulier51, et dĂ©finit le noos comme un dessein dynamique, une projection de la conscience, une action intellectuelle, qui ne serait attribuable Ă aucun organe physique ou palpable Onians 1999 107. Bruno Snell, dans sa tentative de dĂ©finition de la conception de lâhomme homĂ©rique, parle du noos comme Ă©tant quasiment lâĆil intĂ©rieur qui fait preuve de luciditĂ© », et lâinterprĂšte comme la facultĂ© dâavoir une pensĂ©e rĂ©flexive, claire Snell 1994 31. 31Lâhomme homĂ©rique ne bĂ©nĂ©ficie pas dâune conception unifiĂ©e de lâĂąme. Comme B. Snell 1994 25 lâa montrĂ©, les reprĂ©sentations de lâĂąme chez HomĂšre restent insĂ©parables de la reprĂ©sentation du corps et inversement. En schĂ©matisant quelque peu, le moi homĂ©rique se compose de la psukhĂš, cette Ăąme-souffle qui quitte le corps au moment de la mort, et du couple thymos-noos, ou Ăąme-sang, qui a la zone du diaphragme et du cĆur pour centre des fonctions intellectuelles et sensitives. En indiquant que les jeunes servantes sont dotĂ©es dâun noos, HomĂšre prĂ©cise ainsi ce qui permet de les assimiler Ă des ĂȘtres vivants et plus encore, bien Ă©videmment, aux humains. 32En fait, les ressemblances entre dĂ©esses, mortelles et crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos Ă©voquĂ©es dans le corpus homĂ©rique et hĂ©siodique sâagencent comme dans un jeu de miroirs pour dĂ©boucher sur lâautorĂ©fĂ©rentialitĂ© HĂ©lĂšne ressemble aux dĂ©esses immortelles Iliade 3, 158; cf. Trav. 62 et Nausicaa Ă ArtĂ©mis OdyssĂ©e 6, 151-152, tandis que Pandore ressemble tout Ă la fois aux dĂ©esses et Ă une vierge pudique » parthenos aidoiĂȘ, dont elle est le prototype52. 33Des rĂ©flexions menĂ©es par les philologues et les historiens sur ces copies de copies qui ne sont en rĂ©alitĂ© que des copies dâelles-mĂȘmes, ressort lâidĂ©e fondamentale quâil serait vain dâopposer chez HomĂšre et HĂ©siode lâapparence Ă lâessence, ou dây rechercher une dĂ©nonciation de lâimage comme artifice, comme faux-semblant. Les jeunes servantes ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme de simples simulacres car leur semblance » renvoie Ă leur identitĂ© propre; citons ici Vernant 1996a 392-393 Cette semblance premiĂšre Ă travers laquelle se fait reconnaĂźtre pour chacun son identitĂ© nâest pas de lâordre dâune imitation trait pour trait, mais dâune congruence par rapport Ă une norme, dâune Ă©valuation par rapport Ă un modĂšle exemplaire. Similitude Ă soi donc, constitutive de lâidentitĂ© et dont lâeidĂŽlon prĂ©sente comme un duplicata, au mĂȘme titre que les enfants par rapport au pĂšre qui, pour les engendrer, imprime son modĂšle, son tupos, dans la matrice de lâĂ©pouse, afin quâils soient âsemblables Ă luiâ, eoikota tekna Trav. 182, 235, ou que Pandora façonnĂ©e dans la glaise par HĂ©phaĂŻstos Ă la semblance dâune parthenos Trav. 71, ThĂ©og. 572, câest-Ă -dire de ce quâelle sera, dĂšs lors que la similitude avec elle-mĂȘme se trouvera en elle effective; et cette identitĂ© fĂ©minine quâassume Pandora en sâassimilant au modĂšle de la parthenos renvoie Ă son tour Ă une autre semblance par la beautĂ© de son jeune corps de vierge, de ses vĂȘtements, de ses parures, de sa couronne, par la kharis, la puissance de sĂ©duction qui en Ă©mane, la parthenos est elle-mĂȘme âĂ lâimage des dĂ©esses immortellesâ. » Trav. 6253 34Dans le cas de Pandora comme dans celui des servantes dâor, HĂ©phaĂŻstos nâimite donc pas les mortelles mais les reproduit, et ces crĂ©ations doivent bien ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme vivantes, comme le prouve la prĂ©sence en elles dâune intelligence noos, dâune voix audĂȘ, dâune force sthenos54, et dâune aptitude aux travaux fĂ©minins. 35Mais cette semblance » sâaccompagne dâune sĂ©rie dâĂ©carts qui rendent possible une certaine hiĂ©rarchisation des ĂȘtres les jeunes filles dâor sont semblables Ă des ĂȘtres vivants » et non Ă des dĂ©esses immortelles, inĂ©galables en vĂ©ritĂ© malgrĂ© lâimmarcescibilitĂ© des matĂ©riaux utilisĂ©s, ce qui souligne leur caractĂšre subalterne, leur rĂŽle de servantes, dâauxiliaires du dieu; mais en mĂȘme temps, elles peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme supĂ©rieures aux mortelles. Si comme Pandora elles ont en effet pour crĂ©ateur HĂ©phaĂŻstos, elles sont en or, et non composĂ©es de glaise et dâeau, et par ailleurs ne recĂšlent en elles aucun piĂšge, aucune tromperie. Parfaites dans leur fonction, leur apparition dans le monde des dieux nâest en aucun cas lâindication dâune dĂ©chĂ©ance, bien Ă©videmment, mais au contraire est rĂ©vĂ©latrice de la puissance des dieux et de la capacitĂ© dĂ©miurgique dâHĂ©phaĂŻstos, voire de la supĂ©rioritĂ© de la crĂ©ation artisanale sur la nature, puisque ces automates sont supĂ©rieurs aux mortels et quâen se perpĂ©tuant par gĂ©nĂ©ration transmettant ainsi leur semblance », leurs caractĂ©ristiques propres, leur force par exemple dans le cas des molosses ils connaissent alors une dĂ©gĂ©nĂ©rescence, qui se traduit par la perte de leur composition mĂ©tallique et de leur immortalitĂ©. La fabrique du vivant 36Cette capacitĂ© dâHĂ©phaĂŻstos Ă transformer la matiĂšre inerte en matiĂšre animĂ©e peut sâinterprĂ©ter en termes de magie, dâenchantement, et câest ainsi que lâentendent la plupart des historiens Wathelet 2000, Ă lâinstar de Marie Delcourt. Pour cette derniĂšre, les caractĂ©ristiques archaĂŻques dâHĂ©phaĂŻstos trouvent leur origine dans la figure mythique dâun dieu magicien, tout autant capable de lier et dâimmobiliser que dâanimer lâimmobile »; elle poursuit ainsi Si lâon voit en HĂ©phaistos un magicien qui a payĂ© sa science de son intĂ©gritĂ© corporelle, tous les Ă©pisodes de sa lĂ©gende sâĂ©clairent et forment un ensemble cohĂ©rent. » Delcourt 1982 11 37Dans la continuitĂ© de ces analyses, Christopher Faraone a plus particuliĂšrement attirĂ© lâattention sur les similitudes, du point de vue de la fonction, de la gĂ©ographie et du vocabulaire, prĂ©sentĂ©es par certaines des crĂ©ations hĂ©phaĂŻstiennes, en particulier le chien dâor dâAlkinoos et Talos. Lâhomme de bronze et le chien dâor, tous deux destinĂ©s Ă un rĂŽle de gardien, proviennent de CrĂšte et sont parvenus Ă Minos soit en cadeau dâHĂ©phaĂŻstos lui-mĂȘme, soit indirectement, aprĂšs ĂȘtre passĂ©s de mains en mains. Par ailleurs, tant Pollux que Simonide de CĂ©os Faraone 1987 260-261, premier poĂšte Ă avoir mentionnĂ© Talos, emploient le terme empsukhos ou psukhĂš pour signifier lâanimation de ces deux crĂ©atures. C. Faraone Ă©tablit un parallĂšle avec un fragment dâAlcĂ©e oĂč il est question dâHĂ©phaĂŻstos fabriquant un lion de bronze dans lequel il plaça des drogues secourables aux humains » frag. 306Ea, col. I, trad. G. Liberman, CUF. Ce lion dâun genre particulier, Macar lâemporta Ă Lesbos pour le cacher, assurant ainsi le salut de lâĂźle. Faraone signale que lâanimation des crĂ©atures humaines ou animales est Ă usage apotropaĂŻque et que la pratique faisant intervenir des pharmaka dans les statues Ă©tait une spĂ©cialitĂ© des magiciens et thĂ©urges de lâĂ©poque impĂ©riale. Cependant, le fragment ne prĂ©cise en rien que le lion de bronze pourrait ĂȘtre automatos ou empsukhos. Plus gĂ©nĂ©ralement, rien dans lâĆuvre homĂ©rique ne laisse entendre quâHĂ©phaĂŻstos est un sorcier, un goĂȘs ou un magos, ou du moins les mots ne sont pas employĂ©s; et les descriptions qui sont faites de son activitĂ© ne ressemblent en rien aux comportements attendus des magiciens. Si lâhypothĂšse des origines magiques des pouvoirs dâHĂ©phaĂŻstos permet de comprendre de nombreux Ă©pisodes mythologiques relatifs Ă ce dieu, il nâen reste pas moins, comme M. Delcourt le reconnaissait elle-mĂȘme 1982 1555, que cette dimension est peu explicite dans les textes homĂ©riques, oĂč HĂ©phaĂŻstos est cĂ©lĂ©brĂ© pour ses prouesses techniques, son habiletĂ© remarquable et son ingĂ©niositĂ© qui lui permettent de transgresser les limites habituelles de la crĂ©ation artisanale56. Les trĂ©pieds, par exemple, ne se mettent pas Ă marcher comme par magie, mais se dĂ©placent grĂące aux roues ajoutĂ©es par le dieu, câest-Ă -dire grĂące Ă la mise en place dâune mĂ©canique. Il faut reconnaĂźtre que lâimpuissance des Modernes Ă rendre compte de lâintrusion de la technique dans les mythes a facilitĂ© lâapplication de lâĂ©tiquette magie » Ă tout Ă©vĂ©nement extraordinaire. En fait, lâimpression donnĂ©e dans lâIliade est que lâinfirmitĂ© du dieu nâest pas la contrepartie de son art, mais quâelle rend nĂ©cessaire la crĂ©ation dâassistants autonomes, donc dâautomates, aptes Ă lâaider dans son travail Ă©prouvant et Ă lui permettre de se dĂ©placer; elle est par ailleurs rĂ©vĂ©latrice des caractĂ©ristiques propres de la mĂštis du forgeron Câest la puissance dâHĂ©phaĂŻstos que souligne le privilĂšge dâĂȘtre douĂ© dâune direction double et divergente. » Detienne & Vernant 1974 259-260. 38Si AthĂ©na et HĂ©phaĂŻstos jouent tous deux un rĂŽle essentiel dans le domaine des techniques, le Boiteux est apparemment le seul Ă pouvoir animer ses crĂ©ations57. Pour expliquer cette singularitĂ©, nous pouvons renvoyer ici Ă nos propos prĂ©cĂ©dents relatifs Ă la courbure, Ă la sinuositĂ©, associĂ©es Ă la dĂ©marche du dieu ainsi quâaux automates, Ă sa relation Ă©troite au feu et au souffle58, principes vitaux fondamentaux, qui expliquent dĂ©jĂ en partie sa puissance dĂ©miurgique. Il nous faut insister davantage, cependant, sur ses domaines dâintervention en tant que forgeron, et Ă lâoccasion potier, HĂ©phaĂŻstos ne se contente pas de travailler la matiĂšre, de lâagencer de telle ou telle maniĂšre, mais transforme les matĂ©riaux utilisĂ©s, procĂšde Ă des mĂ©langes, des fusions, des alliages. Son action est dĂšs lors comparable Ă celle de la nature qui, dans le processus de gĂ©nĂ©ration humaine par exemple, parvient Ă crĂ©er de la chair et des os Ă partir de sperme et de sang. Câest pourquoi HĂ©phaĂŻstos est la seule divinitĂ© apte Ă fabriquer des automates, et que ceux-ci sont tout aussi vivants que les humains ou les animaux. Ils procĂšdent en vĂ©ritĂ© des mĂȘmes principes, de la mĂȘme transformation de substances corporelles par le souffle et le feu. 39Les relations entre techniques et vivant dans les mythes grecs rĂ©vĂšlent ainsi toute leur complexitĂ©. HĂ©phaĂŻstos ne crĂ©e pas dâĂȘtres fabuleux; il sâinspire pour ses crĂ©ations du monde tel quâil est, et ses productions peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des re-productions perfectionnĂ©es. Mais ces automates, malgrĂ© leurs qualitĂ©s, ne menacent pas le monde des hommes; ils ne sont pas en effet posthumains, comme le seraient les cyborgs et autres clones imaginĂ©s aujourdâhui, mais prĂ©-humains, Ă lâinstar de Pandore. Sâils se perpĂ©tuent, câest en respectant dĂ©sormais le processus de gĂ©nĂ©ration, et câest donc la nature qui se charge de reproduire les ĂȘtres artificiels. Selon notre interprĂ©tation, lesautomates dâHĂ©phaĂŻstos sont vivants non pas tant parce quâils imitent la vie par magie, mais parce que technique et monde vivant obĂ©issent aux mĂȘmes principes tout en divergeant dans leurs rĂ©alisations. 40Les rĂ©cits mythologiques Ă©voquant la crĂ©ation dâautomates nous livrent donc lâimage dâun monde unifiĂ©, dans lequel il serait vain dâopposer de maniĂšre gĂ©nĂ©rale le naturel au surnaturel ou bien encore Ă lâartificiel Padel 1992. Tout processus de crĂ©ation, de reproduction, repose sur les mĂȘmes principes, sur les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s physiques, mais les rĂ©sultats obtenus prĂ©sentent des diffĂ©rences de degrĂ©s, en fonction des compĂ©tences variables de leur auteur. Câest ainsi que les crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos ne peuvent Ă©galer la gĂ©nĂ©ration des Olympiens mais se rĂ©vĂšlent supĂ©rieures aux ĂȘtres mortels. Pour tout artisan humain, le divin forgeron reprĂ©sente par consĂ©quent un modĂšle indĂ©passable, fixant les limites mais aussi lâambition de toute Ćuvre portĂ©e au plus haut point de perfection, Ă savoir lâanimation, le don de vie. La nature, par le processus de gĂ©nĂ©ration, se montre particuliĂšrement apte Ă transmettre la semblance » des ĂȘtres, mais ses modalitĂ©s ne diffĂšrent guĂšre de celles dâHĂ©phaĂŻstos, comme lâenseignĂšrent bien plus tard les StoĂŻciens, pour lesquels la nature est un feu artiste pur tekhnikon, qui avance mĂ©thodiquement en vue de la gĂ©nĂ©ration; câest un souffle ignĂ© et artisan pneuma puroeides kai tekhnoeides » DiogĂšne LaĂ«rce, Vies et doctrines des philosophes illustres 7, 156, trad. R. Goulet, LGF59. Merveilleuses machines 41Un mortel eut la rĂ©putation dâĂ©galer HĂ©phaĂŻstos, dont il est considĂ©rĂ© aujourdâhui comme un doublet fonctionnel » Frontisi-Ducroux 2000 94. Câest DĂ©dale lâAthĂ©nien, qui, dans lâesprit des Grecs, fort de sa notoriĂ©tĂ© artistique et de son talent dĂ©miurgique, est le premier homme Ă avoir conçu des sculptures Ă lâapparence dâĂȘtres vivants60. Dans une occurrence, nous le voyons Ă©galement travailler en compagnie de deux Eros qui manient la scie et qui sont manifestement des automates61. Comme lâont montrĂ© les travaux de Françoise Frontisi-Ducroux, reprenant en dĂ©tail lâintĂ©gralitĂ© des sources, les Ćuvres de DĂ©dale nous font cependant entrer dans le domaine du simulacre. Dans le monde des hommes, la volontĂ© de rendre lâinerte animĂ© dont tĂ©moignaient mythes et poĂ©sie se traduit par la rĂ©alisation physique dâautomates en bois ou en mĂ©tal, qui usent de mĂ©canismes secrets pour donner lâillusion du vivant. 42Ă suivre Pline lâAncien, le plus vieil automate est lâĆuvre de Canachos de Sicyone. Le sculpteur avait façonnĂ© un cerf qui, par le truchement dâun mĂ©canisme, bondissait dâavant en arriĂšre62. Câest Ă un contemporain de Platon, Archytas de Tarente, que lâon doit, selon une mĂ©thode mĂ©canique, une colombe en bois qui volait63. Pausanias 6, 20, 10-12 signale, Ă Olympie, un dauphin et un aigle aux ailes dĂ©ployĂ©es en bronze qui, lorsque le responsable des courses hippiques manipulait un mĂ©canisme placĂ© dans lâautel, jaillissaient vers le sol pour le mammifĂšre marin, vers le ciel pour le rapace. Lors des Grandes Dionysies de 308, DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre produisit un escargot mĂ©canique qui bavait Polybe 12, 13, 11. 43Ainsi lâinvention de machines merveilleuses se dĂ©veloppa pour devenir une branche spĂ©cifique de la mĂ©canique hellĂ©nistique64. De nombreuses applications des principes pneumatiques, câest-Ă -dire nĂ©cessitant la pression de lâair pneuma, de la vapeur et de lâeau pour obtenir du mouvement, ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par CtĂ©sibios, Philon de Byzance ou HĂ©ron dâAlexandrie. CtĂ©sibios avait mis au point des automates Ă musique en forme de rhyton, une pompe Ă incendie Ă valves et pistons. On trouve Ă©galement dĂ©crits de nombreux automates dans les Pneumatika dâHĂ©ron, comme dans ses Automata, ouvrage aujourdâhui perdu oĂč il prĂ©cisait les mĂ©canismes employĂ©s dans les machines de théùtre. Parmi dâautres inventions, mentionnons le distributeur automatique dâeau Pneum. 1, 36, un temple en rĂ©duction dont les portes sâouvrent dâelles-mĂȘmes lors de lâactivation du feu sacrificiel sur lâautel Pneum. 1, 38 ou encore lors du son dâune trompette Pneum. 1, 17. 44Manifestations de la maĂźtrise technique de leur crĂ©ateur, ces automates ne peuvent plus cependant ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des auxiliaires rendant possible un monde sans labeur; ne produisant rien par eux-mĂȘmes, si ce nâest de lâĂ©merveillement, ils nâont pas Ă©tĂ© lâobjet dâapplication industrielle » et sont sans influence sur la vie Ă©conomique. 45DâHomĂšre jusquâĂ lâĂ©poque romaine, nos sources insistent sur lâimportance de la reproduction du mouvement dans la figuration du vivant, et cette ambition dĂ©bouche sur des rĂ©alisations concrĂštes qui relĂšvent du domaine de lâillusion la nature peut ĂȘtre imitĂ©e, elle ne peut ĂȘtre Ă©galĂ©e. Mais tel nâest pas le cas dans les rĂ©cits mythiques, oĂč ces merveilleuses machines sont de vĂ©ritables ĂȘtres vivants. Le gĂ©nie dâHĂ©phaĂŻstos rivalise en effet avec la nature puisque ses Ćuvres sont immortelles, inaltĂ©rables, parfaites de beautĂ© et dâefficacitĂ©. Plus encore, certaines dâentre elles sont capables, Ă lâinstar des ĂȘtres vivants, de se perpĂ©tuer et dâengendrer une descendance. Ce nâest que lorsquâelles quittent lâOlympe et pĂ©nĂštrent le monde des hommes, que ces crĂ©atures artificielles sâexposent Ă la dĂ©gĂ©nĂ©rescence, Ă la mort, interrogeant la nature du vivant et la question de lâĂąme. 46En crĂ©ant des automates, HĂ©phaĂŻstos nâimite pas le vivant il le fabrique, car le mouvement, la vie, procĂšdent de processus physiques, de mĂ©canismes, qui relĂšvent de ses compĂ©tences, de sa mĂštis. En sublimant la technique par la figure mythique du divin forgeron, les sources grecques archaĂŻques nous donnent ainsi Ă voir une nature elle-mĂȘme technicisĂ©e. 47Nous remercions chaleureusement Jean Yvonneau, Alain Bresson et Jean-Luc Jamard pour leurs prĂ©cieux commentaires sur une version initiale de cet article. Haut de page Bibliographie Amartin-Serin, Annie1996. La CrĂ©ation dĂ©fiĂ©e. Lâhomme fabriquĂ© dans la littĂ©rature. Paris Presses Universitaires de France LittĂ©ratures europĂ©ennes ». Argoud, Gilbert & Jean-Yves Guillaumin1997. Les Pneumatiques dâHĂ©ron dâAlexandrie. St Etienne Presses universitaires. Beaune, Jean-Claude1980. LâAutomate et ses mobiles. Paris Flammarion Sciences humaines ». Blaise, Fabienne, Julien Judet de la Combe & Philippe Rousseau 1996. Le MĂ©tier du mythe. Lectures dâHĂ©siode. Lille Presses Universitaires du Septentrion Cahiers de Philologie, vol. 16, sĂ©rie Apparat critique. Bolens, Guillemette2000. La Logique du corps articulaire. 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Haut de page Notes 1 DĂ©finition donnĂ©e par le Petit Robert 1992. 2 Sur ces termes, voir Beaune 1980 7. 3 Rappelons-le, cette fable raconte lâhistoire dâun homme qui imite un magicien et transforme un balai en serviteur, mais se rĂ©vĂšle ensuite incapable dâarrĂȘter le processus, multipliant la mĂ©tamorphose. 4 Il sâagit du dialogue intitulĂ© LâAmateur de mensonges. 5 Voir Chapuis & Droz 1949, Chapuis & GĂ©lis 1984, Cohen 1968 9-21, et plus rĂ©cemment Beaune 1980 Breton 1995 36-37 et 84-88; Amartin-Serin 1996 11-20. 6 Les principales sources littĂ©raires sont lâIliade 1, 571 sq.; 18, 369 sq.; HĂ©siode, ThĂ©ogonie 927-929; Scholie Ă HomĂšre, Iliade 14, 296; Apollodore, BibliothĂšque 1, 3, 5. Pour une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale dâHĂ©phaĂŻstos, voir Delcourt 1982; L. Malten, HephaĂŻstos, RE, VIII, 1, col. 311-366. 7 KhĂŽlos Iliade 18, 397; OdyssĂ©e 8, 308, 332; voir Ă©galement Iliade 18, 411, 417; 20, 37; HĂ©phaĂŻstos est un dieu infirme, hĂȘpedanos, OdyssĂ©e 8, 311. Sur lâinfirmitĂ© dâHĂ©phaĂŻstos, on consultera dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Delcourt 1982 110 sq.; Detienne & Vernant 1974 chap. 9, puis plus particuliĂšrement sur les pieds courbĂ©s du divin forgeron, Yche-Fontanel 2001; Leroy 1982; Deroy 1956. LâinfirmitĂ© du dieu forgeron se retrouve en particulier dans la mythologie scandinave DumĂ©zil 1952. 8 Humbach 1969 comprend nĂ©anmoins ce terme comme celui qui tient les tenailles de la forge ». 9 Sur les diffĂ©rentes variantes de la naissance dâHĂ©phaĂŻstos, voir Delcourt 1982 chap. 2. 10 HĂ©siode, ThĂ©og. 929 HĂ©phaĂŻstos est le meilleur artisan de la race ouranienne » trad. Ph. Brunet, LGF; une Ă©pithĂšte souvent employĂ©e est klutotekhnĂȘs, lâillustre artisan », cf. Iliade 1, 571; 18, 143 et 391; OdyssĂ©e 8, 286; HĂ©siode, frag. 141,4. Sur la tekhnĂȘ dans les textes homĂ©riques, voir Pralon 2003. 11 Sur ce terme daidala, difficile Ă traduire, on renverra aux Ă©tudes de Frontisi-Ducroux 2000, Morris 1992. 12 LâOdyssĂ©e Ă©voque Ă©galement la fabrication dâun cratĂšre 4, 615-617; 15, 115-117 et dâune grande urne en or, propriĂ©tĂ© de Dionysos 24, 74-75. Pour les autres ouvrages attribuĂ©s Ă HĂ©phaĂŻstos, voir Delcourt 1982 chap. 3. 13 Iliade 18, 373-377; voir Ă©galement Aristote, Politique 1, 4, 1253b35-37; Philostrate, Vie dâApollonios de Tyane 3, 27. 14 Pausanias 10, 5, 12, qui cite Pindare. La nature exacte de ces crĂ©ations nous Ă©chappe cependant. 15 OdyssĂ©e 7, 91-94. On pourrait rapprocher ces crĂ©ations dâun chien, en or ou en bronze selon les versions, qui aurait attirĂ© la convoitise de PandaréÎs, et que le fils de MĂ©rops aurait par la suite offert Ă Tantale cf. Antoninus Liberalis, MĂ©tamorphoses 36; Scholie Ă HomĂšre, OdyssĂ©e 19, 518 PandaréÎs dĂ©roba, dans le sanctuaire de Zeus en CrĂšte, le chien animĂ© empsukhon en or fabriquĂ© par HĂ©phaĂŻstos et le confia en dĂ©pĂŽt Ă Tantale »; Scholie Ă HomĂšre, OdyssĂ©e 20, 66; Le scholiaste de Pindare, Olympique 1, 91a, glose sur la fonction prophylactique du canidĂ© dans le temenos crĂ©tois de Zeus. Cf. Faraone 1987 260. 16 Pollux, Onomasticon 5, 38; Apollodore, BibliothĂšque 2, 4, 7. 17 Apollodore, BibliothĂšque 1, 9, 23. 18 Nonnos, Dionysiaques 29, 197-201. 19 Hygin, Astronomiques 2, 15. 20 Apollodore, BibliothĂšque 1, 9, 26; Apollonios de Rhodes, Argonautiques 4, 1638 sq. et scholies; Simonide, frag. 568 Page cf. Ă©galement Scholies de Platon, RĂ©publique 337a21sq. et 48-50; Agatharchide De mari Erythraeo 7, 76 dans Photius, BibliothĂšque 443b22-25; Eustathe, Commentaire de lâOdyssĂ©e 20, 302; Scholie Ă HomĂšre, OdyssĂ©e 20, 320; Platon, Minos [Sp.], 320c5-8; Lucien, De saltatione 49; Souda, Sardanios gelĂŽs; Zenobius, Centuria 5, 85, 20 sq. 21 Iliade 5, 749-751; 8, 393-395. HĂ©phaĂŻstos est celui qui fabrique des portes infranchissables pour les dieux, nous lâavons vu; nous pouvons donc lui attribuer Ă©galement ces portes automatiques ». Comme le remarque Eustathe, dans le commentaire des vers 749-751 du chant 5, le terme automatai a bien le sens de seules, dâelles-mĂȘmes, sans gardiens, comme si elles Ă©taient capables de rĂ©flexion aisthĂȘtikai ». 22 Voir notamment OdyssĂ©e 7, 94 les chiens dâor et dâargent donnĂ©s Ă Alkinoos sont immortels, Ă jamais exempts de vieillesse » trad. Mugler. Sur lâimmortalitĂ© des chiens dâAlkinoos, voir Eustathe, Commentaire de lâOdyssĂ©e 7, 94 et Griset 1965. Pour une discussion et une illustration de cet Ă©pisode mythologique sur une kylix Ă figures noires du VIe siĂšcle, on consultera Mainoldi 1984 70-71. 23 Sur le mythe hĂ©siodique des races, voir plus particuliĂšrement Vernant 1985 17-106, ainsi que les analyses rassemblĂ©es dans un ouvrage collectif Blaise et al. 1996. Sur lâĂąge dâor dans la pensĂ©e grecque, voir Poirier 1996, Chernyshov 1991-92, Vidal-Naquet 1975 repris dans Vidal-Naquet 1983 361-380. 24 HĂ©siode, Trav. 112-113, trad. Philippe Brunet, LGF. 25 Les hommes dâaujourdâhui, la race de fer vers 176 sq., connaissent au contraire le labeur ponos, la misĂšre et les souffrances; obligĂ©s de travailler la terre pour se nourrir, ils doivent de plus subir les maladies qui dâelles-mĂȘmes automatoi sâacharnent sans cesse sur les malheureux hommes Trav. 103. 26 Les servantes dâor apparaissent comme des auxiliaires indispensables pour le corps infirme dâHĂ©phaĂŻstos cf. Iliade 18, 417, Ă comparer avec 18, 411 et 20, 37 elles se substituent aux jambes grĂȘles » du dieu afin de soutenir son corps et permettre son dĂ©placement et de ce fait partagent sa peine elles sâempressent, sâessoufflent epoipnuon pour Ă©tayer leur maĂźtre » 18, 412, de la mĂȘme maniĂšre que celui-ci sâempressait poipnuonta pour servir les dieux rassemblĂ©s au banquet 1, 600. Sur la dĂ©marche et la motricitĂ© dâHĂ©phaĂŻstos, voir par ailleurs les remarques de Bolens 2000 chap. 2. 27 Voir Ă©galement Philostrate, Vie dâApollonios de Tyane 3, 27. 28 Cf. AthĂ©nĂ©e, Deipnosophistes 6, 267 sq., en particulier 267f et 268a, dont nous reprenons des passages trad. J. Wilgaux qui citent les ThĂȘria les BĂȘtes sauvages de CratĂšs, poĂšte comique athĂ©nien du 5e siĂšcle cf. CratĂšs, ThĂȘria, 16, dans PoetĂŠ Comici GrĂŠci, Kassel-Austin 1983, t. 4 92. Voir Morocho Gayo 1977 et Ceccarelli 1992. 29 Notons au passage quâHĂ©phaĂŻstos ordonne, contraint au travail » les soufflets keleuein, cf. 18, 469 et commande aux automates, de mĂȘme que les maĂźtres donnent des ordres et commandent des travaux Ă leurs esclaves cf. Iliade 6, 324, 491; OdyssĂ©e 1, 357âŠ. Peut-ĂȘtre nâest-il pas inutile de remarquer Ă©galement que le nombre vingt sâapplique aux trĂ©pieds forgĂ©s par HĂ©phaĂŻstos comme Ă des groupes dâesclaves ou de captives mentionnĂ©es dans lâIliade 9, 139 et 281 ou dans lâOdyssĂ©e 20, 158; cf. Germain 1954 19. 30 Pollux, Onomasticon 5, 38 ce chien est en effet aphuktos, celui auquel nul ne peut Ă©chapper ». Cette particularitĂ© fut nĂ©anmoins la cause de sa perte, car lorsquâil fut confrontĂ© au renard de Teumessos qui, quant Ă lui, ne pouvait ĂȘtre capturĂ©, les dieux pĂ©trifiĂšrent les deux animaux pour rĂ©soudre cette contradiction. LâanimĂ© redevint donc inanimĂ©. Lâadjectif aphuktos est souvent employĂ© en relation avec HĂ©phaĂŻstos, car nul ne peut se dĂ©faire de ses liens; cf. OdyssĂ©e 8, 299; Souda, HĂȘphaisteios desmos. Voir Detienne & Vernant 1974 268. 31 En suivant la course du soleil. Sur ces circumambulations et leur frĂ©quence, cf. Mehl 2002 42-43. 32 Cf. Apollonios de Rhodes, Argonautiques, IV, 1654sq. 33 Câest ce que suggĂšre le verbe rĂŽomai qui sâapplique plus aux servantes quâau dieu HephaĂŻstos. Les crĂ©atures artificielles au service dâHĂ©phaĂŻstos prĂ©figurent les robots intelligents allant dâOlimpia Ă C3PO, le cĂ©lĂšbre robot de Star Wars. Dâailleurs, notons avec une pointe dâhumour que le terme robot provient du tchĂšque robota signifiant travail forcĂ© ». NĂ© sous la plume du dramaturge Karel Capek, il apparaĂźt en 1920 dans la comĂ©die utopiste Rossumâs Universal Robots. 34 Marie Delcourt 1982 57 force lâinterprĂ©tation des mots kopte de desmous en proposant dây trouver des liens magiques; desmos est Ă prendre ici au sens de clou » et non de lien », cf. Scholie Ă HomĂšre, Iliade 18, 379. 35 Voir Ă©galement Iliade 1, 608 et 18, 380. 36 Onians 1999, voir le chap. 2 Organes de la conscience » 39-62 et particuliĂšrement les pages 42-56. 37 Detienne & Vernant 1974 55 lâimage du cercle est tout Ă la fois associĂ©e Ă la dĂ©marche et Ă la mĂštis dâHĂ©phaĂŻstos et aux mĂ©canismes des automates. Cf. Ă©galement Frontisi-Ducroux 2000 139. 38 Voir notamment scholie Ă HomĂšre, Iliade 18, 372. 39 Tous les dĂ©tails de lâapparence dâHĂ©phaĂŻstos peuvent en effet ĂȘtre expliquĂ©s par les commentateurs Ă lâaide de lâanalogie avec le feu; cf. Scholie Ă HomĂšre, Iliade 18, 415. Voir Ă©galement les remarques de Bolens 2000 chap. 2. 40 Cf. Ă©galement Eustathe, Commentaire de lâOdyssĂ©e 7, 91-94. 41 Eustathe, en bon connaisseur des auteurs anciens, renvoie dans cette allusion aux Rhodiens Ă un passage de la 7e Olympique de Pindare v. 52. Cf. Bresson 1979 50-53, note 39, 64-67, ainsi que les commentaires de Verdenius 1987 71-74. 42 Dans la continuitĂ© des discussions antiques et byzantines Ă©voquĂ©es par Eustathe, voir Frontisi-Ducroux 2002 472-73, contra Musti 2000, pour lequel, dans la description du bouclier dâAchille, les Ă©lĂ©ments du dĂ©cor doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme vĂ©ritablement animĂ©s, semblables en cela aux automates qui seuls nous occupent dans cet article. 43 Pollux, Onomasticon 5, 38, trad. J. Wilgaux. Citons ici les propos ironiques de Fontenelle, Ă propos de la thĂ©orie des animaux-machines de Descartes Mettez une machine de chien et une machine de chienne lâune prĂšs de lâautre et il en pourra rĂ©sulter une troisiĂšme petite machine, au lieu que deux montres seront lâune auprĂšs de lâautre toute leur vie, sans jamais faire de troisiĂšme montre. Or, nous trouvons par notre philosophie, Mme B. et moi, que toutes les choses qui, Ă©tant deux ont la vertu de se faire trois, sont dâune noblesse bien Ă©levĂ©e au-dessus de la machine » Ćuvres complĂštes, Paris, 1742, t. 1, p. 31, citĂ© par Beaune, 1980 9. Fontenelle apprĂ©cierait donc Ă leur juste valeur les crĂ©ations dâHĂ©phaĂŻstos. 44 Cf. Scholie Ă HomĂšre, Iliade 18, 373 et 470; Scholie Ă HomĂšre, OdyssĂ©e 20, 518; Simonide, frag. 568 Page. Voir Ă©galement Plutarque, Vie de Marcellus 17, passage dans lequel lâĂ©vocation dâune sorte de monstre nĂ© de la science dâArchimĂšde repose sur lâopposition du corps et de lâĂąme psukhĂš/sĂŽma. 45 Pour une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de lâĂ©volution des thĂ©ories grecques concernant le corps et lâĂąme, voir Martin 1995. 46 Federico 1989 offre une Ă©tude exhaustive des sources et des interprĂ©tations; voir Ă©galement Frontisi-Ducroux 2000 125-130. 47 Apollodore, BibliothĂšque 1, 9, 26. 48 Voir cependant les doutes exprimĂ©s dans la postface de lâĂ©dition publiĂ©e en 2000, p. 220. 49 La plupart des commentateurs supposent que les vers dâHĂ©siode sâinspirent du passage de lâIliade, Ă lâexception notable de West 1978 158, qui propose lâinfluence inverse. 50 Iliade 3, 63; 4, 309; 9, 513-514, 553; 10, 391; 13, 730; 16, 688; 20, 133; 24, 40-41, 358; OdyssĂ©e, 2, 92; 5, 23; 6, 320; 8, 78; 24, 474. 51 Remarquons cependant que, selon Jan Bremmer 1983 57, aucune hypothĂšse Ă©tymologique proposĂ©e jusquâĂ prĂ©sent nâest pleinement satisfaisante. 52 Voir Ă©galement Pucci 1977 88 sq., Loraux 1990 86, Leclerc 1993 119-128. 53 Voir Ă©galement Peigney 1991, Lostoriat Delabroise 2000. 54 Sur lâimportance des termes noos, audĂȘ et sthenos dans la conception archaĂŻque du vivant, voir Bremmer 1983; Morris 1992 215 sq.. 55 Les Grecs ont transformĂ© un jeteur de sorts en un artisan du mĂ©tal »; voir Ă©galement les remarques introductives de Wathelet 2000. 56 Ce point est mis en valeur par certaines scholies; cf. par exemple OdyssĂ©e 7, 92, oĂč lâun des scholiastes glose ainsi lâexpression homĂ©rique iduiĂȘisi prapidessi, que nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©e tais epistĂȘmonikĂŽtatais boulais kai sunesesi par les rĂ©flexions et les connaissances les plus savantes ». 57 Les deux divinitĂ©s peuvent intervenir de maniĂšre conjointe, en fonction de leurs propres compĂ©tences, comme nous le voyons dans le processus de crĂ©ation de Pandore câest bien alors Ă HĂ©phaĂŻstos quâil incombe de pĂ©trir la glaise et lâeau pour modeler lâĂȘtre artificiel. Lâintervention dâAthĂ©na est postĂ©rieure. Voir Ă©galement OdyssĂ©e 6, 232-235 = 23, 159-162. Cf. Frontisi-Ducroux 2000 62. Remarquons cependant une exception dans un passage de Pindare dĂ©jĂ Ă©voquĂ© 7e Olympique, v. 52, seule AthĂ©na est mentionnĂ©e en relation avec de possibles automates, que Verdenius 1987 71-74 interprĂšte nĂ©anmoins comme des artefacts dĂ©daliques. 58 Sur la similitude entre le feu et lâĂȘtre vivant, voir par exemple Platon, PhĂšdre 245e, Plutarque, Questions de table 7, 4, 703a-b et Questions romaines 75, 281f. Sur le souffle comme principe vital, voir Martin 1995 21 sq.. 59 Voir les rĂ©flexions stimulantes de Pigeaud 1995, notamment les chapitres 6 Ă 8, ainsi que Bresson 1979 64 sq.. 60 DĂ©dale nâapparaĂźt quâune fois dans lâIliade, au chant 18 et Ă propos dâune place de danse Ă Cnossos. Selon Sarah Morris 1992, câest seulement au Ve siĂšcle que se forge la lĂ©gende dâun DĂ©dale sculpteur et architecte, qui trouve cependant son origine dans des influences proche-orientales. Sur lâanimation des statues, voir les rĂ©fĂ©rences rassemblĂ©es par Muller-Dufeu 2002 n. 125 sq.. 61 Philostrate, Galerie de Tableaux 1, 16, 3. 62 Pline, Histoire naturelle 34, 75. 63 Aulu Gelle, Nuits attiques 10, 12, 9-10. 64 Pour une histoire de la science grecque, on se reportera Ă Gille 1983 83-145, Lloyd 1993 194-196 et 287-306. Sur HĂ©ron dâAlexandrie, on dispose maintenant du texte et de la traduction des Livres I et II par Argoud & Guillaumin 1997. Voir Ă©galement Bresson 2004. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Alexandre Marcinkowski et JĂ©rĂŽme Wilgaux, Automates et crĂ©atures artificielles dâHĂ©phaĂŻstos entre science et fiction », Techniques & Culture [En ligne], 43-44 2004, mis en ligne le 15 avril 2007, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI Haut de page Auteurs Alexandre Marcinkowski Crescam, Maison de la recherche en sciences sociales, UniversitĂ© de Rennes 2, place du recteur Le Moal, 35043, Rennes Cedex JĂ©rĂŽme Wilgaux DĂ©partement dâHistoire, Crescam, UniversitĂ© de NantesHaut de page Droits dâauteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page