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Il y aurait beaucoup de choses auxquelles penser en matiĂšre d'Ă©thique et de morale dans une vĂ©ritable situation de chaos. Le bien et le mal sont des notions bien plus fluides qu'on ne pourrait l'imaginer. Ainsi, certains pourraient penser qu'une telle situation serait excitante, voire mĂȘme amusante ; une bonne occasion pour se libĂ©rer de toutes les frustrations accumulĂ©es. D'autres y verront le moyen d'accroĂźtre leur influence, leur patrimoine, ou d'assouvir leurs dĂ©sirs. Dans tous les cas, ce sera l'occasion pour chacun de rĂ©vĂ©ler son caractĂšre et sa personnalitĂ© vĂ©ritable... Voici quelques faits avĂ©rĂ©s concernant le vice et la vertu dans une situation de chaos Les gens vont faire de mauvaises choses, mĂȘme sâils ont toujours semblĂ© gentils et attentionnĂ©s auparavant ; Tout le monde ne va pas devenir brutal tout de suite, mais progressivement, au fur et Ă mesure que la situation va empirer et se prolonger. C'est Ă dire, au fur et Ă mesure que les gens commenceront Ă se sentir dĂ©sespĂ©rĂ©s. Lorsqu'une personne voit son enfant souffrir, est affamĂ©e, ou qu'un membre de sa famille est blessĂ©, elle peut trĂšs vite se diriger vers le cĂŽtĂ© obscur de sa personnalitĂ©. Chacun a ses limites. Pour certains, il en faudra beaucoup moins que d'autres pour qu'ils viennent Ă faire quelque chose de mauvais, d'Ă©goĂŻste ou de manipulateur. Le niveau de difficultĂ© requis pour perdre pied, ou la rapiditĂ© avec laquelle une personne dĂ©cidera d'utiliser une situation "extraordinaire" Ă son avantage, varie Ă©normĂ©ment. Ne prĂ©sumez pas que les mauvaises gens seront ceux que vous pensez ĂȘtre mauvais dans la situation actuelle. Les personnes les plus aimables en temps ordinaire peuvent devenir extrĂȘmement brutales dans une situation d'effondrement, et cela peut arriver trĂšs vite. Quand quelqu'un qui a rĂ©ussi Ă se bĂątir une vie agrĂ©able reçoit d'un coup une bonne dose de chaos, tous les paris peuvent ĂȘtre dĂ©cevants quant Ă la distance qui le sĂ©pare du bien et du mal. Il est probable que parmi les anciens militaires ou FO qui me lisent, certains sachent trĂšs bien comment les gens peuvent rĂ©agir pendant une pĂ©riode violente ou tumultueuse. Ils savent Ă©galement ce qui peut arriver aux gars quand ils sont dans une zone de guerre. Certains prennent des trophĂ©es ; d'autres torturent, violent, ou tuent pour le plaisir. Il serait malhonnĂȘte de se voiler la face sous prĂ©texte que ces gars-lĂ se battent ou se battaient pour leur pays. Je dis cela parce qu'il est Ă parier qu'un grand nombre de personnes impliquĂ©es dans des choses terribles n'auraient jamais agi de la sorte en dehors du contexte. Mais le chaos, la guerre, et les situations extrĂȘmes changent les gens. Vous voyez tellement de choses, et vous n'ĂȘtes plus jamais pareil. Ă un moment donnĂ©, vous devrez peut-ĂȘtre dĂ©cider si quelqu'un doit vivre ou mourir Combien d'entre nous ont rencontrĂ© en ligne ou en personne un survivaliste qui affirme qu'il n'hĂ©siterait pas une seconde Ă presser la dĂ©tente ? Parfois, ce type d'individu semblera mĂȘme ravi de la perspective de prendre une vie. Comme s'il espĂ©rait que quelqu'un fasse quelque chose qui lui permette de vivre enfin sa fantaisie. Cela parait terrible, n'est-ce-pas ? Mais ce que les gens oublient, câest qu'Ă moins d'avoir Ă©tĂ© eux-mĂȘme dans une situation de vie ou de mort, ils ne savent pas vraiment comment ils rĂ©agiraient. Et mĂȘme s'ils vivaient une telle situation pour la seconde fois, rien ne dit qu'ils ne rĂ©agiraient pas d'une autre maniĂšre. Les anciens combattants vous diront que vous ne voudrez jamais prendre la vie d'un autre, Ă moins qu'il n'y ait aucun autre moyen. C'est toujours un dilemme, dans la mesure oĂč trop d'hĂ©sitation peut aussi amener Ă ĂȘtre soi-mĂȘme ou ceux que l'on chĂ©rit victime d'attaque ou de blessures graves. N'Ă©coutez que d'une oreille celui qui rĂ©pĂšte Ă qui veut l'entendre qu'il n'hĂ©siterait pas Ă tuer en cas de besoin. Vous pourriez finalement vous rendre compte qu'il pourrait ne pas se rĂ©soudre Ă faire une chose aussi brutale. En fait, vous dĂ©couvrirez peut-ĂȘtre que vous serez davantage susceptible dâĂȘtre cette personne s'il fallait dĂ©fendre votre famille. Le chaos va changer les gens et faire ressortir des traits sous-jacents de leur personnalitĂ© qui resteraient cachĂ©s autrement. Il n'y a pas de rĂ©ponse idĂ©ale face Ă un tel dilemme. J'aime Ă croire que si vous vous trouvez un jour dans une telle situation, vous rĂ©aliserez qu'elle est synonyme de prĂ©judice grave et que vous agirez en consĂ©quence. Mais il faut dire aussi que beaucoup parmi ceux qui me lisent ne se sont jamais retrouvĂ©s impliquĂ©s dans un combat pour la vie ou la mort. Il y a des gens qui vont s'Ă©panouir dans un scĂ©nario de chaos, et non pour des raisons vertueuses. Il y aura toujours des gens dehors, pour eux-mĂȘmes et peut-ĂȘtre quelques autres personnes de leur choix, Ă guetter la moindre opportunitĂ©. La vie ne coĂ»te pas cher durant les temps de chaos. Ils ne se soucieront pas de savoir si vous avez tirĂ© la courte paille Ă chaque fois. Ils rechercheront toute faiblesse et en tireront parti. Il y a plus de mauvaises personnes qu'on pourrait le penser. En rĂ©alitĂ©, je nâai pas toujours Ă©tĂ© aussi amer. Mais au fil des ans, jâai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© du nombre trĂšs restreint de personnes intrinsĂšquement honnĂȘtes par rapport Ă celles qui ne le sont qu'en apparence. Ces derniĂšres sont habituellement contrĂŽlĂ©es par le systĂšme, et par l'application de la loi et des sanctions en vigueur. Quand ce filet de sĂ©curitĂ© aura disparu, elles seront prĂȘtes Ă montrer leur vraie nature. Les gens vont profiter des enfants Le fait de garder les enfants trop Ă lâabri du monde qui les entoure peut les dĂ©savantager sĂ©rieusement dans un scĂ©nario de chaos. Les enfants ont besoin de savoir que les mĂ©chants existent et qu'il est possible que vous ne ne soyez pas toujours lĂ pour les protĂ©ger. Je vous ai rĂ©servĂ© un film que j'ai beaucoup aimĂ©, notamment parce qu'il se passe dans un pays oĂč j'ai vĂ©cu et travaillĂ© vous pouvez le visionner et le tĂ©lĂ©charger ICI. Ce n'est pas un "blockbuster", mais il montre parfaitement l'intĂ©rĂȘt vital d'apprendre Ă ses enfants les bases de la dĂ©fense et de la survie, ainsi que la rudesse innĂ©e du monde qui les entoure, quelle que soit la voie qu'ils puissent choisir par la suite. En plus, le film est en Afrikaans sous-titrĂ© Français - une langue totalement incomprĂ©hensible aux accents fascinants - et l'actrice est jolie, ce qui ne gĂąche rien. Les choses peuvent arriver trĂšs vite dans une situation d'effondrement. Les enfants sont bien plus durs que la plupart le pensent, mais ils ont besoin de prendre confiance en eux et dĂ©velopper leurs compĂ©tences pendant les pĂ©riodes de prospĂ©ritĂ© pour pouvoir mieux rĂ©agir en pĂ©riode de stress. Les enfants plus ĂągĂ©s et les adolescents peuvent ĂȘtre d'une aide certaine pour les plus jeunes en ces temps difficiles. Les tentations Au cours d'une situation de chaos majeur, vous pourriez ĂȘtre techniquement supposĂ© suivre la loi, mais la rĂ©alitĂ© montre que la loi est pratiquement toujours mise en Ă©chec Ă cette occasion. La tentation serait alors de faire ce que vous voulez, et ne laisser Ă personne une telle possibilitĂ©. Quelque chose que vous auriez pu laisser passer quand la situation Ă©tait favorable pourrait vous inciter Ă rendre la monnaie de la pire maniĂšre durant un chaos, simplement parce que vous aurez rĂ©alisĂ© que vous pouvez peut-ĂȘtre vous en sortir sans aucun souci de reprĂ©sailles. MĂ©fiez-vous cependant, car l'ordre pourrait ĂȘtre rĂ©tabli un jour et vous auriez alors Ă rĂ©pondre de vos actes. La consommation de drogue et dâalcool sera plus Ă©levĂ©e, en particulier chez les gens qui n'en sont pas coutumiers. Le stress donne envie de fuir les problĂšmes et de s'Ă©chapper de la rĂ©alitĂ©. Si les gens rĂ©alisent qu'ils risquent la mort Ă tout moment, ils pourraient alors se dire que ce n'est plus la peine de s'abstenir, et dĂ©cider de prendre des drogues auxquelles ils n'auraient jamais pensĂ©, ou de boire outre-mesure. Si vous savez distiller, cultiver le tabac - sans parler du reste - et que vous pouvez le faire en ville, alors vous deviendrez vite indispensable et prospĂ©rerez dans un scĂ©nario de chaos. Le sexe en temps de chaos La prostitution augmente lorsque la vie devient difficile et que les gens sont dĂ©sespĂ©rĂ©es. C'est une constante universelle, l'homme Ă©tant ce qu'il est quels que soient l'Ă©poque et le lieu. Que ce soit en Bosnie ou en Argentine, tous ceux qui ont vĂ©cu des situations d'effondrement pourraient vous le confirmer. Les gens utiliseront tous les moyens Ă leur disposition s'ils pensent qu'ils seraient Ă mĂȘme de les sauver, ou sauver quelqu'un qu'ils aiment. TrĂšs peu de personnes qui se tournent vers la prostitution pendant les pĂ©riodes de chaos avaient prĂ©vu de vivre ainsi. Avant de juger trop vite les autres, qui font ce qu'ils peuvent pour survivre ou ce qu'ils estiment nĂ©cessaire, nous devrions tous rĂ©flĂ©chir Ă ce que nous serions prĂȘts Ă faire si une personne que nous aimons Ă©tait en train de mourir de faim, de maladie, ou serait assassinĂ©e si nous ne le faisions pas. Les personnes malfaisantes seront lĂ pour tirer parti de la misĂšre et manipuler les plus faibles et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Cela inclut l'esclavage sexuel et pire encore dans un scĂ©nario d'effondrement Ă long terme oĂč les ressources sont rares. En vous prĂ©parant mentalement et physiquement au chaos, il vous sera plus facile de prendre de meilleures dĂ©cisions et de les prendre plus rapidement. Pensez dĂšs Ă prĂ©sent Ă la façon dont vous gĂ©reriez les diffĂ©rentes situations. Le vice est une pente glissante ; il est facile dâaller trop loin, surtout quand on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain, ni mĂȘme si l'on sera toujours en vie pour le voir. Quand on sait qu'on peut ĂȘtre mort le jour suivant, il est beaucoup plus tentant de se livrer au vice que de suivre un rĂ©gime Ă©quilibrĂ©. Lorsque les gens perdent espoir, ils sont amenĂ©s Ă prendre des dĂ©cisions qui ne sont pas forcĂ©ment dans leur intĂ©rĂȘt sur le long terme. Le pouvoir personnel Qui vous ĂȘtes et Ă quel point vous ĂȘtes puissant peut vous aider Ă savoir si quelqu'un va rĂ©pondre Ă votre appel lorsque vous aurez besoin d'aide. MĂȘme s'il existe encore quelques forces de l'ordre pour faire respecter la loi, il y a toutes les chances pour qu'elles soient dĂ©bordĂ©es et que le temps de rĂ©ponse soit juste catastrophique. Si quelqu'un qui a plus d'influence que vous, d'argent, de pouvoir ou autre a besoin d'aide, il y a de fortes chances pour qu'il l'obtienne en premier et vous risquez de passer au second plan. C'est dĂ©jĂ le cas maintenant, alors imaginez durant une pĂ©riode de chaos ! Lâaide provenant du Gouvernement pourrait sembler une bĂ©nĂ©diction, mais faites attention Ă ce que vous prenez et oĂč elle vous mĂšne. Vous risquez de perdre le peu de contrĂŽle que vous avez sur la situation. Pendant le chaos, une certaine aide pourrait ĂȘtre disponible, au moins dans certains secteurs. Au dĂ©but, il peut ĂȘtre tentant de compter sur le systĂšme pour votre survie ainsi que celle de votre famille, mais cela ne signifie pas que vous devez mordre systĂ©matiquement Ă l'hameçon. Lorsque vous ĂȘtes fatiguĂ©, effrayĂ©, affamĂ© et que d'autres dĂ©pendent de vous, cela vous rend vulnĂ©rable Ă la persuasion. Il est probable que des membres de votre famille pensent que vous ĂȘtes imprudent ou que votre jugement est altĂ©rĂ© si vous refuser d'aller dans un abri gouvernemental ou un camp quelconque. Il faudra que vous soyez fort. J'imagine que votre but n'est pas de vous retrouver dans un "refuge" qui est devenu une prison. Il y a beaucoup de choses auxquelles penser pour ce qui est du bon et du mauvais dans une situation de chaos, parce que vous ne serez sans doute pas autorisĂ© Ă partir pour votre propre sĂ©curitĂ©. Si vous choisissez de vous Ă©vader, cela peut avoir des consĂ©quences, alors choisissez judicieusement. La bontĂ© extrĂȘme peut vous tuer ou blesser gravement quelqu'un que vous aimez Au cours de ces derniĂšres annĂ©es, j'ai entendu beaucoup de gens de milieux diffĂ©rents et lu bon nombre de commentaires. Un des thĂšmes rĂ©currents est que beaucoup de personnes bien intentionnĂ©es pensent qu'elles devraient aider les autres autant que possible pendant une pĂ©riode d'urgence prolongĂ©e ou de chaos. MĂȘme sâil est formidable que de telles personnes puissent encore exister, il serait bien aussi quâelles rĂ©alisent quâĂȘtre trop gentilles pourraient facilement les faire tuer. Les gens aiment profiter de telles personnes durant les bons moments, plus quâils ne devraient, mais lors dâune crise majeure, les super-gentils partent d'office avec un handicap. Je ne dis pas qu'il ne faille pas aider les gens ni exprimer la moindre compassion, mais simplement faire preuve de prudence. Gardez Ă l'esprit que les rĂšgles auront changĂ© en matiĂšre de vice et de vertu. ConsidĂ©rez votre tempĂ©rament et celui des gens de votre groupe J'ai eu du mal Ă contrĂŽler ma colĂšre au fil des ans. L'Ăąge aidant, je me suis amĂ©liorĂ©. Sans doute que vous le pouvez aussi. Ătre trop tĂ©mĂ©raire n'est pas une bonne habitude. Si quelque emportement durant les pĂ©riodes "faciles" peuvent mener Ă des mots durs voire des sĂ©parations, le problĂšme peut ĂȘtre beaucoup plus grave si vous perdez le contrĂŽle en temps de chaos. Il est facile de prendre une mauvaise dĂ©cision lorsque on est trĂšs en colĂšre. Si vous choisissez d'appliquer la violence, rappelez-vous qu'une fois commencĂ©, cela peut faire boule de neige et vous entraĂźner dans une spirale fatale. La violence est difficile Ă arrĂȘter une fois qu'on l'a enclenchĂ©e. Si une situation dĂ©gĂ©nĂšre en violence physique ou en combat armĂ©, il peut ĂȘtre difficile voire impossible de l'arrĂȘter avant que les choses ne deviennent rĂ©ellement terribles. Rappelez-vous que les batailles commencent par un seul tir. Les affrontements et les Ă©meutes commencent par un poing levĂ©, un objet jetĂ©, etc. DĂ©terminez si vous voulez ĂȘtre un catalyseur de la violence, et si elle est nĂ©cessaire ou utile. Laissez-vous simplement votre tempĂ©rament vous prendre au dĂ©pourvu, ou dĂ©fendez-vous vraiment ce qui vous est cher ? Les vols et les pillages On parle beaucoup de pillages et de vols dans les scĂ©narios d'effondrement. C'est un des thĂšmes rĂ©currents dans le domaine de la survie. En temps "ordinaire", les gens prennent les articles de luxe en premier. L'Ă©lectronique, l'alcool, les cigarettes, la drogue, les vĂȘtements et chaussures de fantaisie, sont tous des exemples d'objets qui sont pillĂ©s en prioritĂ©. Les gens optent pour les articles haut de gamme quâils ont toujours voulu avoir mais quâils ne peuvent pas se permettre aussi souvent quâils le voudraient. Le pillage ou la rĂ©cupĂ©ration peuvent devenir encore plus dangereux par la suite, les gens se disputant alors ce qui reste. S'il est clair que les choses ont mal tournĂ©, il semble Ă©vident qu'il faudra vous aussi mettre la main Ă la pĂąte pour obtenir ce que vous pouvez si vous en avez l'occasion. Mais d'un autre cĂŽtĂ©, le risque de blessure voire de mort n'est pas Ă Ă©carter, et celui-ci doit ĂȘtre mis en balance avec les avantages que vous pouvez espĂ©rer tirer de ce que vous convoitez. Ătant donnĂ© que toutes les situations sont diffĂ©rentes, vous devez pratiquer une certaine conscience de la situation. Si vous voulez piller ou rĂ©cupĂ©rer, choisissez des objets qui amĂ©lioreront vos chances de survie Ă long terme. Si les gens se disputent des produits haut de gamme qui ne fonctionnent pas sans Ă©lectricitĂ© ou d'autres objets de luxe, vous devriez vous concentrer sur les mĂ©dicaments, la nourriture en conserve, les briquets, fournitures mĂ©dicales et autres produits pouvant vous procurer un avantage. Plus tard, les gens se rendront compte de leur valeur et il sera alors beaucoup plus difficile de les trouver. Quand viendra le temps de nĂ©gocier, toutes les nĂ©cessitĂ©s supplĂ©mentaires seront bonnes. Les produits de luxe peuvent avoir une valeur Ă©levĂ©e dans la mesure oĂč ils ressemblent Ă des aliments, des boissons, des rasoirs, etc. Il y aura probablement des propriĂ©tĂ©s abandonnĂ©es ou des bĂątiments qui contiennent des biens utiles, mais plus le temps passera, moins il y aura de choses Ă rĂ©cupĂ©rer. ConsidĂ©rez ce scĂ©nario. Vous vivez dans un quartier de pĂ©riphĂ©rie, un village, ou une petite citĂ©. Les choses ont Ă©tĂ© mauvaises pendant un certain temps. Il est clair que certaines maisons des alentours ont Ă©tĂ© totalement abandonnĂ©es. Peut-ĂȘtre y en a-t-il une oĂč vous savez pertinemment que les occupants ne font plus partie de ce monde ? Allez-vous voir ce que vous pouvez rĂ©cupĂ©rer, ou pouvez-vous simplement ne pas vous imaginer pĂ©nĂ©trer chez quelqu'un et prendre ce qui ne vous appartient pas ? Il arrive Ă un moment, lors dâune situation de chaos, ou si vous ne prenez pas, quelqu'un d'autre va le faire Ă votre place. Et plus la situation perdurera, plus grand sera le risque de faire un choix...Enfonction du traitement chirurgical effectuĂ©, le temps de cicatrisation est de 4 Ă 6 semaines en moyenne. Dans cet article, jâai concentrĂ© les informations qui me semblent essentielles avant dâĂȘtre opĂ©rĂ©e dâun cancer du sein, mais aussi les astuces pour mieux les vivre.
Ce blog est personnel, la rĂ©daction nâest pas Ă lâorigine de ses contenus. AnnoncĂ© comme le premier acte d'une rĂ©forme d'ampleur visant Ă simplifier et refonder le droit du travail, le rapport remis au Premier ministre par Robert Badinter, prĂ©sident du comitĂ© chargĂ© de dĂ©finir les principes essentiels du droit du travail », Ă©tonne par sa prĂ©sentation minimaliste et modeste. Sa prĂ©tention Ă ne dĂ©gager que des principes et non des rĂšgles opĂ©rationnelles et Ă Ćuvrer Ă droit constant » ne doit pas tromper. En rĂ©alitĂ©, les soixante et un articles et la brĂšve introduction qui composent ce rapport » prĂ©figurent bien la dĂ©sarticulation du code du travail qui se dissimule sous l'annonce de sa refondation. Quoique se faisant discret, le projet politique dans lequel il s'inscrit affleure jusqu'Ă percer, parfois, la neutre carapace du travail des spĂ©cialistes ». Au demeurant, ses auteurs ne peuvent ignorer ni l'inspiration ni les buts du gouvernement. A y regarder de prĂšs, ils Ă©pousent la premiĂšre et prĂȘtent activement la main aux prĂ©sident et le plus Ă©minent de ses membres avaient d'ailleurs devancĂ© l'appel en imputant le mal endĂ©mique du chĂŽmage Ă la complexitĂ© du droit du travail pour proposer, dĂ©jĂ , dans un petit ouvrage paru l'Ă©tĂ© dernier, d'en dĂ©gager cinquante principes essentiels. La stupeur qu'ils ont provoquĂ©e dit assez Ă quel point leur ralliement Ă cette prĂ©misse de la doxa nĂ©o-libĂ©rale, aussi Ă©culĂ©e que non dĂ©montrĂ©e, Ă©tait lourde de sens. Quant aux autres membres de ce comitĂ©, magistrats ou universitaires, ils ont parfaitement entendu les propos du Premier ministre annonçant Ă la presse, le 4 novembre dernier, les diffĂ©rentes Ă©tapes du processus de rĂ©forme du code du travail. Ils ont ainsi engagĂ© leurs travaux en souscrivant pleinement Ă cette fausse Ă©vidence que le droit du travail aurait pour double fonction » de protĂ©ger les travailleurs et sĂ©curiser les entreprises pour leur permettre de se dĂ©velopper ».Les principes quâils ont dĂ©gagĂ© n'ont donc pas Ă©tĂ© semĂ©s hors sol. Le terrain idĂ©ologique qui les accueille avait au contraire Ă©tĂ© soigneusement prĂ©parĂ© par les conclusions miraculeusement convergentes de plusieurs rapports plus ou moins officiels. Tous recommandaient de dĂ©velopper la nĂ©gociation d'entreprise et, pour ce faire, de rĂ©duire la place et la force contraignante de la loi tout en assurant la suprĂ©matie de l'accord conclu au niveau de l'entreprise sur le contrat de travail. Autrement dit, faire en sorte que chaque employeur, petit ou grand, trouve dans l'abaissement des protections que la loi et le contrat procurent aux salariĂ©s la source de la flexibilitĂ© maximale qu'il recherche. C'est de l'Ă©difice qui doit surgir de ce projet - portĂ© depuis des annĂ©es par le Medef - qu'en toute conscience le comitĂ© Badinter a posĂ© la premiĂšre adhĂ©sion Ă l'ensemble du dispositif idĂ©ologique et normatif annoncĂ© par le gouvernement se lit Ă©galement dans la formulation de plusieurs des principes qu'il a dĂ©gagĂ©s. DĂšs l'article premier le ton est donnĂ© d'un droit plus opportuniste que constant ». Il y est prĂ©cisĂ© que des limitations pourraient ĂȘtre apportĂ©es aux droits fondamentaux de la personne au travail si elles sont justifiĂ©es par les nĂ©cessitĂ©s du bon fonctionnement de l'entreprise ». Au principe permettant seulement de prĂ©voir des limitations rendues nĂ©cessaires par la nature de la tĂąche Ă accomplir » est subrepticement substituĂ© une formule qui contient en condensĂ© la conception dĂ©voyĂ©e des fonctions du droit du travail longtemps portĂ©e par les tenants de l'orthodoxie libĂ©rale et dont le ralliement de la gauche » a fini par faire la pensĂ©e rĂ©daction des articles 55 et 57 est plus clairement porteuse, encore, du dĂ©rapage parfaitement contrĂŽlĂ© qui fait de la volontĂ© d'assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine au travail » le paravent vertueux de l'entreprise de dĂ©construction de l'architecture mĂȘme du droit du travail. En Ă©nonçant explicitement l'abandon dĂ©finitif de l'intangibilitĂ© du principe de faveur qui, en assurant lâapplication de la norme la plus favorable, a irriguĂ© le droit du travail pendant des dĂ©cennies, le comitĂ© ne fait pas qu'accompagner un mouvement initiĂ© depuis plusieurs annĂ©es il en sonne solennellement le glas. On pourra discuter de la pertinence d'une stratĂ©gie qui penserait naĂŻvement sauver l'essentiel en laissant Ă la loi le soin d'organiser ces abandons successifs. Chacun sait que le lĂ©gislateur s'engouffrera dans la brĂšche bĂ©ante, comme lây incite dĂ©jĂ lâavant-projet de loi annoncĂ© par la ministre du promotion, des droits fondamentaux auxquels on cherche Ă assimiler ces principes essentiels » se rĂ©alise, finalement, au risque dâune reformulation appauvrie dâun ordre public social en pĂ©ril », selon la formule dâune autre spĂ©cialiste »[1]. PrĂ©monitoire, elle soulignait que si nul ne conteste le substantiel apport des droits fondamentaux au droit des relations du travail, il faut prendre garde Ă ce que leur invocation ne serve dâalibi au dĂ©mantĂšlement dâun âcertainâ droit du travail et ne masque la persistance des phĂ©nomĂšnes de pouvoir et de domination qui demeurent au cĆur de la relation salariale ». Une mise en garde que les membres du comitĂ© Badinter ont dĂ©libĂ©rĂ©ment ignorĂ©e.[1] Isabelle Meyrat, Droit Ouvrier, juillet 2002.Cest l'endroit idĂ©al pour Ă©crire une description sur votre entreprise ou vos services. Vous pouvez ajouter et modifier le texte. Survolez-moi avec votre souris d'ordinateur et cliquez une fois pour que le menu sâaffiche. Double-cliquez pour Ă©diter directement le texte. Vous pouvez aussi me dĂ©placer n'importe oĂč sur la page par la mĂ©thode du «Glisser et DĂ©poser».
Demandervotre permis de conduire anglais auprĂšs de la DVLA. Il nâest pas obligatoire de faire une demande de permis britannique mais vous pouvez le faire auprĂšs de la DVLA. Il faudra remplir un formulaire D1, payer ÂŁ43 et envoyer votre permis de conduire français Ă la DVLA. Quelques semaines plus tard, vous recevrez votre permis
Quel privilĂšge dâaller Ă la maison de Dieu ! Câest le centre de formation des chrĂ©tiens. LĂ oĂč nous grandissons, lĂ oĂč nous apprenons Ă vivre selon les principes et les valeurs du PĂšre. Il y a une façon de se comporter dans Sa maison et des maniĂšres de faire qui nous permettront de maximiser les effets de la Parole dans notre vie. Ce sont des principes simples et basiques mais qui parfois nous Ă©chappent 1. ALLER Ă LâĂGLISE TOUS LES DIMANCHES. Câest la base, le commencement. LâĂ©glise locale, câest lâendroit oĂč Dieu nous enseigne, nous corrige et nous façonne. Le meilleur moyen dâavancer spirituellement, câest de frĂ©quenter souvent la maison de Dieu. Plus nous passons de temps dans lâĂ©glise et plus nous entendons la Parole de Dieu. Plus nous entendons la Parole de Dieu, plus notre esprit se fortifie. Nous ne pouvons pas grandir seuls, juste en lisant la Bible et en priant chez nous. Pour devenir, il faut apprendre. Si nous dĂ©sirons ĂȘtre mĂ©decin, nous devons frĂ©quenter la facultĂ© de mĂ©decine, lĂ oĂč des professionnels qui ont appris avant nous et donc savent mieux que nous, vont nous transmettre leurs connaissances et leur savoir-faire. Il en est de mĂȘme pour les choses de Dieu. Ă lâĂ©glise, des personnes plus matures spirituellement peuvent nous expliquer ce qui est Ă©crit dans les pages de la Bible et nous apprendre tout ce que nous ne savons pas. Sâil y a plusieurs rĂ©unions dans la semaine, ce sont des occasions supplĂ©mentaires pour se rapprocher de la Parole et de la prĂ©sence de Dieu. Plus nous sommes en contact avec Lui et plus nous sommes remplis de Lui et de tout ce qui Lâaccompagne la paix, la joie, lâamour, le pardon, la force, la foi et la saintetĂ©, pour ne citer quâeux ! Lorsque nous nous sentons mal, courons Ă lâĂ©glise ! Lorsque nous faisons face Ă des situations difficiles, courons Ă lâĂ©glise ! Non seulement la prĂ©sence de Dieu va nous apaiser mais les frĂšres et sĆurs seront Ă©galement une source dâencouragement et de force de la part du Seigneur. 2. ĂTRE HABILLĂ SOBREMENT. Logique mais pas Ă©vident pour tous. Dans le monde oĂč nous vivons, il est normal de porter des vĂȘtements courts, il est tout Ă fait acceptable de porter des tissus moulants qui laissent paraĂźtre toutes les formes. LâĂ©glise nâest ni le lieu pour faire des dĂ©filĂ©s de mode douteux ni lâendroit pour jouer Ă des jeux de sĂ©duction. Nous pouvons bien sĂ»r nous habiller selon notre style et nos goĂ»ts, porter les derniĂšres baskets Ă la mode, mais les robes sexy et les shorts ne trouvent pas leur place dans lâĂ©glise. Nous ne sommes pas lĂ pour attirer lâattention sur nous-mĂȘmes. Notre tenue vestimentaire ne doit ni choquer les femmes ni attirer le regard des hommes. 3. ARRIVER EN AVANCE. Ătre Ă lâheure, câest ce quâon appelle communĂ©ment la politesse, le savoir-vivre. Câest le tĂ©moignage de mon respect pour Le MaĂźtre des lieux le dimanche, je nâai pas rendez-vous avec des hommes mais avec Le Seigneur Lui-mĂȘme. Arriver plus tĂŽt nous permet de discuter et faire connaissance avec les autres personnes qui frĂ©quentent lâĂ©glise et ainsi dĂ©velopper un cercle dâamis croyants. Notre foi en sera fortifiĂ©e et lorsque nous viendrons aux rĂ©unions, nous ne serons pas seuls. Le plaisir de lâĂ©glise câest de venir retrouver Dieu dans Sa maison mais câest Ă©galement quelques heures de partages et de belles rencontres humaines. 4. ĂTEINDRE SON PORTABLE. Si nous frĂ©quentons une Ă©glise avec un systĂšme audio-vidĂ©o, nos tĂ©lĂ©phones, tablettes, etc. sont susceptibles de provoquer des interfĂ©rences et des grĂ©sillements sur les lignes de son et les sorties micro. LâidĂ©al est donc dâĂ©teindre son portable ou au pire de dĂ©sactiver le rĂ©seau. De toute maniĂšre, nous sommes occupĂ©s Ă Ă©couter La Parole et nous nâavons donc pas le temps de regarder notre tĂ©lĂ©phone, consulter nos e-mails ou nos notifications instagramâŠnormalement! De plus, nous devons nous tenir dans une attitude de rĂ©vĂ©rence dans la prĂ©sence de Dieu. Qui, pendant que le PrĂ©sident de la RĂ©publique lui parlerait, se permettrait de regarder ses SMS et son Facebook ? Lorsque la Parole est prĂȘchĂ©e, nous devons avoir de lâhonneur. Nous devons ĂȘtre conscients que Dieu est prĂ©sent pendant nos rĂ©unions et notre attitude doit ĂȘtre des plus respectueuses. Pour finir, le diable aime voler notre concentration quand la Parole de Dieu est annoncĂ©e. Il sait trĂšs bien quâune parole que lâon nâentend pas ne peut pas avoir dâeffet dans notre vie. Une parole que nous ne comprenons pas, parce que notre pensĂ©e est occupĂ©e ailleurs ou nos yeux rivĂ©s sur notre smartphone, est inutile. 5. ĂTRE OUVERT ET COMMUNIQUER AVEC LES AUTRES. Nous ne ferons pas long feu dans une Ă©glise oĂč nous ne connaissons personne. Avec la solitude viennent toutes espĂšces de pensĂ©es charnelles, de colĂšre et de dĂ©pression. Dans les moments de faiblesse, le diable nous remplira la tĂȘte de pensĂ©es du genre tu ne sers Ă rien, personne ne fait attention Ă toi, pas mĂȘme les gens de lâĂ©glise ». Dieu nous a créés des ĂȘtres sociaux. Tout comme un poisson hors de lâeau ne peut pas survivre, de mĂȘme un ĂȘtre humain ne peut vivre heureux sâil est isolĂ©. Notre bien-ĂȘtre est trĂšs intimement liĂ© Ă notre entourage. Dans lâĂ©glise plus quâailleurs, il est important de crĂ©er des liens avec les autres. 6. AVOIR UN CĆUR DOUX ET HONNĂTE. Souvent, la Parole de Dieu va nous contrarier. Elle nous annonce les voies de lâEsprit, les façons de faire de Dieu qui sâopposent Ă 100% du temps aux façons de faire humaines et charnelles. Qui aime quâon lui dise quâil fait mal ? Qui aime la correction ? Personne. Pourtant, câest lâun des principaux buts de la Parole de Dieu nous montrer lĂ oĂč nous faisons erreur et nous mettre sur la bonne voie. Câest pourquoi, lorsque nous entendons quelque chose qui ne va pas dans notre sens, nous devons garder un cĆur doux, câest-Ă -dire ne pas nous mettre Ă rĂ©sister dans nos pensĂ©es oui mais moi câest pas pareil », oui mais moi je prĂ©fĂšre faire comme ça », oui câest vrai câest Ă©crit dans la Bible mais moi je pense que », etc. Vous voyez oĂč je veux en venir, nâest-ce pas? La Bible dĂ©clare dans Proverbes 132 que la rĂ©sistance des stupides les tue » LSG. Par ailleurs, nous devons ĂȘtre honnĂȘtes quand nous entendons une vĂ©ritĂ© qui nous concerne. Cela nâest pas un exercice facile mais nĂ©cessaire si nous dĂ©sirons continuer dâavancer dans le plan de Dieu. Proverbes 1328 nous apprend que Rien ne rĂ©ussit Ă celui qui cache ses fautes, mais celui qui les avoue et y renonce est pardonnĂ©. » Si la personne qui parle Ă©voque un de mes pĂ©chĂ©s ou une de mes mauvaises attitudes, ma premiĂšre rĂ©action ne doit pas ĂȘtre de me braquer mais de reconnaĂźtre dans mon cĆur ma faute et demander Ă Dieu de me pardonner et de me changer. 7. PRENDRE DES NOTES. Les scientifiques affirment que nous retenons Ă peine 10% de ce que nous entendons, ce qui veut dire pas grand chose. VoilĂ pourquoi il est important de ne pas se contenter dâĂ©couter la Parole mais il faut prendre des notes. Nous pouvons ensuite y revenir, relire, essayer de mieux la comprendre pendant la semaine. Le but dâaller Ă lâĂ©glise câest de recevoir une parole qui va impacter notre vie. Comment est-ce que la Parole impacte notre vie ? Lorsquâelle change nos pensĂ©es et nos comportements. La Bible nous enseigne en Romains 213 que Ce ne sont pas ceux qui Ă©coutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront dĂ©clarĂ©s justes. » Entendre est une premiĂšre Ă©tape, mais le plus important câest de garder la Parole avec soi, la mĂ©diter durant les semaines suivantes pour, petit Ă petit, commencer Ă la pratiquer. Le mieux est de sâacheter un cahier spĂ©cial notes, dans lequel nous mettrons tout ce que nous avons retenu des cultes, tout ce qui nous a touchĂ©s et aussi ce que nous nâavons pas compris, afin de pouvoir poser des questions plus tard au pasteur ou Ă une personne qui saura nous rĂ©pondre. Dieu a tout un programme pour nous dans Son Ă©glise. Pour pouvoir tirer le meilleur parti des enseignements que nous recevons, nous devons adopter les bonnes attitudes. Lorsque Dieu voit que nous nous impliquons et faisons des efforts, alors Il rĂ©compensera notre sĂ©rieux car il est Ă©crit dans HĂ©breux 116 Dieu est celui qui rĂ©compense ceux qui Le cherchent. » Nous grandirons beaucoup plus vite et nous attirerons ainsi de nombreuses bĂ©nĂ©dictions. Pourrendre laĂŻque cette loi, il faut la sĂ©parer de la Promesse dont elle nâest que le complĂ©ment et lâexplicitation, et en fausser le sens « dĂ©terminĂ© par la dĂ©claration fondamentale » qui lâintroduit : « Le devoir envers Dieu est la plus grande de toutes choses, celle qui garde le jeune homme fidĂšle Ă ses principes, honnĂȘte et loyal, celle qui lui met devant les yeux un Une bataille dĂ©mocratique pour les libertĂ©s publiques fondamentales est actuellement en cours en France. La loi sĂ©curitĂ© globale en est lâenjeu immĂ©diat mais derriĂšre celle-ci se profile Ă la fois la question brĂ»lante des violences policiĂšres et du racisme dâĂtat, et la dimension autoritaire du nĂ©olibĂ©ralisme, qui lui est inhĂ©rente mais qui sâaccentue Ă mesure que les gouvernements imposent des politiques de plus en plus brutales de destruction sociale et environnementale, instrumentalisant Ă la fois la bien rĂ©elle crise sanitaire et les attentats, et que les classes populaires rĂ©sistent. Dans la propagande de droite, un argument massue revient sans cesse lâanticapitalisme serait lâennemi naturel de la libertĂ© individuelle car sans propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production et sans marchĂ©, la libertĂ© ne pourrait prospĂ©rer. Or câest exactement le contraire comme le montre dans ce texte David Harvey en rappelant les positions de Marx en la matiĂšre, les anticapitalistes travaillent Ă crĂ©er les conditions matĂ©rielles de vie, hors des restrictions imposĂ©es par le capitalisme, sans lesquelles les gens ne peuvent pas ĂȘtre vraiment libres. Si nous prenons au sĂ©rieux les idĂ©aux de libertĂ© et de dĂ©mocratie, notre lutte actuelle doit donc sâinscrire dans un projet plus global de dĂ©passement du capitalisme et dâabolition des rapports dâoppression, et doit sâĂ©tendre au combat contre les institutions qui assurent lâassujettissement des classes exploitĂ©es et opprimĂ©es â de lâĂtat capitaliste aux institutions internationales ou supranationales Commission europĂ©enne, Banque centrale europĂ©enne, FMI, OTAN, etc.. *** Le sujet de la libertĂ© Ă©tait rĂ©guliĂšrement dĂ©battu lors de mes rencontres avec les Ă©tudiants au PĂ©rou. Ils Ă©taient trĂšs intĂ©ressĂ©s par la question suivante Le socialisme exige-t-il nĂ©cessairement lâabandon de la libertĂ© individuelle ? » La droite, qui sâest appropriĂ©e le concept de libertĂ© et lâutilise comme une arme dans la lutte de classes contre les anticapitalistes, rĂ©pond bien sĂ»r par lâaffirmative. La subordination de lâindividu au contrĂŽle de lâĂtat imposĂ© par le socialisme ou le communisme serait-selon eux- une chose quâil faut Ă©viter Ă tout prix. Ma rĂ©ponse Ă©tait que nous ne devrions pas abandonner lâidĂ©e de la libertĂ© individuelle dans le cadre dâun projet socialiste Ă©mancipateur. Jâajoutais mĂȘme que la rĂ©alisation de la libertĂ© individuelle est, selon moi, un objectif central des projets dâĂ©mancipation. Mais Ă condition que ceux-ci appellent Ă la construction commune dâune sociĂ©tĂ© qui donne Ă chacun de nous lâopportunitĂ© de sâĂ©panouir, de se rĂ©aliser en dĂ©ployant toutes nos capacitĂ©s. Marx et la libertĂ© Marx avait des choses intĂ©ressantes Ă dire sur le sujet. Une de ces idĂ©es est que le royaume de la libertĂ© commence lĂ cesse le royaume de la nĂ©cessitĂ© ». La libertĂ© ne signifie rien si vous nâavez pas assez Ă manger, si vous nâavez pas accĂšs aux soins de santĂ©, Ă un logement, aux transports, Ă une Ă©ducation et Ă dâautres services importants. Le rĂŽle du socialisme est de pourvoir Ă ces besoins fondamentaux, de sorte que les gens soient ensuite libres de faire exactement ce quâils veulent. Le point final dâune transition socialiste est un monde dans lequel les capacitĂ©s et les aptitudes individuelles sont complĂštement libĂ©rĂ©es des nĂ©cessitĂ©s, du manque et autres contraintes politiques et sociales. VoilĂ pourquoi au lieu dâabandonner Ă la droite le monopole de ce concept de libertĂ© individuelle, il sâagit de nous rĂ©approprier lâidĂ©e de libertĂ© pour le socialisme lui-mĂȘme. Mais Marx a Ă©galement soulignĂ© que la libertĂ© est un couteau Ă double tranchant car les travailleurs, dans une sociĂ©tĂ© capitaliste, sont libres -dit-il- dans un double sens. Ils peuvent librement offrir leur main-dâĆuvre sur le marchĂ© du travail Ă qui ils veulent, proposer leur force de travail Ă nâimporte quelles conditions contractuelles, bref ils peuvent nĂ©gocier librementâŠmais en mĂȘme temps, ils ne sont pas libres, car ils sont libĂ©rĂ©s » de tout contrĂŽle ou accĂšs aux moyens de production. Ils doivent donc cĂ©der leur force de travail aux capitalistes pour pouvoir vivre. Câest leur libertĂ© Ă double tranchant dit Marx, câest la contradiction centrale de la libertĂ© sous le capitalisme. Dans le chapitre sur la journĂ©e de travail dans le Capital, il dit ceci le capitaliste est libre de dire au travailleur Je veux tâemployer au salaire le plus bas possible pendant le plus grand nombre dâheures possible et tu feras exactement le travail que je te demande de faire. Câest ce que jâexige de toi quand je tâengage ». Et le capitaliste est libre de faire cela dans une sociĂ©tĂ© de marchĂ© parce que, comme nous le savons, la sociĂ©tĂ© de marchĂ© consiste Ă faire des offres pour tout et nâimporte quoi. Dâautre part, le travailleur est Ă©galement libre de dire Vous nâavez pas le droit de me faire travailler 14 heures par jour. Vous nâavez pas le droit de faire ce que vous voulez avec ma force de travail, surtout si cela raccourcit ma vie et met en danger ma santĂ© et mon bien-ĂȘtre. Je ne suis prĂȘt Ă travailler que pour une journĂ©e de travail honnĂȘte pour un salaire honnĂȘte ». Ătant donnĂ© la nature dâune sociĂ©tĂ© basĂ©e sur lâĂ©conomie de marchĂ©, le capitaliste et le travailleur ont tous deux raisons lorsquâil sâagit de ce quâils exigent. Comme dit Marx, ils ont tous deux raison en vertu de la loi de lâĂ©change qui domine le marchĂ©. Entre lâĂ©galitĂ© des droits, dit-il, la puissance dĂ©cide. La lutte des classes entre le capital et le travail dĂ©termine cette question. Le rĂ©sultat repose sur le rapport de force entre le capital et le travail, qui peut Ă un moment donnĂ© devenir coercitif et violent. Une lame Ă double tranchant Cette idĂ©e de la libertĂ© en tant que lame Ă double tranchant est trĂšs importante Ă y regarder de plus prĂšs. Lâune des meilleures contributions sur le sujet est un essai de Karl Polanyi. Dans son livre La grande transformation, Polanyi dit quâil existe de bonnes et de mauvaises formes de libertĂ©. Parmi les formes toxiques » de libertĂ© quâil mentionne figurent la libertĂ© de faire un usage illimitĂ© de son prochain, la libertĂ© de faire des profits excessifs sans en faire profiter la communautĂ©, la libertĂ© de ne pas utiliser les inventions technologiques pour le bien public, la libertĂ© de tirer profit des calamitĂ©s publiques ou des catastrophes naturelles pour faire des gains privĂ©s, etc. Mais, poursuit Karl Polanyi, lâĂ©conomie de marchĂ© qui permet ces formes de libertĂ©s se pare Ă©galement de libertĂ©s que nous estimons beaucoup libertĂ© de conscience, libertĂ© dâexpression, libertĂ© de rĂ©union, libertĂ© dâassociation, libertĂ© de choisir son propre travail. Bien que nous puissions chĂ©rir ces libertĂ©s en raison de leur importance intrinsĂšque, elles sont dans une large mesure des sous-produits de cette mĂȘme Ă©conomie qui est Ă©galement responsable des libertĂ©s toxiques. La rĂ©ponse de Polanyi Ă cette dualitĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, en pleine hĂ©gĂ©monie de la pensĂ©e nĂ©olibĂ©rale oĂč la maniĂšre dont la libertĂ© nous est prĂ©sentĂ©e par le pouvoir politique existant est parfaitement biaisĂ©e. Il Ă©crit Ă ce sujet Le dĂ©passement de lâĂ©conomie de marchĂ© » â câest-Ă -dire la disparition de lâĂ©conomie de marchĂ© â peut ĂȘtre le dĂ©but dâune Ăšre de libertĂ© sans prĂ©cĂ©dent ». Pour la pensĂ©e mainstream, câest une explication plutĂŽt choquante dire que la vraie libertĂ© commence aprĂšs que nous ayons laissĂ© lâĂ©conomie de marchĂ© derriĂšre nous ! Il continue La libertĂ© lĂ©gale et rĂ©elle peut ĂȘtre rendue plus large et plus universelle que jamais. La rĂ©glementation et le contrĂŽle peuvent permettre la libertĂ© non seulement pour quelques-uns, mais pour tous. Car la libertĂ© nâest pas un privilĂšge, entachĂ© Ă la source, mais un droit prescriptif, sâĂ©tendant bien au-delĂ des limites Ă©troites de la sphĂšre politique Ă lâorganisation intime de la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme. Ainsi, les anciennes libertĂ©s et les droits civils seront ajoutĂ©s au fonds des nouvelles libertĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©es par les loisirs et la sĂ©curitĂ© offerts Ă tous par la sociĂ©tĂ© industrielle. Une telle sociĂ©tĂ© peut se permettre dâĂȘtre Ă la fois juste et libre ». La libertĂ© sans la justice Je me souviens que cette idĂ©e dâune sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur la justice et la libertĂ© Ă©tait le programme politique du mouvement Ă©tudiant des annĂ©es 60 et de la fameuse gĂ©nĂ©ration 68. La soif de justice et de libertĂ© Ă©tait trĂšs rĂ©pandue se libĂ©rer de la coercition de lâĂtat, de celle du travail imposĂ©e par le capital et ses entreprises, se libĂ©rer de la coercition du marchĂ© en dĂ©veloppant radicalement la justice sociale⊠Il est intĂ©ressant dâobserver quelle fut la rĂ©ponse politique capitaliste Ă cette situation dans les annĂ©es 1970. On peut dire que ces demandes ont Ă©tĂ© traitĂ©es ainsi Nous cĂ©dons Ă vos aspirations de libertĂ©, soit, mais oubliez la justice sociale ». Le renoncement aux libertĂ©s Ă©tait limitĂ©. On gardait, pour lâessentiel, la libertĂ© de choix sur le marchĂ©. Le marchĂ© libre et la libertĂ© de rĂ©gulation de lâĂtat Ă©taient les rĂ©ponses Ă la demande de libertĂ©. Mais oubliez la justice. Cela serait assurĂ© par la concurrence sur le marchĂ©, qui Ă©tait censĂ©e ĂȘtre organisĂ©e de maniĂšre Ă ce que chacun obtienne sa juste part. Le rĂ©sultat, cependant, a Ă©tĂ© que beaucoup de mauvaises libertĂ©s par exemple lâexploitation des autres ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es au nom de libertĂ©s vertueuses. Cette tournure des Ă©vĂ©nements est une chose que Polanyi a clairement identifiĂ©e. La transition vers lâavenir quâil avait en tĂȘte Ă©tait bloquĂ©e par un obstacle moral, a-t-il fait remarquer, et cet obstacle moral Ă©tait ce quâil a appelĂ© lâutopie libĂ©rale ». Je pense que nous sommes aujourdâhui toujours confrontĂ©s aux problĂšmes que cet utopisme libĂ©ral entraĂźne. Câest une idĂ©ologie qui imprĂšgne les mĂ©dias et les discours politiques. Lâutopie libĂ©rale du Parti DĂ©mocrate, par exemple, est lâun des obstacles Ă la rĂ©alisation dâune vĂ©ritable libertĂ©. La planification et le contrĂŽle », a Ă©crit Polanyi, sont attaquĂ©s comme un dĂ©ni de libertĂ©. La libre entreprise et la propriĂ©tĂ© privĂ©e sont dĂ©clarĂ©es lâessence mĂȘme de la libertĂ©. Câest ce que les plus importants idĂ©ologues du nĂ©olibĂ©ralisme ont mis en avant. » Au-delĂ du marchĂ© Pour moi, câest lâune des questions les plus importantes de notre Ă©poque. Allons-nous au-delĂ des libertĂ©s limitĂ©es du marchĂ© et de la rĂ©gulation de nos vies par les lois de lâoffre et de la demande, ou acceptons-nous, comme le dit Margaret Thatcher, quâil nây a pas dâalternative ? Nous devenons libres du contrĂŽle de lâĂtat, mais esclaves du marchĂ©. Il nây aurait pas dâalternative Ă cela, en dehors il nây a pas de libertĂ©. Câest ce que prĂȘche la droite, et câest ce que beaucoup de gens en sont venus Ă croire. Câest le paradoxe de notre situation actuelle au nom de la libertĂ©, nous avons en fait adoptĂ© une idĂ©ologie libĂ©rale utopique qui fait obstacle Ă la rĂ©alisation dâune vĂ©ritable libertĂ©. Par exemple je ne pense pas vivre dans un monde libre quand quelquâun qui dĂ©sire faire des Ă©tudes doit commencer par payer une somme dâargent Ă©norme pour cela et commencer sa vie avec une dette dâĂ©tudes qui le poursuivra longtemps. En Grande-Bretagne, dans les annĂ©es 1960, une grande partie du parc de logements se trouvait dans le secteur public ; il sâagissait de logements sociaux. Quand jâai grandi, ce logement social Ă©tait une prestation de base Ă un prix assez bas. Puis Margaret Thatcher est arrivĂ©e et a tout privatisĂ©, en disant essentiellement Vous serez beaucoup plus libre si vous ĂȘtes propriĂ©taire et vous pourrez rĂ©ellement faire partie de la dĂ©mocratie de propriĂ©taires ». Ainsi, au lieu dâavoir 60 % des logements dans le secteur public, nous nous retrouvons tout Ă coup dans une situation oĂč seulement 20 % â voire moins â des logements se trouvent dans le secteur public. Le logement devient une marchandise, et cette marchandise devient alors une partie de lâactivitĂ© spĂ©culative. Dans la mesure oĂč elle devient un vĂ©hicule de spĂ©culation, le prix de la propriĂ©tĂ© augmente, et vous obtenez un prix de logement en hausse sans quâil y ait une augmentation rĂ©elle de la qualitĂ© et du confort. Nous construisons des villes, nous construisons des logements, mais de telle façon, avec une telle conception de lâimmobilier que si ces logements offrent une Ă©norme libertĂ© aux classes supĂ©rieures, elle se rĂ©sume concrĂštement Ă une non-libertĂ© pour le reste de la population. Câest, je pense, ainsi quâil faut interprĂ©ter cette fameuse remarque de Marx Le royaume de la nĂ©cessitĂ© doit en fait ĂȘtre surmontĂ© pour atteindre le royaume de la libertĂ© ». Le royaume de la libertĂ© Câest ainsi que, toujours dans le contexte du secteur de lâimmobilier et de la construction, la sacro-sainte libertĂ© du marchĂ© limite, de fait, les possibilitĂ©s dâaccĂšs pour lâensemble de la population. Et de ce point de vue, je pense que câest une perspective socialiste de faire ce que Polanyi suggĂšre, câest-Ă -dire que nous collectivisions lâaccĂšs Ă la libertĂ©, lâaccĂšs au logement. Nous mettons un terme au fait quâil ne peut ĂȘtre obtenu que par le marchĂ©, mais nous le faisons entrer dans le domaine public. Vivre dans le domaine public est notre slogan. Câest lâune des idĂ©es de base du socialisme dans le systĂšme actuel â mettre le plus possible de choses en commun, dans le domaine public. On dit souvent que pour atteindre le socialisme, il faut renoncer Ă son individualitĂ© et au moins Ă quelque chose. Eh bien, dans une certaine mesure, câest peut-ĂȘtre vrai ; mais il y a, comme lâa soulignĂ© Polanyi, une plus grande libertĂ© Ă atteindre si nous allons au-delĂ des cruelles rĂ©alitĂ©s des libertĂ©s du marchĂ© individualisĂ©. Oui jâai bien lu dans Marx que notre tĂąche consiste Ă maximiser le domaine de la libertĂ© individuelle, mais que cela ne peut se faire quâĂ condition que le domaine de la nĂ©cessitĂ© soit satisfait⊠La tĂąche dâune sociĂ©tĂ© socialiste nâest pas de rĂ©glementer tout ce qui se passe dans la sociĂ©tĂ© ; pas du tout. La tĂąche dâune sociĂ©tĂ© socialiste est de veiller Ă ce que tous les besoins fondamentaux soient satisfaits afin que les gens puissent ensuite librement choisir de faire ce quâils veulent quand ils le veulent. Demandez aujourdâhui Ă quelquâun Combien de temps libre avez-vous ? », la rĂ©ponse est invariablement Je nâai presque pas de temps libre Ă cause de ceci, de cela, et de tout le reste ». Or si la vraie libertĂ© ne sâexerce que dans un monde oĂč nous aurions du temps libre pour faire ce que nous voulons, mettons dĂšs aujourdâhui en Ćuvre un projet socialiste dâĂ©mancipation qui la propose, cette libertĂ©, comme un Ă©lĂ©ment central de sa mission politique ! Câest une chose Ă laquelle nous pouvons et devons tous travailler. * Ce texte est extrait du nouveau livre de David Harvey, The Anti-Capitalist Chronicles, publiĂ© par Pluto Press. Il a Ă©tĂ© publiĂ© Ă lâorigine sur Jacobin. Traduction Hamel et François de la Gauche anticapitaliste.LaMennais. Oscar Schlemmer. Buddy Guy. Georges Harrison. Une citation de Bob Dylan. Bob Dylan a dit Pour vivre hors-la-loi il faut ĂȘtre honnĂȘte. CatĂ©gories : HonnĂȘte- Loi- Vivre. Lire plus de citations de Bob Dylan. Buddy Guy. Georges Harrison. Rechercher. Lancer. JĂ©sus ChristEmission Les grandes questionsLe bonheur doit-il ĂȘtre le but de la vie ?Quâest-ce que le bonheur ?Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?Le bonheur peut-il ĂȘtre durable ?Bonheur et souffrance ?Le bonheur, une marchandise comme les autres ?Le bonheur collectif existe-t-il ? TĂ©lĂ©chargez le cours Le but de la vie humaine, est-ce le bonheur ? Faut-il dĂ©sirer pour ĂȘtre heureux ? Le dĂ©sir, câest quoi ? Peut-on dĂ©sirer contre soi ? Ne peut-on ĂȘtre heureux quâaux dĂ©pends des autres ? Faut-il ĂȘtre Ă©goĂŻste pour ĂȘtre heureux ? Câest quoi le bonheur ? Rechercher le bonheur est-ce le plus sĂ»r moyen de se rendre malheureux ? Doit-on tout sacrifier au bonheur ? Est-il vrai que les gens heureux nâont pas dâhistoire ? Pour ĂȘtre heureux faut-il ĂȘtre insouciant ? Y-a-t-il une Ă©cole pour apprendre Ă ĂȘtre heureux ? LES GRANDES QUESTIONS Voici une vidĂ©o qui traite du bonheur. Parmi les invitĂ©s, des philosophes AndrĂ© Comte-Sponville, Vincent Cespedes, Frederic Lenoir⊠Le bonheur doit-il ĂȘtre le but de la vie ? ACS Le bonheur câest ce que nous dĂ©sirons / Ce nâest pas un devoir, câest un Pour les Antiques, les rĂšgles qui permettent dâatteindre le bonheur sont Maitrise intĂ©rieure pour les stoĂŻciens, suspension du jugement chez les sceptiques, ataraxie chez les Ă©picuriens⊠PossibilitĂ© de trouver une bonne vie » EudĂ©moniaMais pour les modernes, câest diffĂ©rent les chemins du bonheur sont Ă©clatĂ©s il nây a plus de chemins qui sâimposent. Pas sĂ»r que lâhomme soit fait pour ĂȘtre heureux⊠FL Socrate le bonheur nâest pas le but de la vie. Le but, câest la vie bonne. Donc une vie juste, vertueuse Kant bonheur = idĂ©al de lâimagination/ Morale du devoir plus importante que le Bonheur liĂ© au relationnel. Or aujourdâhui on privatise le bonheur⊠Comment retrouver lâinnocence dans la relation Ă lâautre Pour Kant câest lâidĂ©al de lâimagination et non de la raison voir texteLe bonheur nâest pas La satisfaction de tous les dĂ©sirs ce nâest pas la satiĂ©tĂ©. Dâailleurs on ne dĂ©sire que ce quâon a pas. Si on avait tout, on ne dĂ©sirerait plus rienâŠCe nâest pas une joie constante La fĂ©licitĂ© la joie est un passage, elle ne peut pas ĂȘtre constanteNous avons une expĂ©rience du malheur plus forte que celle du bonheur. Le malheur câest quand on sait que la joie ne viendra pasâŠni tout Ă lâheure, ni plus tard.parce quâon vit qqchse de trĂšs douloureux Le bonheur câest le contraire du malheur câest quand la joie paraĂźt immĂ©diatement ou trĂšs bientĂŽt possible. On est plus ou moins heureux. Et celui qui pense que le bonheur nâexiste pas, câest quâil nâa jamais Ă©tĂ© vraiment ! Le bonheur, câest quand on est pas malheureux. Donc, Soyons heureux de ne pas ĂȘtre malheureux » Arditi Pas dâobligation, dâinjonction du bonheur. Chercher le bonheur câest comme chiner un meuble prĂ©cis dans un marchĂ© aux pucesâŠOn ne le trouvera jamais. Quâest-ce que le bonheur ? H. Matisse, Le Bonheur de vivre Le bonheur nâest pas le plaisir. Le bonheur est le lieu dâune joie possible. Il existe des plaisirs sans joieâŠAlain le bonheur est une rĂ©compense qui vient Ă ceux qui ne lâont pas cherchĂ© »Combattre le malheur est plus utile et peut accessoirement dĂ©boucher sur le bonheur. Personne ne sait exactement ce que câest que le bonheur ; la joie, la justice, le travail en font parti⊠Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ? Le bonheur est dans le prĂ©, Catherine Musnier Y a-t-il la possibilitĂ© dâun bonheur durable ? FL la rĂ©ponse est oui pour les stoĂŻciens Ăpicure les eux on sera dans la souffrance tant quâon nâacceptera pas le monde comme il est. Et si notre bonheur dĂ©pend des Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs y compris des autres on connaĂźtra toujours le malheur. La recherche des stoĂŻciens est donc la recherche dâun bonheur intĂ©rieur. Câest un bonheur qui vient de nous-mĂȘme, qui est en nous. Câest une capacitĂ© de dĂ©tachement/ Accepter la vie comme elle est. Donc dire oui Ă la vie et en mĂȘme temps se dĂ©tacher pour ne pas ĂȘtre dans la frustration. Arditi DĂ©tachement pas souhaitable car ce qui fait mal fait aussi partie du bonheur de vivre. Voir texte Nietzche Vivre câest choisir, choisir câest aussi renoncerâŠCâest comme ça. Aristote, Ethique Ă Nicomaque je ne peux pas ĂȘtre heureux sous la torture ou si lâon torture mes proches..Alors oĂč sâarrĂȘter ? Pour Aristote, il faut sâarreter Ă la CitĂ©. Mais aujourdâhui par les medias notre citĂ© , câest le monde et notre bonheur est assombriâŠDonc il faut accepter un bonheur plus modeste. Comme Montaigne la sagesse câest dâaimer la vie telle quâelle est et non le bonheur. Le bonheur ne peut ĂȘtre absolu et le chercher câest nous empĂȘcher dâatteindre le seul vrai Place tout ton bonheur dans lâinstant » NT Peut-on ĂȘtre heureux quand il y a de la souffrance autour de nous ? Le bonheur nâest-il pas une marchandise comme les autres ? D. Hanson, Supermarket lady Les grandes idĂ©ologies du XX° fascisme, communisme, nazismeon fait des millions de morts . On ne peut pas faire le bonheur des gens contre leur volontĂ©. Hitler promettait 1000 ans de paix et de bonheur la force par la joie » devait apporter le bonheur Ă français sont-ils moins heureux aujourdâhui quâau XX° malgrĂ© les drames du siĂšcle ?FL on nous fait croire aujourdâhui que le bonheur câest dâaccumuler des objetsconsumĂ©risme. Câest lâidĂ©ologie collective de notre Ă©poque ! On fait croire aux gens quâon leur donne du bonheur en leur fournissant des plaisirs. Des sociĂ©tĂ©s moins abondantes » prouvent que le bonheur nâest pas liĂ© quâau matĂ©riel mais quâil faut aussi ĂȘtre reliĂ© aux autres, au monde, au cosmos⊠Pour ACS pas de bonheur collectif . Le bonheur est une affaire devoir de lâĂ©tat câest de combattre le malheur pas dâassurer le câest un Ă©tat Levi Lâendroit au monde oĂč on sâest le moins suicidĂ©, câest Auschwitz ».Notre sociĂ©tĂ© est privilĂ©giĂ©e mais les angoisses de vivre demeurent. On y est confrontĂ© qui fait le bonheur ce nâest pas la richesse. Des Ă©tudes ont montrĂ© que le niveau dâenrichissement +riche aujourdâhui que lâannĂ©e dâavant â Mais ça ne dure pas donc piĂšge car on en aura jamais assez. Et aussi le niveau de richesse Chaque fois que la recherche du bonheur a Ă©tĂ© prise comme idĂ©ologie catastrophe !RĂŽle de lâĂ©tat est de limiter le malheur. Pas autre chose .VC le bonheur câest la qualitĂ© des Il y a des malheurs collectifs/ Pas de bonheur collectif car quand un malheur perso vous touche on ne peut plus partager un bonheur Le bonheur public Jefferson et la dĂ©claration des /Fin de lâesclavage avec Lincoln = bonheur collectif mais lui homme qui connaĂźt malheur individuelConception ancienne de la citĂ©. Mais la question du bonheur individuelLâinjonction au bonheur est insupportable. Nous avons tous le droit de dire et dâĂȘtre malheureux longtemps et souvent dans sa vie⊠Le bonheur collectif existe-t-il ? I. LE DESIR Quâest-ce que le dĂ©sir ? Il paraĂźt difficile de parler du bonheur sans parler au prĂ©alable du dĂ©sir. Mais quâest-ce que le dĂ©sir ? CommunĂ©ment, câest quelque chose que lâon a pas et que lâon veut! Un manque Ă combler, doncâŠEn effet, il est rare que lâon dĂ©sire ce que lâon a dĂ©jĂ . Le dĂ©sir serait donc la recherche dâun objet que lâon imagine ou que lâon sait ĂȘtre source de satisfaction ». Mais chacun sait que tout dĂ©sir satisfait va se fixer sur un autre objetâŠEt ce, indĂ©finiment ! LâAmbition raisonnable Francis MĂ©tivier, le dĂ©sir et le dĂ©sir Philosophe pensĂ©e eut une influence considĂ©rable sur ses contemporains et nombre de penseurs postĂ©rieurs. Issu dâune famille juive portugaise ayant fui lâInquisition, Spinoza devait devenir rabbin. Mais parce quâil remettait en question les dogmes religieux, il fut excommuniĂ©. Son ouvrage principal LâEthique* prĂŽne une libertĂ© joyeuse, libĂ©rĂ©e des illusions et des superstitions car les hommes ne peuvent ĂȘtre heureux et libres que sâils vivent sous la conduite de la raison ». Il se battra toute sa vie contre le fanatisme et les prĂ©jugĂ©s religieux. âJâentends donc ici sous le nom de DĂ©sir tous les efforts, impulsions, appĂ©tits et volitions* de lâhomme ; ils sont variables selon lâĂ©tat variable dâun mĂȘme homme, et souvent opposĂ©s les uns aux autres, au point que lâhomme est entraĂźnĂ© en divers sens et ne sait oĂč se tourner.âSpinoza, Ăthique, troisiĂšme partie, DĂ©finitions des sentiments. Pour Spinoza, dĂ©sirer, ce nâest plus seulement aimer ce qui nous manque, ce qui nâest pas, câest au contraire aimer ce qui existe rĂ©ellement et de maniĂšre effective. Pour lui, si en effet on se condamne Ă nâaimer que ce qui est absent, câest parce quâen rĂ©alitĂ© on est incapable dâapprendre Ă aimer ce qui est, ce qui existe rĂ©ellement. Câest lorsquâon a perdu la capacitĂ© Ă nous rĂ©jouir de ce qui est, ce qui existe, que lâon en vient Ă dĂ©sirer ce qui nâest pas, Ă vivre dans la tension du manque et de lâabsence B. Rousseau et le dĂ©sir Malheur Ă qui nâa plus rien Ă dĂ©sirer ! il perd pour ainsi dire tout ce quâil possĂšde. On jouit moins de ce quâon obtient que de ce quâon espĂšre, et lâon nâest heureux quâavant dâĂȘtre heureux. ⊠Vivre sans peine nâest pas un Ă©tat dâhomme ; vivre ainsi câest ĂȘtre mort. Celui qui pourrait tout sans ĂȘtre Dieu, serait une misĂ©rable crĂ©ature ; il serait privĂ© du plaisir* de dĂ©sirer ; toute autre privation serait plus la Nouvelle HĂ©loĂŻse 1761, Gallimard Le tonneau des DanaĂŻdes Danaos fut contraint de marier ses cinquante filles aux cinquante fils de son frĂšre Aegyptos, mais il ordonna Ă ses filles de poignarder leurs cousins pendant la nuit de noces toutes obĂ©irent sauf Hypermnestre. En punition les DanaĂŻdes furent envoyĂ©es aux Enfers et condamnĂ©es Ă remplir Ă©ternellement dâeau une jarre percĂ©e. Lâexpression dĂ©signe donc lâaccomplissement dâun chĂątiment, dâune peine, dâune tĂąche absurde et sans fin. John Waterhouse, Le Tonneau des DanaĂŻdes, 1903 Les DanaĂŻdes par Watherhouse, 1904 II. LE BONHEUR A. Tentative de dĂ©finition Etymologiquement, bonheur* fait rĂ©fĂ©rence Ă la chance, au hasard. » vient de lâexpression bon eĂŒr ». EĂŒr » est issu du latin augurium qui signifie chance », câest lâappui des dieux. Le bonheur est dĂ©fini comme un Ă©tat durable de satisfaction de tous les dĂ©sirs. Est heureux celui qui ne souffre plus dâaucun manque ou frustration dĂ©sir insatisfait, ni dâaucune angoisse peur quâun dĂ©sir se trouve insatisfait. Voir la doctrine Ă©picurienne du bonheur, selon laquelle le bonheur est un Ă©tat de âplĂ©nitudeâ, oĂč ne subsiste aucun trouble de lâĂąme ni du corps. Mais le bonheur est difficile Ă dĂ©finir dans la mesure oĂč il est une affaire individuelle voici ce quâen dit le philosophe Blaise Pascal Tous les hommes recherchent dâĂȘtre heureux ; cela est sans exception ; quelques diffĂ©rents moyens quâils y emploient, ils tendent tous Ă ce but. Ce qui fait que les uns vont Ă la guerre, et que les autres nây vont pas, est ce mĂȘme dĂ©sir, qui est dans tous les deux, accompagnĂ© de diffĂ©rentes vues. La volontĂ© [ne] fait jamais la moindre dĂ©marche que vers cet objet. Câest le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusquâĂ ceux qui vont se pendre » Blaise Pascal, PensĂ©es. B. Lâaspiration de lâhomme, est-ce dâĂȘtre heureux ? Le philosophe Robert Misrahi tente de rĂ©pondre Ă cette dĂ©licate question⊠C. Le bonheur est-il la satisfaction de tous les dĂ©sirs ? Platon philosophe grec nĂ© Ă AthĂšnes 428-427 av. Ă 348-347 av. contemporain de la dĂ©mocratie athĂ©niennePlaton, disciple de Socrate, se dĂ©tourne de sa carriĂšre politique Ă la mort de son maitre. Pour lui, le monde sensible est faux et laid. Seul le monde intelligible, celui des IdĂ©es, mĂ©rite notre attention. Platon dans le Gorgias utilise le dialogue, comme dans la plupart de ses Ćuvres. Dans ce dialogue extrait du Gorgias, Platon fait dialoguer CalliclĂšs et Socrate qui sâopposent sur la conception du bonheur⊠Câest Ă©videmment le point de vue de Socrate que dĂ©fend Platon. CALLICLĂS â si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les rĂ©primer. Au contraire, il faut ĂȘtre capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir, elles et tous les dĂ©sirs qui les accompagnent. Mais cela nâest pas, je suppose, Ă la portĂ©e de tout le monde. Câest pourquoi la masse des gens blĂąme les hommes qui vivent ainsi, gĂȘnĂ©e quâelle est de devoir dissimuler sa propre incapacitĂ© Ă le faire. La masse dĂ©clare donc bien haut que lâintempĂ©rance est une vilaine chose. Câest ainsi quâelle rĂ©duit Ă lâĂ©tat dâesclave les hommes dotĂ©s dâune plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mĂȘmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempĂ©rance et de la justice Ă cause de leur propre lĂąchetĂ©. Car pour ceux qui ont hĂ©ritĂ© du pouvoir ou qui sont dans la capacitĂ© de sâen emparer âŠ, pour ces hommes-lĂ , quâest-ce qui serait plus mauvais que la tempĂ©rance ? ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne nây fasse obstacle ⊠La vĂ©ritĂ©, que tu prĂ©tends chercher, Socrate, la voici si la vie facile, lâintempĂ©rance, et la libertĂ© de faire ce quâon veut, demeurent dans lâimpunitĂ©, ils font lâexcellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idĂ©es, des conventions faites par les hommes et contraires Ă la nature, rien que des paroles en lâair, qui ne valent rien. SOCRATEâ Ce nâest pas sans noblesse, CalliclĂšs, que tu as exposĂ© ton point de vue, tu as parlĂ© franchement. Toi, en effet, tu as exposĂ© clairement ce que les autres pensent mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne cĂ©der Ă rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie quâon doit avoir paraĂźtra tout Ă fait Ă©vident. Alors expliques-moi tu dis que, si lâon veut vivre tel quâon est, il ne faut pas rĂ©primer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prĂȘt Ă les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste [le bonheur et] lâexcellence ? CALLICLĂS- Oui, je lâaffirme ! SOCRATE- On a donc tort de dire que ceux qui nâont besoin de rien sont heureux. CALLICLĂS- Oui, car, Ă ce compte, les pierres et les cadavres seraient trĂšs heureux. SOCRATE -Mais, tout de mĂȘme, la vie dont tu parles, câest une vie terrible ! ⊠Dâailleurs, un sage fait remarquer que, de tous les ĂȘtres qui habitent lâHadĂšs, le monde des morts, -lĂ il veut parler du monde invisible- les plus malheureux seraient ceux qui, nâayant pu ĂȘtre initiĂ©s, devraient Ă lâaide dâune Ă©cumoire apporter de lâeau dans une passoire percĂ©e. Avec cette Ă©cumoire, touÂjours dâaprĂšs ce que disait lâhomme qui mâa racontĂ© tout cela, câest lâĂąme que ce sage voulait dĂ©signer. Oui, il comparait lâĂąme de ces hommes Ă une Ă©cumoire, lâĂąme des ĂȘtres irrĂ©flĂ©chis est donc comme une passoire, incapable de rien retenir Ă cause de son absence de foi et de sa capacitĂ© dâ que je viens de te dire est, sans doute, assez Ă©trange; mais, pourtant, cela montre bien ce que je cherche Ă te faire comprendre. Je veux te convaincre, pour autant que jâen sois capable, de changer dâavis et de choisir, au lieu dâune vie dĂ©rĂ©glĂ©e, que rien ne comble, une vie dâordre, qui est contente de ce quâelle a et qui sâen Gorgias Emmanuel Kant 1724-1804 Philosophe allemand, il pose le devoir comme bien suprĂȘme. Il est le penseur de lâuniversel. DâoĂč sa cĂ©lĂšbre maxime Agis de telle sorte que tu traites lâhumanitĂ© aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours en mĂȘme temps comme une fin »,ou encore agis de telle sorte que la maxime de tout action puisse ĂȘtre Ă©rigĂ©e en loi universelle de la nature ». Pour lui, le bonheur nâest donc pas le bien suprĂȘme, tout au plus est-il prĂ©fĂ©rable dâĂȘtre heureux pour mieux accomplir son devoir. â[âŠ] le malheur est que le concept* du bonheur soit un concept tellement indĂ©terminĂ©â que, mĂȘme si tout homme dĂ©sire dâĂȘtre heureux, nul ne peut jamais dire pourtant avec prĂ©cision et en restant cohĂ©rent avec soi-mĂȘme ce que vraiment il souhaite et veut. [âŠ] [âŠ] Sâil veut la richesse, combien de soucis, quelle envie et que dâembĂ»ches ne risque-t-il pas dâattirer ainsi sur sa tĂȘte! Sâil veut beaucoup de connaissances et de discernement, peut-ĂȘtre cela ne pourra-t-il que se transformer en un regard dâautant plus aiguisĂ© pour lui montrer dâune façon seulement dâautant plus effrayante les maux qui jusquâici restent encore dissimulĂ©s Ă ses yeux et qui ne sauraient pourtant ĂȘtre Ă©vitĂ©s, Ă moins que cela ne fasse que charger dâencore plus de besoins ses dĂ©sirs, quâil a dĂ©jĂ bien assez de difficultĂ© Ă satisfaire. Sâil veut une longue vie, qui va lui soutenir que ce ne serait pas lĂ une longue misĂšre ? Sâil veut du moins la santĂ©, combien de fois les ennuis physiques lâont-ils prĂ©servĂ© dâexcĂšs oĂč lâaurait fait tomber une pleine santĂ©, etc. Bref, il est incapable de dĂ©terminer selon un principeâ avec une complĂšte certitude ce qui le rendrait vraiment heureux, â car pour cela lâomniscience serait indispensable. [âŠJ le bonheur est un idĂ©al, non pas de la raison*, mais de lâimaginationâ. Emmanuel KANT, MĂ©taphysique des moeurs, t. I, Fondation 1785 Kant Eclaircissement 1. IdĂ©e indĂ©terminĂ©e du bonheurTous nous souhaitons ĂȘtre heureux MAIS nul ne sait vraiment ce quâil veut. 2. Si dĂ©sir de richesse soucis et embĂ»ches 3. Si dĂ©sir de connaissances risque dâaboutir Ă une acuitĂ© du regard qui rendra la vie plus difficile. Ou Ă connaitre plus de chosesâŠvouloir plus de choses et donc ĂȘtre plus Si dĂ©sire de longue vie il ne peut pas savoir la qualitĂ© de cette vie et ce sera peut ĂȘtre une longue misĂšre »5 Si dĂ©sire la santĂ© risque de ne pas se prĂ©server et donc de tomber bien plus Lâhomme est incapable de dĂ©terminer ce qui le rendrait vraiment heureux parce quâil nâest pas omniscient, quâil ne connait pas toutes les consĂ©quences de ses Le bonheur = idĂ©al de lâimagination mais pas de la raison Donc on cherche sans trouver puisquâon ne sait pas trĂšs bien ce quâon cherche et que le chemin du bonheur peut ĂȘtre semĂ© dâembĂ»ches que nous nâavions pas prĂ©vues.IdĂ©al câest ce vers quoi lâon tend NĂ© Ă Dantzig en 1788, Arthur Schopenhauer a dĂ©jĂ achevĂ© Ă 30 ans son oeuvre majeure Le Monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation 1818-1819. Son succĂšs sera aussi Ă©clatant que tardif. Il meurt Ă Francfort en 1860, laissant son caniche pour seul hĂ©ritier. J ai reconnu mon bonheur au bruit quâil a fait en partant »⊠Nous ressentons la douleur, mais non lâabsence de douleur ; le souci, mais non lâabsence de souci ; la crainte, mais non la sĂ©curitĂ©. Nous ressentons le dĂ©sir, comme nous ressentons la faim et la soif ; mais aussitĂŽt que le dĂ©sir est rempli, il devient comme les aliments dont la saveur disparaĂźt dĂšs quâon les avale. Nous remarquons douloureusement lâabsence des joies et des plaisirs, et nous les regrettons aussitĂŽt ; au contraire, la disparition de la douleur, alors mĂȘme que nous lâavons ressentie pendant longtemps, nâest pas vĂ©ritablement ressentie ; nous y pensons Ă la rigueur parce que nous dĂ©cidons dây penser âŠ. Seules, en effet, la douleur et la privation peuvent produire une impression active, et par lĂ se dĂ©noncer elles-mĂȘmes. Le bien-ĂȘtre, au contraire, ne se manifeste que par son absence. Aussi nâapprĂ©cions-nous pas les trois plus grands biens de la vie, la santĂ©, la jeunesse et la libertĂ©, tant que nous les possĂ©dons ; pour en comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus âŠ. Que notre vie Ă©tait heureuse, nous ne nous en apercevons quâau moment oĂč ces jours heureux ont fait place Ă des jours malheureux. »Arthur Schopenhauer, Le monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation, 1859 âLa satisfaction, le bonheur, comme lâappellent les hommes, nâest au propre et dans son essence* rien que de nĂ©gatif, en elle, rien de positif. Il nây a pas de satisfaction qui dâelle-mĂȘme et comme de son propre mouvement vienne Ă nous ; il faut quâelle soit la satisfaction dâun dĂ©sir. Le dĂ©sir, en effet, la privation, est la condition prĂ©liminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le dĂ©sir et par consĂ©quent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient ĂȘtre quâune dĂ©livrance Ă lâĂ©gard dâune douleur, dâun besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espĂšce de dĂ©sir qui, par son importunitĂ©,trouble notre repos, et mĂȘme cet ennui qui tue, qui nous fait de lâexistence un fardeau. Or câest une entreprise difficile dâobtenir, de conquĂ©rir un bien quelconque ; pas dâobjet qui ne soit sĂ©parĂ© de nous par des difficultĂ©s, des travaux sans fin ; sur la route, Ă chaque pas, surgissentdes obstacles. Et la conquĂȘte une fois faite, lâobjet atteint, quâa-t-on gagnĂ© ? Rien assurĂ©ment, que de sâĂȘtre dĂ©livrĂ© de quelque souffrance, de quelque dĂ©sir, dâĂȘtre revenu Ă lâĂ©tat oĂč lâon se trouvait avant lâapparition de ce dĂ©sir. Le fait immĂ©diat pour nous, câest le besoin tout seul câest-Ă -dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaĂźtre quâindirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passĂ©e,quâelles ont chassĂ©es tout dâabord. VoilĂ pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous nâen avons pas une vraie conscience, nous ne les apprĂ©cions pas ; il nous semble quâil nâen pouvait ĂȘtre autrement ; et, en effet, tout le bonheur quâils nous donnent, câest dâĂ©carter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilĂ la chose positive, et qui sans intermĂ©diaire sâoffre Ă Le Monde comme VolontĂ© et comme ReprĂ©sentation Livre IV, §58 Schopenhauer Interview fictive pour le nouvel Obs ! La mĂ©thode Schopenhauer La mĂ©thode Schopenhauer article du nouvel ObsTout le monde nâa pas la chance de pouvoir paisiblement envisager la vie humaine, la sienne en particulier, comme une perturbation inutilement pĂ©nible dans le bienheureux repos du nĂ©ant».Il est trĂšs facile dâĂȘtre extrĂȘmement malheureux au cours dâune vie. Il est tout Ă fait impossible, en revanche, dâĂȘtre trĂšs heureux, soulignait Schopenhauer. MĂȘme le plus favorisĂ© des hommes a nĂ©cessairement des proches quâil verra mourir un jour. Ou un chien, Ă dĂ©faut. Ou une maĂźtresse qui le quitteraâŠ. Nul nâĂ©chappe jamais tout Ă fait Ă lâinfinie douleur que contient chaque parcelle dâun monde aussi diaboliquement agencĂ©. Il est donc puĂ©ril de croire que nous sommes lĂ pour conquĂ©rir le bonheur. Tout au plus peut-on tenter de sâorganiser militairement contre la souffrance. Ou, en langage schopenhauĂ©rien la seule dĂ©finition possible dâune vie heureuse serait une existence qui, aprĂšs mĂ»re et froide rĂ©flexion, pourrait ĂȘtre tenue pour prĂ©fĂ©rable au fait de ne pas avoir existĂ©. Câest peu, on en conviendra. Câest mĂȘme la plus triste figure du bonheur qui se puisse concevoir, diront certains. Câest dĂ©jĂ bien, au dire de SchopenhauerLâinconvĂ©nient dâexisterPour Ă©laborer ce genre de vues rĂ©jouissantes, le gĂ©nie de Francfort sâest beaucoup inspirĂ©, on le sait, de la pensĂ©e bouddhiste, la vraie, non pas celle Ă©dulcorĂ©e par de rĂ©cents disciples savait que lâatteinte du nirvana, cet Ă©tat de quiĂ©tude parfaite visĂ© par la tradition hindoue, exige avant tout lâextinction du dĂ©sir, source perpĂ©tuelle dâespoirs trompĂ©s et de souffrances inexprimables. Il ne serait pas faux non plus dâenvisager ses vues comme une longue mĂ©ditation de lâEcclĂ©siaste Tout est vanitĂ©.» Tant que dure la vie humaine, en effet, la quĂȘte du bonheur se fixe sur certaines images communes, souvent hĂ©ritĂ©es de lâenfance, de vrais lutins qui nous harcĂšlent et qui sitĂŽt atteints sâĂ©vanouissent, ne tenant rien de ce quâils promettaient. Le mieux que lâon puisse souhaiter est donc de parvenir au stade oĂč lâon comprend que toutes les noix sont creuses, aussi dorĂ©es quâelles puissent sembler. Quiconque, sâĂ©tant pĂ©nĂ©trĂ© des enseignements de ma philosophie, sait que toute notre existence est une chose qui devrait plutĂŽt ne pas ĂȘtre, et que la suprĂȘme sagesse consiste Ă la nier et Ă la repousser.»Dans un monde oĂč câest la mĂ©diocritĂ© qui gouverne et la sottise qui parle haut, chacun doit se barricader en soi pour se garder du pire. On nâest pas loin ici de la citadelle intĂ©rieure» prĂ©conisĂ©e par la sagesse stoĂŻcienne. Cette forteresse-lĂ , avertit Schopenhauer, doit avoir les bases les plus Ă©troites possible. Plus on cultive dâaffections diverses, plus on prend dâintĂ©rĂȘt aux affaires extĂ©rieures, plus on sâexpose. Le bonheur passe par lâautosuffisance. Un Ă©tat qui a moins Ă voir avec lâĂ©goĂŻsme bourgeois quâavec le retranchement bienheureux de lâartiste, du penseur, ou de tout grand caractĂšre capable de tirer toute sa joie de son fonds propre. Seul le gisement des jouissances spirituelles est en revanche Ă ceux qui doivent sans relĂąche sâaventurer hors de leurs gonds pour tuer lâennui â soit les cinq sixiĂšmes de lâhumanitĂ© Ă ses dires. Les plaisirs sensuels sont les seuls quâils puissent rĂ©ellement entendre. On en a vu pour qui les huĂźtres et le champagne constituent le summum de lâexistence», note comiquement le misanthrope. Contraints de cultiver toutes sortes de dadas plus ou moins ineptes, les hommes peuvent aussi choisir de se noyer dans le travail, les mondanitĂ©s, les soucis domestiques ou les sous-vĂȘtements fĂ©minins. Seulement voilĂ , dĂšs que lâon sort de soi-mĂȘme, il nây a que des coups Ă prendre et de mauvaises rencontres Ă faire. MĂȘme les rĂ©unions amicales sont Ă limiter, tant elles supposent de lĂąches compromis pour se rendre compatible, ou simplement supportable. Qui nâaime pas la solitude nâaime pas la libertĂ©, car on est libre quâen Ă©tant seul.» RĂ©sumĂ© Pour Schopenhauer, le bonheur est prĂ©cisĂ©ment ce dont nous ne pouvons jamais jouir, parce quâil repose sur un Ă©tat de satisfaction des dĂ©sirs ; or un dĂ©sir satisfait disparaĂźt. Par consĂ©quent, pour Schopenhauer, le bonheur est par dĂ©finition un Ă©tat dans lequel nous ne sommes pas encore câest lâĂ©tat que lâon rĂȘve et dans lequel un dĂ©sir qui se rĂ©vĂšle actuellement Ă nous en tant que manque sera satisfait, ou dans lequel nous ne sommes plus lâĂ©tat que lâon se remĂ©more et dans lequel un dĂ©sir qui est actuellement frustrĂ© se trouvait satisfait.Nous ne prenons conscience dâun dĂ©sir que lorsquâil est frustrĂ©, lorsque son objet manque il va donc de soi que nous sommes incapables de jouir de ceux de nos dĂ©sirs qui sont satisfaits. Nous ne prenons conscience de cette satisfaction que lorsquâelle a cessĂ© nostalgie, ou lorsquâelle nâest pas encore rĂ©alisĂ©e attente.Câest le paradoxe du dĂ©sir Tant que le dĂ©sir est insatisfait, jâen suis conscient, jâen souffre, lâabsence de lâobjet cause un sentiment de frustration. Mais dĂšs quâil est satisfait, le dĂ©sir disparaĂźt. Par consĂ©quent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant oĂč la sensation de manque disparait, ou la frustration est en train de disparaĂźtre ; mais dĂšs que la satisfaction est effectuĂ©e, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes dĂ©sirs, puisque je ne suis mĂȘme plus conscient de dĂ©sirer quelque chose. On pourrait donc dire du dĂ©sir quâil vise un Ă©tat de satisfaction qui, en lui-mĂȘme, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que lĂ oĂč il y a dĂ©sir et un dĂ©sir satisfait⊠la logique paradoxale du dĂ©sir dĂ©coule, selon Schopenhauer, que le bonheur est absolument inaccessible Ă lâhomme. Non pas parce que ses dĂ©sirs seraient impossibles Ă satisfaire ; mais parce que lâhomme ne prend conscience de ses dĂ©sirs que lorsquâils ne sont pas satisfaits. Si le bonheur est lâĂ©tat de satisfaction de tous les dĂ©sirs, il est par excellence lâĂ©tat dont on ne se rend pas compte ! Bref le bonheur est par nature ce qui nâest plus, ou pas le paradoxe du dĂ©sir Tant que le dĂ©sir est insatisfait, jâen suis conscient, jâen souffre, lâabsence de lâobjet cause un sentiment de frustration. Mais dĂšs quâil est satisfait, le dĂ©sir disparaĂźt. Par consĂ©quent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant oĂč la sensation de manque disparait, ou la frustration est en train de disparaĂźtre ; mais dĂšs que la satisfaction est effectuĂ©e, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes dĂ©sirs, puisque je ne suis mĂȘme plus conscient de dĂ©sirer quelque chose. On pourrait donc dire du dĂ©sir quâil vise un Ă©tat de satisfaction qui, en lui-mĂȘme, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que lĂ oĂč il y a dĂ©sir et un dĂ©sir satisfait⊠disparaĂźt. Sigmund FREUD 1856 â 1939 Sigmund Freud est un mĂ©decin neurologue *juif autrichien, pionnier de la psychanalyse. Avec Aristote et Descartes, lâhomme Ă©tait un ĂȘtre de raison, mais avec ses thĂ©ories sur lâinconscient, Freud montre que lâhomme nâest pas maitre en sa propre maison». Cette dĂ©couverte aura un retentissement dans de nombreux domaines de pensĂ©e. Ce quâon nomme bonheur, au sens le plus strict, rĂ©sulte dâune satisfaction plutĂŽt soudaine des besoins ayant atteint une haute tension, et nâest possible de par sa nature que sous forme de phĂ©nomĂšne Ă©pisodique. Toute persistance dâune situation quâa fait dĂ©sirer le principe de plaisir* nâengendre quâun bien-ĂȘtre assez tiĂšde ; nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable de nous dispenser une jouissance intense, alors que lâĂ©tat en lui-mĂȘme ne nous en procure que trĂšs peu. Ainsi nos facultĂ©s de bonheur sont dĂ©jĂ limitĂ©es par notre constitution. Or, il nous est beaucoup moins difficile de faire lâexpĂ©rience du malheur. La souffrance nous menace de trois cĂŽtĂ©s dans notre propre corps qui, destinĂ© Ă la dĂ©chĂ©ance et Ă la dissolution, ne peut mĂȘme se passer de ces signaux dâalarme que constituent la douleur et lâangoisse ; du cĂŽtĂ© du monde extĂ©rieur, lequel dispose de forces invincibles et inexorables pour sâacharner contre nous et nous anĂ©antir ; la troisiĂšme menace enfin provient de nos rapports avec les autres ĂȘtres humains. La souffrance issue de cette source nous est plus dure peut-ĂȘtre que tout autre ; nous sommes enclins Ă la considĂ©rer comme un accessoire en quelque sorte superflu, bien quâelle nâappartienne pas moins Ă notre sort et soit aussi inĂ©vitable que celle dont lâorigine est FREUD, Le Malaise dans la culture 1930 Lâinconscient freudien Il y a en moi, dit un chapitre censurĂ© de mon histoire ». ce qui revient Ă dire que jâignore une partie de ce qui me fait agir. Pour la psychanalyse, il existe un inconscient* qui influence, Ă notre insu, nos pensĂ©es conscientes et nos actes. Le moi » ne peut alors se comprendre lui-mĂȘme et selon lâexpression de Freud, il le moi nâest pas maĂźtre dans sa propre maison ». Ă partir de 1923, deuxiĂšme topique Freud dĂ©finit trois instances qui rĂ©gissent nos comportements . Le ça »Lâinconscient âCâest la partie la plus obscure, la plus impĂ©nĂ©trable de notre personnalitĂ©. [Lieu de] Chaos, marmite pleine dâĂ©motions bouillonnantes. Il sâemplit dâĂ©nergie, Ă partir des pulsions, mais sans tĂ©moigner dâaucune organisation, dâaucune volontĂ© gĂ©nĂ©rale; il tend seulement Ă satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaĂźt et ne supporte pas la contradiction. On y trouve aucun signe dâĂ©coulement du tempsâ S. Freud Il sâagit donc de ce quâon appelle communĂ©ment lâinconscient il ne faut pas confondre avec lâinconscience. Nous ignorons ce qui se passe dans notre inconscient. Câest lâespace du refoulĂ© ». Câest Ă lui que nous devons nos lapsus, nos rĂȘves , nos actes manquĂ©s, nos phobies⊠Freud considĂšre le rĂȘve comme la manifestation de cet inconscient qui nous envoie des informations sous des formes dĂ©guisĂ©es et quâil faut interprĂ©ter. On peut sublimer » ces pulsions venues de lâinconscient notamment par la crĂ©ation artistique. Le Surmoi correspond aux interdits sociaux, parentaux ⊠Aux tabous⊠Bref ! A tout ce qui nâest pas socialement correct en fonction de lâĂ©ducation quâon a reçue et de la sociĂ©tĂ© dans laquelle on vit. Le moi Le moi correspond au conscient. âLe moi a pour mission dâĂȘtre le reprĂ©sentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce dernier. En effet, le moi, sans le ça, aspirant aveuglĂ©ment aux satisfactions instinctuelles, viendrait imprudemment se briser contre cette force extĂ©rieure plus puissante que lui. Le moi dĂ©trĂŽne le principe de plaisir, qui, dans le ça, domine de la façon la plus absolue. Il lâa remplacĂ© par le principe de rĂ©alitĂ© plus propre Ă assurer sĂ©curitĂ© et rĂ©ussite.â S. FreudLe moi assure la stabilitĂ© du sujet, en lâempĂȘchant au quotidien de libĂ©rer ses pulsions. III. Le bonheur un art de ne pas souffrir ? 1. Horace et le carpe diem Le vrai sens du carpe diem Ne cherche pas â savoir est interdit â pour moi, pour toi, quelle fin les dieux ont ordonnĂ©e, LeuconoĂ©, ni ne te risque aux calculs babyloniens. Mieux vaut prendre les choses comme elles viendront. Que Jupiter tâait accordĂ© de plus nombreux hivers ou que celui-ci soit le dernier, qui Ă©puise Ă lâassaut de ces rochers usĂ©s la merTyrrhĂ©nienne, avec sagesse, filtre ton vin, taille Ă la mesure de lâinstant la durĂ©e de ton espĂ©rance. Nous parlons et voici jaloux le temps a fui. Cueille chaque jour, ne fais pas crĂ©dit Ă demain. Horace, Odes I,1 EPICURE 341 av. JC â 270 av JC A partir de â 310 Epicure commence Ă enseigner sa propre doctrine philosophique, dâabord Ă MytilĂšne puis Ă Lampsaque. Puis il retourne Ă AthĂšnes et fonde son Ecole, le Jardin. Le Jardin, est une enclave retirĂ©e de la citĂ© oĂč il avait installĂ© sa communautĂ© en 306 Epicure lui-mĂȘme professe et pratique un hĂ©donisme* ascĂ©tique*. Sa nourriture se limite Ă un peu de pain et dâeau, tout juste un petit pot de fromage» pour faire bombance». On est loin de lâimage des pourceaux» dâEpicure prĂ©sentĂ©s par les dĂ©tracteurs comme des oisifs aux appĂ©tits gargantuesques ! Dans la Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e , Epicure fait du plaisir le souverain bien», Mais, il reconnaĂźt dâemblĂ©e que ce ne sont pas les beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les plaisirs des dĂ©bauchĂ©s, ni ceux qui consistent dans les jouissances matĂ©rielles». Mais au contraire une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce quâil faut choisir et de ce quâil faut Ă©viter». Pour celui que ses ennemis accusĂšrent de n avoir pas quittĂ© sa litiĂšre par flemme quand il demeurait torturĂ© par une dysenterie, le plus grand plaisir rĂ©side dans lâabsence de troubles de lâĂąme et du corps lâataraxie, cette quiĂ©tude souveraine visĂ©e par toutes les morales antiques. Epicure construit un systĂšme plaçant au-dessus de tout lâart de ne pas souffrir. Ici, il nâest pas question de jugement moral. LâĂ©picurisme ne condamne pas. Chacun est libre de sâautoriser Ă lâoccasion quelques extras. Mais certains plaisirs, on le sait, se paient de beaucoup de chagrins. DĂšs lors, un prĂ©cautionneux calcul des peines et des plaisirs sâimpose. Il y a 4 principales causes du trouble de lâĂąme, la crainte des dieux, la crainte de la mort, la crainte de la douleur, lâexcĂšs les dĂ©sirs illimitĂ©s Mais il existe aussi des remĂšdes, câest le tĂ©trapharmakon Ne pas craindre les dieux, qui vivent dans des mondes sĂ©parĂ©s du nĂŽtre, et ne sâoccupent pas des affaires des hommes. Pour Epicure, il nâexiste que les atomes et le vide. Et tous les ĂȘtres ne sont que des composĂ©s dâatomes. Et câest le hasard qui ordonne le monde et non une finalitĂ© ou une Instance supĂ©rieure. Quant aux dieux, ils sont la plus parfaite combinaison dâatomes. Mais ils sont nĂ©anmoins immortels et bienheureux. Ce qui peut paraitre paradoxal. Ne pas craindre la douleur par notre volontĂ©, on peut la limiter ; si elle est trop forte, on peut lâendurer ou bien on en meurt, mais il faut Ă tout prix tĂącher de lâĂ©viter. Ne pas vivre dans lâexcĂšs le bonheur terrestre est possible ; les sens permettent de lâatteindre mais lâexcĂšs devient un mal. Il faut donc vivre dans la simplicitĂ©, dans la tempĂ©rance câest lâadage Nihil nimis » rien de trop Il faut donc nous libĂ©rer des innombrables faux besoins. Tout dĂ©sir nâest pas Ă satisfaire. Pour le sage du Jardin, ils sont de trois sortes Pourquoi ne faut-il pas redouter la mort ?Pour Ăpicure, la mort nâest rien puisquâil ne peut y avoir quelque chose que si nous pouvons ĂȘtre conscients de ce quelque chose. En avoir la sensation. Et puisque le monde est fait dâatomes et que la mort câest la dĂ©sunion des atomes qui se dispersent, il nâest alors plus de conscience. La mort nâest rien puisquâil nây a plus rien pour saisir quelque chose ! Il est donc inutile de craindre la mort. Et il faut se concentrer sur le prĂ©sent de la vie. Il faut se rendre compte que parmi nos dĂ©sirs les uns sont naturels, les autres vains, et que parmi les premiers il y en a qui sont nĂ©cessaires et dâautres qui sont naturels, seulement. Parmi les nĂ©cessaires il y en a qui le sont pour le bonheur, dâautres pour la tranquillitĂ© continue du corps, dâautres enfin pour la vie mĂȘme. Une thĂ©orie non erronĂ©e de ces dĂ©sirs sait en effet rapporter toute prĂ©fĂ©rence et toute aversion Ă la santĂ© du corps et Ă la tranquillitĂ© de lâĂąme, puisque câest la perfection mĂȘme de la vie heureuse. Car tous les actes visent Ă Ă©carter de nous la souffrance et la peur. Lorsquâune fois nous y sommes parvenus, la tempĂȘte de lâĂąme sâapaise, lâĂȘtre vivant nâayant plus besoin de sâacheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour parfaire le bien de lâĂąme et celui du corps. Câest alors en effet que nous Ă©prouvons le besoin du plaisir quand, par suite de son absence, nous Ă©prouvons de la douleur ; mais quand nous ne souffrons pas, nous nâĂ©prouvons plus le besoin du plaisir. Et câest pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. Câest lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme Ă notre nature, câest de lui que nous partons pour dĂ©terminer ce quâil faut choisir et ce quâil faut Ă©viter, et câest Ă lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme dâune rĂšgle pour apprĂ©cier tout bien qui sâoffre. Epicure, Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e Prends lâhabitude de penser que la mort nâest rien pour nous. Car tout bien et tout mal rĂ©sident dans la sensation or la mort est privation de toute sensibilitĂ©. Par consĂ©quent, la connaissance de cette vĂ©ritĂ© que la mort nâest rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective dâune durĂ©e infinie, mais en nous enlevant le dĂ©sir de lâimmortalitĂ©.⊠Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus dâhorreur, la mort, nâest rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mĂȘmes, la mort nâest pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort nâexiste ni pour les vivants ni pour les morts, puisquâelle nâa rien Ă faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantĂŽt fuit la mort comme le pire des maux, tantĂŽt lâappelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il nâa pas peur non plus de ne plus vivre car la vie ne lui est pas Ă charge, et il nâestime pas non plus quâil y ait le moindre mal Ă ne plus vivre. De mĂȘme que ce nâest pas toujours la nourriture la plus abondante que nous prĂ©fĂ©rons, mais parfois la plus agrĂ©able, pareillement ce nâest pas toujours la plus longue durĂ©e quâon vent recueillir, mais la plus agrĂ©able. Quant Ă ceux qui conseillent aux jeunes gens de bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dĂ©pourvu de sens, non seulement parce que la vie a du bon mĂȘme pour le vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font quâun. Emission sur Epicure et lâĂ©picurisme⊠Une vie de nouba perpĂ©tuelle contre une existence de fakir masochiste⊠VoilĂ , Ă peu de choses prĂšs, la caricature qui colle Ă la peau des deux plus grandes Ă©coles rivales de la pensĂ©e grecque, apparues Ă AthĂšnesâŠ. Epicurisme contre stoĂŻcisme, philosophie du plaisir contre philosophie de la vertu. partant de principes si opposĂ©s, le sage Ă©picurien ne menait pas une vie si Ă©loignĂ©e de celle de lâaustĂšre stoĂŻcien. source Nouvel Observateur StoĂŻcien philosophes du Portique, le stoa Pour les stoĂŻciens, le sage est celui qui met en conformitĂ© ses actions avec lâordre de la nature. Le stoĂŻcisme vise lui aussi lâataraxie mais par la vertu et la raison. A partir de â 310 Epicure commence Ă enseigner sa propre doctrine philosophique, dâabord Ă MytilĂšne puis Ă Lampsaque. Puis il retourne Ă AthĂšnes et fonde son Ecole, le Jardin. Au Jardin, cette enclave retirĂ©e de la citĂ© oĂč il avait installĂ© sa communautĂ© en 306 avant JĂ©sus-Christ, Epicure lui-mĂȘme professe et pratique un hĂ©donisme[1] ascĂ©tique. Sa nourriture se limite Ă un peu de pain et dâeau, tout juste un petit pot de fromage» pour faire bombance». Et quand il ne se consacre pas Ă ses cours, il Ă©crit. On est loin de lâimage des pourceaux» bĂąfreurs et oisifs dĂ©crits par les dĂ©tracteurs du mouvement. Alors quâen est- il du bonheur divin promis par le maĂźtre du plaisir? Une publicitĂ© mensongĂšre? Quand, dans la Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e», Epicure fait du plaisir le souverain bien», il reconnaĂźt dâemblĂ©e que ce ne sont pas les beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les plaisirs des dĂ©bauchĂ©s, ni ceux qui consistent dans les jouissances matĂ©rielles». Mais au contraire une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce quâil faut choisir et de ce quâil faut Ă©viter». Pour celui que ses ennemis accusĂšrent de n avoir pas quittĂ© sa litiĂšre par flemme quand il demeurait torturĂ© par une dysenterie, le plus grand plaisir rĂ©side dans lâabsence de troubles de lâĂąme et du corps lâataraxie, cette quiĂ©tude souveraine visĂ©e par toutes les morales antiques. Il y a ce qui dĂ©pend de nous, il y a ce qui ne dĂ©pend pas de nous. DĂ©pendent de nous lâopinion, la tendance, le dĂ©sir, lâaversion, en un mot toutes nos oeuvres propres ; ne dĂ©pendent pas de nous le corps, la richesse, les tĂ©moignages de considĂ©ration, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dĂ©pendent de nous sont naturellement libres, sans empĂȘchement, sans entrave ; celles qui ne dĂ©pendent pas de nous sont fragiles, serves*, facilement empĂȘchĂ©es, propres Ă autrui. Rappelle-toi donc ceci si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres Ă toi-mĂȘme les choses propres Ă autrui, tu connaĂźtras lâentrave, lâaffliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ;mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre Ă autrui ce qui est, de fait, propre Ă autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne tâempĂȘchera, tu nâadresseras Ă personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton grĂ©, personne ne te nuira ; tu nâauras pas dâennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage. Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi quâil faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complĂštement Ă certaines choses, et en diffĂ©rer dâautres pour le moment. Si, Ă ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques dâabord de manquer mĂȘme celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-lĂ , et de toute façon tu manqueras assurĂ©ment les biens qui seuls procurent libertĂ© et bonheur. Aussi, Ă propos de toute idĂ©e pĂ©nible, prends soin de dire aussitĂŽt Tu es une idĂ©e, et non pas exactement ce que tu reprĂ©sentes. » Ensuite, examine-la, Ă©prouve-la, examine-la selon les rĂšgles que tu possĂšdes, et surtout selon la premiĂšre, Ă savoir concerne-t-elle les choses qui dĂ©pendent de nous ou celles qui ne dĂ©pendent pas de nous ? Et si elle concerne lâune des choses qui ne dĂ©pendent pas de nous, que la rĂ©ponse soit prĂȘte VoilĂ qui nâest rien pour moi. »ĂpictĂšte, Manuel I Article sur stoĂŻcisme PresqueâŠtout savoir sur le stoĂŻcisme grĂące Ă Roger Paul Roux⊠Heureux dans le pire. Etonnants stoĂŻciens. Roger Pol Roux- Article le Point 05/08/2010Selon eux, rien nâentame le bonheur du sage. Maladie, pauvretĂ©, exil, prison⊠pas un malheur ne lâaffecte. Mais de quel bonheur sâagit-il au juste ? Et quelle leçon en tirer aujourdâhui ? Le taureau de Phalaris. Un tyran, un supplice et un paradoxe ouvrent le chemin. Le tyran se nomme Phalaris. Il rĂšgne par la terreur et lâassassinat, comme il se doit, et passe pour singuliĂšrement dĂ©pravĂ©- on lui attribue une attirance pour le cannibalisme. Cette rĂ©putation fait que, dans lâAntiquitĂ©, le nom de cet homme, qui rĂ©gna sur Agrigente au VIe siĂšcle avant notre Ăšre, devint synonyme de cruautĂ© plaire Ă Phalaris, un sculpteur eut une idĂ©e de supplice artistique. Il fabriqua un vaste taureau dâairain, aux naseaux garnis de flĂ»tes. Quand le tyran voudra se dĂ©barrasser dâun adversaire, il suffira dâintroduire ce malheureux dans le taureau et dâallumer le feu sous la statue. Le gĂȘneur meurt atrocement mais, en hurlant, fait rĂ©sonner harmonieusement les flĂ»tes. Pour les Anciens, le taureau de Phalaris a symbolisĂ© lâhorreur absolue souffrance sans Ă©chappatoire, mort honteuse dans lâobscuritĂ© et les suffocations, sous les rires dâun maĂźtre sanguinaire. Pourtant, voilĂ quâon nous dit que, mĂȘme dans cette situation de malheur extrĂȘme, le sage stoĂŻcien serait heureux ! Bon nombre de textes grecs et latins jusquâĂ CicĂ©ron reprennent en effet cette affirmation difficile Ă croire pour lâhomme occidental contemporain. VoilĂ donc le paradoxe Ă examiner Dans lâagonie la plus effroyable et la plus injuste, comment demeurer inaltĂ©rablement serein et souverainement heureux ? MĂȘme en faisant sa part Ă lâexagĂ©ration, il faut interroger cet exemple. Etre heureux quoi quâil advienne, est-ce concevable ? Par quels moyens ? Quel genre de bonheur est-ce lĂ ? A ces questions, les stoĂŻciens ont rĂ©pondu, en paroles et en actes, cinq siĂšcles durant. Ce qui dĂ©pend de nous et ce qui nâen dĂ©pend pas. En effet, câest vers 300 avant notre Ăšre que ZĂ©non de Citium commence Ă enseigner cette doctrine nouvelle. Il rĂ©unit ses premiers disciples, sur lâagora dâAthĂšnes, sous le Portique peint ou Poecile Stoa PoikilĂš â le nom va leur rester les gens du Portique, stoikoĂŻ, les stoĂŻciens. PhĂ©nicien dâorigine, ZĂ©non est arrivĂ© jeune dans la capitale de la philosophie. Sa cargaison de pourpre sâĂ©tant abĂźmĂ©e en mer, il est ruinĂ© mais sâintĂ©resse Ă la sagesse. Aucun des cours quâil suit ne le satisfait . Câest pourquoi il finit par fonder sa propre Ă©cole, destinĂ©e Ă changer de vie plutĂŽt quâĂ discourir. Le succĂšs du stoĂŻcisme commence Il enseigne la faim et trouve des disciples â, souligne une comĂ©die de lâĂ©poque. Quelques siĂšcles plus tard, quand lâempereur Marc AurĂšle meurt sur les bords du Danube, en 180 de notre Ăšre, le stoĂŻcisme est une doctrine au faĂźte de sa gloire. Elle rassemble les meilleurs esprits de Rome, influence dâinnombrables Ćuvres. ⊠La maniĂšre la plus simple dââaborder la morale stoĂŻcienne est fournie par EpictĂšte. Ancien esclave, cet homme austĂšre enseigne, vers le dĂ©but du IIe siĂšcle de notre Ăšre, les moyens dâatteindre le bonheur dans un monde hostile. Leçons stoĂŻciennes Leçon 1 discerner clairement entre les faits et nos reprĂ©sentations. Lâessentiel ne se joue pas dans les circonstances, mais dans ce que nous en pensons. Jâai un accident, je suis blessĂ©, il mâen restera des sĂ©quelles â voilĂ des faits, je nây peux rien. En revanche, vivre cette Ă©preuve comme une catastrophe dĂ©primante ou comme un dĂ©fi stimulant, pour EpictĂšte, cela ne dĂ©pend que de moi. RĂšgle dâor de ce stoĂŻcisme distinguer entre ce qui dĂ©pend de nous et ce qui nâen dĂ©pend pas. Notre volontĂ©, nos pensĂ©es, nos reprĂ©sentations et nos jugements sont en notre pouvoir. Pourquoi ? Parce que nous sommes, par nature, des ĂȘtres douĂ©s de raison la raison en nous commande si rien ne lâentrave. Nous sommes donc radicalement libres, au sens oĂč rien au monde ne peut faire plier notre volontĂ© ni manipuler notre pensĂ©e. Impossible de faire que nous voulions ce que nous ne voulons pas. La volontĂ© pensante est une forteresse. Le tyran peut toujours menacer, emprisonner, torturer, exĂ©cuter ; jamais il nâaura le pouvoir de faire que je ne pense pas ce que je pense. Ce que je veux, juge et dĂ©cide ne dĂ©pend que de moi. Ce principe directeur interne est notre â citadelle intĂ©rieure â. Imprenable et invincible. Reste Ă savoir comment elle peut nous prĂ©server du malheur, et si cela suffit Ă ĂȘtre heureux. Au dĂ©but du â Manuel â dâEpictĂšte, la liste des choses qui â ne dĂ©pendent pas de nous â peut surprendre le corps, la richesse, la rĂ©putation, le pouvoir. Il semble Ă©vident que nous ne sommes pas dĂ©pourvus dâaction dans ces domaines. Ne faisons-nous pas ce que nous pouvons pour ĂȘtre en bonne santĂ© ? Pour amĂ©liorer nos revenus, pour Ă©viter la misĂšre ? Du coup, on peut avoir du mal Ă comprendre que tout cela ne dĂ©pende pas de nous. En fait, jamais les stoĂŻciens ne nient lâexistence de ces actions ni ne conseillent de les abandonner. Ce quâils soutiennent est plus subtil. Quels que soient nos efforts pour ĂȘtre prospĂšre, le rĂ©sultat nâest jamais garanti. Par dĂ©finition, nous ne maĂźtrisons pas le hasard malgrĂ© nos soins, peuvent nous tomber dessus maladie, misĂšre, calomnie, disgrĂące. Le bonheur ne peut donc ĂȘtre assurĂ© par aucune circonstance extĂ©rieure â quâelle soit corporelle, financiĂšre ou sociale. Nous ne contrĂŽlons absolument que notre volontĂ© pensante. Câest donc elle seule qui doit pouvoir nous permettre dâĂȘtre heureux, dans toutes les situations, mĂȘme les pires. Ainsi, quoi que le sort lui rĂ©serve, le sage stoĂŻcien va pouvoir demeurer inaccessible au malheur. Il peut ĂȘtre, comme dit EpictĂšte,â malade et heureux, en danger et heureux, mourant et heureux, exilĂ© et heureux, mĂ©prisĂ© et heureux â. Le contresens imaginer le stoĂŻcien masochiste. Croire que la souffrance le rend heureux serait une complĂšte erreur. En fait, la douleur lui est aussi indiffĂ©rente que le plaisir dans ce domaine, rien ne lâatteint, car tout ce qui est hors de notre pouvoir lui paraĂźt indiffĂ©rent. Mais il nâentre aucune volontĂ© de mortification dans cette stratĂ©gie de sĂ©paration radicale entre circonstances et jugements. Les stoĂŻciens parviennent mĂȘme Ă combiner l'â indiffĂ©rent â et le â prĂ©fĂ©rable â. Sauf cas particulier, rechercher la maladie, la misĂšre ou lâhumiliation est insensĂ©. SantĂ©, richesse, pouvoir sont donc prĂ©fĂ©rables. Mais, dâun autre cĂŽtĂ©, ce sont aussi des choses indiffĂ©rentes, car leur perte aux yeux des stoĂŻciens est sans consĂ©quences ces Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs ne conditionnent pas leur bonheur. Citadelle intĂ©rieure. ProtĂ©gĂ© des fluctuations du hasard, blindĂ© contre les coups du sort et les revers de fortune, voilĂ donc notre stoĂŻcien⊠stoĂŻque â impassible et indestructible. Mais heureux ? En quel sens ? Pour lâentrevoir, il reste Ă faire un autre chemin. Car le sage ne sâest pas seulement soustrait au malheur, mais de maniĂšre positive il veut le bien, pratique la vertu, aime la totalitĂ© du cosmos et vit selon la nature. Pour lui, ce ne sont pas lĂ des activitĂ©s distinctes, mais une seule et mĂȘme façon de conduire son existence â en lâoccurrence, celle qui rend heureux. AssurĂ©ment, ce bonheur du sage est loin de ce que nous nommons communĂ©ment par ce terme. Dans la conception usuelle, il entre toujours une part de plaisir et une part dâalĂ©atoire â qui rend Ă nos yeux le bonheur toujours fragile, exposĂ©, destructible. Aristote, dans l'â Ethique Ă Nicomaque â, est plus proche de cette vision commune que les stoĂŻciens un homme heureux se reconnaĂźt selon lui Ă une certaine combinaison dâhonnĂȘtetĂ©, dâaisance matĂ©rielle et de reconnaissance sociale. Câest seulement aprĂšs sa mort quâon pourra dire que sa vie a Ă©tĂ© heureuse car, tant quâil vit, un cataclysme peut tout remettre en question, transformer en naufrage cette existence rĂ©ussie. Aux yeux dâAristote, si la vertu est bien une condition nĂ©cessaire du bonheur, elle nâest pas suffisante. Au contraire, aux yeux des stoĂŻciens, la vertu suffit entiĂšrement Ă ĂȘtre heureux. Mais quâest-ce que cela veut dire ? Le coup de gĂ©nie de ZĂ©non de Citium fut de faire fusionner la raison, la nature et le bien. Câest une seule et mĂȘme chose, pour un stoĂŻcien, de vivre selon la raison et la nature. Le sage, en dĂ©sirant le bien, ne veut rien dâextĂ©rieur au monde, rien mĂȘme de diffĂ©rent de ce qui est. Il ne veut pas autre chose que lâordre du monde tel quâil est, dans sa cohĂ©rence profonde et son harmonie intelligente. Car, Ă la base du stoĂŻcisme, se tient la conviction que le cosmos est ordonnĂ©, que tout sây enchaĂźne et quâil appartient Ă chacun dây jouer sa partition. La vertu nâest rien dâautre, et elle Ă©mane de nos instincts, si nous savons les comprendre. Nous nous trompons donc si nous imaginons que la â vertu â consiste Ă suivre un idĂ©al, un modĂšle hors du monde, une valeur transcendante. Ce nâest pas du tout ce que les stoĂŻciens ont en tĂȘte. La vertu, finalement, nâest pour eux rien dâautre que la vie, conduite selon cette vue exacte que la raison nous permet dâavoir de la nature et de nous-mĂȘme. Si la vertu procure le bonheur, ce nâest donc pas comme consĂ©quence dâun moralisme. Le bonheur nâest pas la rĂ©compense du vertueux, un supplĂ©ment rĂ©sultant de sa bonne conduite. Pour les stoĂŻciens, il est rigoureusement identique Ă la vie sage et ne sâen distingue pas. Ce nâest donc pas un bonheur simplement nĂ©gatif. Lâaccent mis sur lâabsence de troubles lâataraxie et lâabsence de passions lâapathie risque de faire oublier quâil ne sâagit pas seulement de se soustraire au malheur. Le stoĂŻcien est heureux parce quâil ne fait quâun avec lâordre du cosmos. Le malheur des hommes ne pas se servir de leur raison, se tromper de bien, poursuivre des chimĂšres en les croyant rĂ©elles. Le bonheur du sage ne vouloir que le bien, comprendre lâordre du monde et la place de chacun, acquiescer au destin. La citadelle intĂ©rieure nâest donc pas seulement un refuge. Câest un lien avec le monde et les autres. Ce nâest pas par hasard que les stoĂŻciens ont insistĂ© sur le cosmopolitisme, lâĂ©galitĂ© des hommes, la dignitĂ© des esclaves et la participation du sage aux affaires de la CitĂ©. Lâentente et la coopĂ©ration appartiennent Ă lâordre de la nature â il convient de les restaurer chaque fois que les Ă©garements de la civilisation viennent les perturber et menacent de les dĂ©truire. LE STOICISME ET LâEPICURISME Similitudes et diffĂ©rences Le but de ces deux philosophies est le bonheur, la sĂ©rĂ©nitĂ©, la tranquillitĂ© de lâĂąme. 4. Nietzsche Amor fati » et Ă©ternel retour Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur⊠non seulement la lumiĂšre mais aussi lâobscuritĂ© ». F. Nietzsche Ma formule pour la grandeur de lâhomme est amor fati que lâon ne veuille rien avoir diffĂ©remment, ni par le passĂ©, ni par le futur, de toute Ă©ternitĂ©. Il ne faut pas seulement supporter le nĂ©cessaire, encore moins se le cacher â tout idĂ©alisme est mensonge face Ă la nĂ©cessitĂ© â, il faut aussi lâaimerâŠÂ» Nietzsche in Ecce Homo Nietzsche et lâĂ©ternel retour La pensĂ©e de Nietzsche LâidĂ©e de lâĂ©ternel retour est lâidĂ©e que ce monde plein de mal et dâabsurditĂ© reviendra idĂ©e rĂ©concilie devenir et Ă©ternitĂ©, et surtout elle permet de mesurer la force dâun esprit le vĂ©ritable immoraliste, le vĂ©ritable philo sophe sera celui qui est capable de supporter cette pensĂ©e, de vouloir lâĂ©ternel contemplation joyeuse du monde cruel et tragique culmine dans la pensĂ©e de lâĂ©ternel retour. Il sâagit de penser le monde non pas sous lâespĂšce de lâĂ©ternitĂ©, mais sous lâespĂšce du devenir aussi nous pousser Ă vivre chaque instant de notre vie avec lâidĂ©e suivante accepterais-je de le revivre ? A ât-il Ă©tĂ© assez fort pour cela ?Amor fati ⊠Et donc Ă regarder notre prĂ©sent autrement. Admettons que nous soyons destinĂ©s Ă revivre Ă©ternellement ce que nous vivons aujourdâhui que penserions-nous de cette perspective? De notre rĂ©ponse dĂ©pendra notre prĂ©sent. Et si un jour ou une nuit, un dĂ©mon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait Cette vie, telle que tu la vis et lâa vĂ©cue, il te faudra la vivre encore une fois et encore dâinnombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensĂ©e et soupir et tout ce quâil y a dans ta vie dâindiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la mĂȘme succession et le mĂȘme enchaĂźnement â et Ă©galement cette araignĂ©e et ce clair de lune entre les arbres, et Ă©galement cet instant et moi-mĂȘme. Un Ă©ternel sablier de lâexistence est sans cesse renversĂ©, et toi avec lui, poussiĂšre des poussiĂšres! » â Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le dĂ©mon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vĂ©cu une fois un instant formidable oĂč tu lui rĂ©pondrais Tu es un dieu et jamais je nâentendis rien de plus divin!» Si cette pensĂ©e sâemparait de toi, elle te mĂ©tamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-ĂȘtre, tâĂ©craserait; la question, posĂ©e Ă propos de tout et de chaque chose, veux-tu ceci encore une fois et encore dâinnombrables fois?» ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-mĂȘme et la vie pour ne plus aspirer Ă rien dâautre quâĂ donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et Ă©ternel ? Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir 1882-1887, § 341 Luc Ferry sur lâĂ©ternel retour Article sur Nietzsche Une interview fictive de lâauteur de Zarathoustra L'interview Entretien presque authentique avec Friedrich NietzscheLe bonheur est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il sâenfuit; si vous lâignorez, il accourt. Friedrich Nietzsche Röcken 1844, Weimar 1900 a notamment publiĂ© Humain, trop humain», le Gai Savoir», Ainsi parlait Zarathoustra» et Par-delĂ le bien et le mal». Contre les valeurs de lâidĂ©alisme platonicien et chrĂ©tien, il sâest attachĂ© Ă comprendre les conditions de lâĂ©lĂ©vation de lâhomme. Le Nouvel Observateur . â Fuir la douleur est le mot dâordre de toute la philosophie antique, comme celui de votre ancien maĂźtre Schopenhauer. Partagez-vous cette idĂ©e?Friedrich Nietzsche. â Non. Pourquoi rejeter absolument de notre existence le malheur, les terreurs, les privations, les minuits de lâĂąme? Il y a une nĂ©cessitĂ© personnelle du malheur» et ceux qui veulent nous en prĂ©server ne font pas nĂ©cessairement notre bonheur. Et si le plaisir et le dĂ©plaisir Ă©taient mĂȘme si Ă©troitement liĂ©s que quiconque veut avoir autant que possible de lâun doit aussi avoir autant que possible de lâautre? Car le bonheur et le malheur sont des frĂšres jumeaux qui grandissent ensemble. Demandez-vous si un arbre qui est censĂ© atteindre une noble hauteur peut se dispenser de mauvais temps et de tempĂȘtes. Pour quâil y ait la joie Ă©ternelle de la crĂ©ation, il faut aussi quâil y ait les douleurs de lâenfantement. Toutes les vies sont difficiles; ce qui rend certaines dâentre elles Ă©galement rĂ©ussies, câest la façon dont les souffrances ont Ă©tĂ© O. â Les stoĂŻciens invitaient eux aussi Ă tenir bon» face aux coups durs de lâexistence. F. Nietzsche. â Câest trĂšs diffĂ©rent. Le stoĂŻcisme proposait un genre de vie pĂ©trifiĂ©. Pour ma part, je parle dâintensifier le sentiment dâexistence, en apprenant Ă en connaĂźtre tous les aspects, mĂȘme les plus terrifiants. N. O. â Lâhomme du XXIe siĂšcle semble davantage aspirer Ă la sĂ©curitĂ© et au Nietzsche. â Ah, la religion du bien-ĂȘtre! VoilĂ lâidĂ©ologie du troupeau. Les hommes disent nous avons inventĂ© le bonheur; ils en ont fait une valeur universelle, mais quel est leur bonheur? Une aspiration servile au repos. Lâhomme moderne a renoncĂ© Ă toute grandeur et nâaspire plus quâĂ vivre confortablement, le plus longtemps possible. Il est semblable Ă un puceron hĂ©doniste, il a en aversion le danger et la maladie. Il poursuit un bonheur mesquin et Ă©triquĂ©. La sociĂ©tĂ© de consommation lâasservit aux petits plaisirs. Il voue un culte aux loisirs. Mais si lâon flatte de façon aussi Ă©hontĂ©e la propension naturelle Ă la paresse, câest dans le dessein non avouĂ© dâaffaiblir la volontĂ©, de la rendre incapable dâune application durable. Il sâagit dâanesthĂ©sier la vie plutĂŽt que de la vivre. Aussi ne faut-il pas sâĂ©tonner si la plupart des hommes dâaujourdâhui se liquĂ©fient face Ă la plus infime O. â Quel est votre dĂ©finition du bonheur?F. Nietzsche. â Le sentiment que la puissance grandit, quâune rĂ©sistance est surmontĂ©e. Lâhomme qui est incapable de sâasseoir au seuil de lâinstant en oubliant tous les Ă©vĂ©nements passĂ©s et Ă venir, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce quâest un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux O. â Quels conseils prodigueriez-vous aux hommes en quĂȘte de fĂ©licitĂ©?F. Nietzsche. â A lâindividu qui recherche son bonheur, il ne faut donner aucun prĂ©cepte sur le chemin Ă suivre, car le bonheur individuel jaillit selon ses lois propres, inconnues de tous, il ne peut quâĂȘtre entravĂ© par des prĂ©ceptes venus du dehors. Le vrai secret du bonheur, câest quâon ne peut lâatteindre quâen cessant de le chercher. Il est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il sâenfuit; si vous lâignorez, il accourt sourire. Au fond, lâimportant, ce nâest pas le bonheur, qui nâest quâune idĂ©e, mais la vie rĂ©elle que nous avons Ă expĂ©rimenter. Amor fati, aime ton destin. Câest ma formule du bonheur. Le philosophe ne doit pas cacher la nature tragique du monde, il doit lâenseigner au contraire, et la seule maniĂšre de nous libĂ©rer, câest dâaimer ce qui nous advient. Il faut briser les anciennes tables de la Loi, nous dĂ©gager des valeurs chrĂ©tiennes mortifĂšres, penser par-delĂ le bien et le mal. Nous devons ĂȘtre les poĂštes de notre existence, inventer notre vie, la vivre! La vraie sagesse, ce nâest pas de rechercher le bonheur, câest dâaimer la vie, heureuse ou malheureuseN. O. â Vous-mĂȘme avez beaucoup souffert, physiquement et affectivement â votre histoire dâamour douloureuse avec Lou Andreas-SalomĂ© est lĂ©gendaire. Nâavez-vous jamais dĂ©sespĂ©rĂ© de la vie?F. Jamais! MĂȘme dans les moments oĂč jâai Ă©tĂ© gravement malade, je ne suis pas devenu morbide. La vie ne mâa pas déçu! AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, je la trouvais au contraire plus vraie, plus dĂ©sirable et plus mystĂ©rieuse. Pour moi, elle est un monde de danger et de victoire dans lequel les sentiments hĂ©roĂŻques aussi ont leurs lieux oĂč danser et sâĂ©battre. Avec ce principe au coeur, on peut non seulement vivre courageusement, mais mĂȘme gaiement vivre et gaiement rire! Et qui donc sâentendrait Ă bien rire et Ă bien vivre sâil ne sâentendait dâabord Ă guerroyer et Ă vaincre?Propos presque recueillis par Marie Lemonnier Source le Nouvel Observateur» du 24 dĂ©cembre 2008. IV. Le bonheur par la construction de soi Henri BERGSON 1859-1941 NĂ© Ă Paris, dans une famille juive. AprĂšs des Ă©tudes brillantes, agrĂ©gĂ© de philosophie, Bergson devient professeur. En 1869, il publie Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience, puis entre au CollĂšge de France aprĂšs la parution de son ouvrage MatiĂšre et MĂ©moire 1896 Câest la consĂ©cration. Il devient le plus cĂ©lĂšbre philosophe français. Reçu Ă lâAcadĂ©mie Française, il obtient ensuite le prix Nobel de littĂ©rature en 1928. Il Ă©crit son dernier livre, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion 1932 . En 1937 il avait Ă©crit âMes rĂ©flexions mâont amenĂ© de plus en plus prĂšs du catholicisme oĂč je vois lâachĂšvement le plus complet du judaĂŻsme. Je me serai converti, si je nâavais vu se prĂ©parer depuis des annĂ©es la formidable vague dâantisĂ©mitisme qui va dĂ©ferler sur le monde. Jâai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persĂ©cutĂ©s». Texte La crĂ©ation de soi par soi Lâeffort est pĂ©nible, mais il est aussi prĂ©cieux, plus prĂ©cieux encore que lâĆuvre oĂč il aboutit, parce que, grĂące Ă lui, on a tirĂ© de soi plus quâil nây avait, on sâest haussĂ© au-dessus de soi-mĂȘme. ⊠Les philosophes qui ont spĂ©culĂ© sur la signification de la vie et sur la destinĂ©e de lâhomme nâont pas assez remarquĂ© que la nature a pris la peine de nous renseigner lĂ -dessus elle-mĂȘme. Elle nous avertit par un signe prĂ©cis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir nâest quâun artifice imaginĂ© par la nature pour obtenir de lâĂȘtre vivant la conservation de la vie ; il nâindique pas la direction oĂč la vie est lancĂ©e. Mais la joie annonce toujours que la vie a rĂ©ussi, quâelle a gagnĂ© du terrain, quâelle a remportĂ© une victoire toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout oĂč il y a joie, il y a crĂ©ation plus riche est la crĂ©ation, plus profonde est la joie. La mĂšre qui regarde son enfant est joyeuse, parce quâelle a conscience de lâavoir créé, physiquement et moralement. Le commerçant qui dĂ©veloppe ses affaires, le chef dâusine qui voit prospĂ©rer son industrie, est-il joyeux en âraison de lâargent quâil gagne et de la notoriĂ©tĂ© quâil acquiert ? Richesse et considĂ©ration entrent Ă©videmment pour beaucoup dans la satisfaction quâil ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutĂŽt que de la joie, et ce quâil goĂ»te de joie vraie est le sentiment dâavoir montĂ© une entreprise qui marche, dâavoir appelĂ© quelque chose Ă la vie. Prenez des joies exceptionnelles, celle de lâartiste qui a rĂ©alisĂ© sa pensĂ©e, celle du savant qui a dĂ©couvert ou inventĂ©. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et quâils tirent leurs joies les plus vives de lâadmiration quâils inspirent. Erreur profonde ! On tient Ă lâĂ©loge et aux honneurs dans lâexacte mesure oĂč lâon nâest pas sĂ»r dâavoir rĂ©ussi.[âŠ] Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la crĂ©ation, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison dâĂȘtre dans une crĂ©ation qui peut, Ă la diffĂ©rence de celle de lâartiste et du savant, se poursuivre Ă tout moment chez tous les hommes la crĂ©ation de soi par soi, lâagrandissement de la personnalitĂ© par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse Ă ce quâil y avait de richesse dans le monde ? »Bergson, LâĂnergie spirituelle, La conscience et la vie » 5. Bonheur et Etat font-ils bon mĂ©nage ? TOCQUEVILLEAlexis-Henri-Charles ClĂ©rel, vicomte de Tocqueville, 1805-1859 Penseur politique, homme politique, historien et Ă©crivain français. Il est cĂ©lĂšbre pour ses analyses de la RĂ©volution française, de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine et de lâĂ©volution des dĂ©mocraties occidentales en gĂ©nĂ©ral. Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde je vois une foule innombrable dâhommes semblables et Ă©gaux qui tournent sans repos sur eux-mĂȘmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur Ăąme. Chacun dâeux, retirĂ© Ă lâĂ©cart, est comme Ă©tranger Ă la destinĂ©e de tous les autres ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute lâespĂšce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est Ă cĂŽtĂ© dâeux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il nâexiste quâen lui-mĂȘme et pour lui seul, et sâil lui reste encore une famille, on peut dire du moins quâil nâa plus de de ceux-lĂ sâĂ©lĂšve un pouvoir immense et tutĂ©laire, qui se charge seul dâassurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, dĂ©taillĂ©, rĂ©gulier, prĂ©voyant et doux. Il ressemblerait Ă la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de prĂ©parer les hommes Ă lâĂąge viril; mais il ne cherche, au contraire, quâĂ les fixer irrĂ©vocablement dans lâenfance; il aime que les citoyens se rĂ©jouissent, pourvu quâils ne songent quâĂ se rĂ©jouir. Il travaille volontiers Ă leur bonheur; mais il veut en ĂȘtre lâunique agent et le seul arbitre; il pourvoit Ă leur sĂ©curitĂ©, prĂ©voit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, rĂšgle leurs successions, divise leurs hĂ©ritages; que ne peut-il leur ĂŽter entiĂšrement le trouble de penser et la peine de vivre? ⊠AprĂšs avoir pris ainsi tour Ă tour dans ses puissantes mains chaque individu, et lâavoir pĂ©tri Ă sa guise, le souverain Ă©tend ses bras sur la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre; il en couvre la surface dâun rĂ©seau de petites rĂšgles compliquĂ©es, minutieuses et uniformes, Ă travers lesquelles les esprits les plus originaux et les Ăąmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dĂ©passer la foule; il ne brise pas les volontĂ©s, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement dâagir, mais il sâoppose sans cesse Ă ce quâon agisse; il ne dĂ©truit point, il empĂȘche de naĂźtre; il ne tyrannise point, il gĂȘne, il comprime, il Ă©nerve, il Ă©teint, il hĂ©bĂšte, et il rĂ©duit enfin chaque nation a nâĂȘtre plus quâun troupeau dâanimaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le toujours cru que cette sorte de servitude, rĂ©glĂ©e, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux quâon ne lâimagine avec quelques unes des formes extĂ©rieures de la libertĂ©, et quâil ne lui serait pas impossible de sâĂ©tablir a lâombre mĂȘme de la souverainetĂ© du peuple. Tocqueville, vol II. 1840 La sociĂ©tĂ© actuelle est-elle propice au bonheur ? JusquâoĂč la poitique peut-elle aller pour assurer le bien ĂȘtre des citoyens ? Conseils de philosophes pour accĂ©der au bonheur... Robert Misrahi et la jouissance de vivre⊠Robert Misrahi, le bonheur est une action Vivre la psychologie du bonheur, Mihaly Csikszentmihalyi ThĂ©orie selon laquelle les individus sont les plus heureux lorsquâils sont dans un Ă©tat de flow, un Ă©tat de concentration ou dâabsorption complĂšte dans une les annĂ©es 70, Csikszentmihalyi 1975 a voulu identifier les conditions qui pouvaient caractĂ©riser les moments que les gens dĂ©crivaient parmi les meilleurs de leur vie. Il a interrogĂ© des alpinistes, des joueurs dâĂ©chec, des compositeurs de musique et dâautres personnes qui consacraient beaucoup de temps et dâĂ©nergie Ă des activitĂ©s pour le simple plaisir de les faire sans recherche de gratifications conventionnelles comme lâargent ou la reconnaissance rĂ©sultats de ces recherches lui ont permis de dĂ©finir le concept de lâexpĂ©rience optimale quâil appelle flow » Csikszentmihalyi, 1990 qui rĂ©fĂšre Ă lâĂ©tat subjectif de se sentir bien Csikszentmihalyi & Patton, 1997.Pour Csikszentmihalyi, le bonheur se dĂ©finit par lâexpĂ©rience optimale».Mihaly Csikszentmihalyi donne les conditions de lâexpĂ©rience optimale». Lâengagement dans une tĂąche prĂ©cise un dĂ©fi qui fournit une rĂ©troaction immĂ©diate, qui exige des aptitudes appropriĂ©es, un contrĂŽle sur ses actions et une concentration intense ne laissant aucune place aux distractions ni aux prĂ©occupations Ă propos de soi et qui sâaccompagne gĂ©nĂ©ralement dâune perception altĂ©rĂ©e du temps constitue une expĂ©rience optimale une expĂ©rience flot» ou flow. Il ajoute Comme consĂ©quence meilleure performance, crĂ©ativitĂ©, dĂ©veloppement des capacitĂ©s, estime de soi et rĂ©duction du stress. Bref, elle contribue Ă la croissance personnelle, apporte un grand enchantement et amĂ©liore la qualitĂ© de la vie.» Csikszentmihalyi, psychologue amĂ©ricain Mihaly Csikszentmihalyi a observĂ© des artistes peintres pour tenter de comprendre leur âmotivation intrinsĂšqueâ. Ils ne cherchaient pas de gratification extĂ©rieure, le plaisir de peindre leur suffisait, les comblait. Il sâest donc tournĂ© vers dâautres passionnĂ©s â joueurs dâĂ©checs, grimpeurs de haute montagne et chirurgiens â et tous lui ont avouĂ© que lâactivitĂ© en elle-mĂȘme constituait leur vĂ©ritable plaisir. Tous se disent âtransportĂ©sâ, âportĂ©s par un fluxâ lors de ces activitĂ©s. ⊠Des enquĂȘtes ont rĂ©vĂ©lĂ© que ce genre d'âexpĂ©rience optimaleâ se produit plus souvent au travail que lors des loisirs. Le flow » selon Mihaly Csikszentmihalyi QUIZZ SUR LE BONHEUR Il apparait que ce quiz nâest pas paramĂ©trĂ© correctement BAC Philo Voici une sĂ©rie de sujets sur le bonheur Sujets sur le bonheur 1. âLa chasse au bonheurâ cette expression vous paraĂźt-elle judicieuse ? 2. âTout homme qui ne voudrait que vivre, vivrait heureuxâ. Que signifie et que vaut cette affirmation ? 3. Est-ce un devoir de rechercher le bonheur ? 4. Est-il vrai quâil nây a pas de bonheur intelligent ? 6. Faut-il choisir entre ĂȘtre heureux et ĂȘtre libre ? 7. Faut-il rechercher le bonheur ? 8. Faut-il sâabstenir de penser pour ĂȘtre heureux ? 9. Faut-il vouloir ĂȘtre heureux ? 10. La beautĂ© est-elle une promesse de bonheur ? 12. La recherche du bonheur est-elle nĂ©cessairement immorale ? 13. La recherche du bonheur est-elle une affaire privĂ©e ? 14. La recherche du bonheur peut-elle ĂȘtre un esclavage ? 17. Le bonheur est-il affaire de politique ? 18. Le bonheur est-il inaccessible Ă lâhomme ? 19. Le bonheur est-il le bien suprĂȘme ? 20. Le bonheur est-il le but de la politique ? 21. Le bonheur est-il un droit ? 22. Le bonheur nâest-il quâillusion ? 25. Pensez-vous que âcâest lâillusion et non le savoir qui rend heureuxâ ? 26. Peut-on en mĂȘme temps prĂ©tendre Ă une vie morale et rechercher le bonheur ? 27. Peut-on ĂȘtre heureux dans la solitude ? 28. Peut-on ĂȘtre heureux sans ĂȘtre libre ? 29. Peut-on parler de bonheur dâune communautĂ© ? 30. Quâest-ce quâune vie heureuse ? 31. Un homme libre est-il nĂ©cessairement heureux ? 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Ilfaut vivre autrement dans le monde, selon ces diverses suppositions. 1. sâil est sĂ»r quâon y sera toujours. Si on pouvait y ĂȘtre toujours. 2. sâil est incertain si on y sera toujours ou non. 3. sâil est sĂ»r quâon nây sera pas toujours mais quâon soit assurĂ© dây ĂȘtre longtemps.
Les clĂ©s du sujet DĂ©finir les termes du sujet Avoir le choix Lâexpression implique que nous ayons la capacitĂ© dâarbitrer entre plusieurs possibilitĂ©s qui nous sont offertes. Il nous revient de dĂ©cider celle que nous retiendrons. Cette situation met en avant la libertĂ© de la volontĂ©. Suffire Ce verbe indique que nous devons Ă©valuer la nature dâune condition. Avoir le choix est-il une condition nĂ©cessaire et suffisante pour ĂȘtre libre ou ne sâagit-il que dâune libertĂ© imparfaite, inachevĂ©e ? Ătre libre Le mot libertĂ© » a plusieurs sens. Il peut ĂȘtre synonyme dâindĂ©pendance, et a des implications sur le plan personnel et collectif libertĂ© politique. DĂ©gager la problĂ©matique et construire un plan La problĂ©matique Elle repose sur le sens Ă donner au libre arbitre. Faut-il considĂ©rer quâil dĂ©finit Ă lui seul la nature de la libertĂ© ? Ne serait-il pas une dimension, importante certes, mais incomplĂšte ? Cela demande une analyse prĂ©cise de ce concept. Le plan Nous Ă©voquerons, dans un premier temps, les raisons dâaffirmer quâil suffit dâavoir le choix pour ĂȘtre libre. Puis nous examinerons en dĂ©tail le concept de libre arbitre. Nous conclurons en montrant pourquoi il ne peut suffire Ă dĂ©finir la libertĂ©. Ăviter les erreurs Ne pas substituer Ă la question un dĂ©bat sur le fait dâavoir ou non le choix. Le sujet prĂ©suppose que nous lâavons et demande si cela suffit. Si vous mettez en doute le fait dâavoir le choix vous commettez un hors-sujet. - Introduction La libertĂ© est gĂ©nĂ©ralement associĂ©e Ă lâidĂ©e dâavoir le choix et cette position semble inattaquable. Celui qui ne peut choisir est contraint. Ă lâinverse, plus nos possibilitĂ©s sont grandes et dĂ©pendent de nous, plus nous avons le sentiment dâĂȘtre libre. Notre volontĂ© montre son indĂ©pendance en sĂ©lectionnant, entre les diffĂ©rentes possibilitĂ©s, celle qui nous convient le mieux. Ceci renvoie au concept de libre arbitre, bien ancrĂ© dans la tradition philosophique. La situation est cependant plus complexe. Avoir le choix nâest pas nĂ©gligeable, mais est-ce la libertĂ© complĂšte, achevĂ©e ? Choisir est un acte mais il faut se demander quelle est sa portĂ©e. Que vaudrait une libertĂ© qui ne se rĂ©aliserait pas et quel rĂŽle donner aux circonstances extĂ©rieures ? 1. La libertĂ© et le choix A. Une opinion courante Info Analyser des situations courantes est le moyen de commencer Ă rĂ©flĂ©chir. Lâimpression dâĂȘtre libre sâexpĂ©rimente spontanĂ©ment, quand nous avons lâimpression que la situation dĂ©pendra de notre bon plaisir. Lâexemple simple de lâhomme devant un buffet, oĂč une multitude de plats sont prĂ©sentĂ©s, en rend compte. Il peut opter pour ce qui lui plaĂźt, tout lui est offert, il ne tient quâĂ lui de choisir dans lâensemble des mets proposĂ©s. Inversement, lorsquâune personne veut sâĂŽter la responsabilitĂ© dâun acte, elle dĂ©clare quâelle nâavait pas le choix dâagir autrement et que cette absence de libertĂ© la met hors de cause. Il est vrai que la libertĂ© a pour contraire la contrainte, que certains nomment la nĂ©cessitĂ© ou le destin. Agir nĂ©cessairement, câest ĂȘtre poussĂ© par une force qui nous fait plier sans que nous puissions lui rĂ©sister. Eichmann, le criminel nazi, dĂ©clara Ă son procĂšs quâil Ă©tait pris dans un processus qui ne lui laissait pas dâalternative. Il entendait ainsi se disculper des accusations de crime contre lâhumanitĂ©. Sur un plan bien moins grave, un sportif, convaincu de dopage, dira que la pression de son milieu professionnel lui enlevait toute autre perspective que de continuer Ă se doper. Conseil Donnez des exemples, puis dĂ©gagez-en le sens philosophique. B. La mauvaise foi et ses raisons Sartre appelle mauvaise foi ce dĂ©sir quâa lâhomme de se transformer en chose, Ă ses yeux ou Ă ceux des autres, afin de nier sa libertĂ©. En effet, il Ă©tait toujours possible Ă Eichmann de se dĂ©mettre de ses fonctions et les historiens ont montrĂ© quâil fut un nazi convaincu. Quant au sportif, câest Ă lui de dĂ©cider sâil veut prĂ©server sa santĂ© ou la risquer pour gagner de lâargent et des honneurs. Ă lâinverse, le hĂ©ros tragique reconnaĂźt quâil est lâagent de son destin. Ćdipe nous touche parce quâil se punit dâavoir fait ce que, pourtant, il ne pouvait pas ne pas faire. Cette grandeur produit de la compassion quand le criminel, qui cherche Ă sâexcuser, suscite le dĂ©goĂ»t. Sartre Ă©labore une thĂ©orie de la libertĂ© qui rejette toute idĂ©e dâune nĂ©cessitĂ© fatale et montre que nous sommes forcĂ©ment responsables de nos actes. Il distingue le plan des phĂ©nomĂšnes naturels et celui des actions humaines. Les premiers sont commandĂ©s par des relations de cause Ă effet. Ils se produisent sans intention en suivant un dĂ©terminisme. Les secondes dĂ©pendent de mobiles et de motifs qui sont des crĂ©ations de la libertĂ©. Chacun de nous choisit, dans un contexte donnĂ©, ce qui vaut pour lui comme une raison dâagir et comme un but Ă atteindre. Ainsi, deux personnes, dans un contexte identique, ne se dĂ©cideront pas de la mĂȘme façon. Lâune jugera que telle circonstance est un mobile pour son action, quand lâautre nây verra rien de marquant ou se dĂ©terminera Ă sâengager dans le sens opposĂ© Ă la premiĂšre. Le discours de PĂ©tain, annonçant la collaboration, en rĂ©vulsa certains et en enthousiasma dâautres. [Transition] Cette dĂ©finition de la libertĂ© trouve son origine dans un concept central de la philosophie le libre arbitre. 2. Un concept fondamental le libre arbitre A. DĂ©finition Le philosophe mĂ©diĂ©val, Anselme, prĂ©sente le libre arbitre au moyen dâun exemple. Supposons un homme rĂ©solu Ă toujours servir la cause de la vĂ©ritĂ© car il sait quâaimer la vĂ©ritĂ© est juste. Cet amour est le mobile de son devoir. Il se sent obligĂ© de ne jamais mentir pour ne pas le trahir. Imaginons maintenant que cet homme soit menacĂ© de mort au cas oĂč il ne mentirait pas. Que choisira-t-il de faire ? Anselme Ă©crit que la volontĂ© est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre ». Cette distinction signifie que la rectitude est issue dâune dĂ©cision volontaire. Câest une qualitĂ© que la volontĂ© se donne. Elle est donc capable de se dĂ©terminer par elle-mĂȘme. Mais ceci signifie que la volontĂ© peut refuser dâĂȘtre droite. Elle est libre de mentir comme de dire la vĂ©ritĂ©. Elle a le choix entre rester morale ou cesser de lâĂȘtre. Conseil Marquez un temps dâapprofondissement. B. LibertĂ© et nĂ©cessitĂ© Une consĂ©quence importante en rĂ©sulte la libertĂ© sâoppose Ă la nĂ©cessitĂ©. Cette notion dĂ©signe ici ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre. Câest la force de lâinĂ©luctable. La seule nĂ©cessitĂ© quâAnselme reconnaisse est celle de sacrifier un des partis selon le principe du tiers-exclu. Mentira-on ou restera-t-on honnĂȘte au pĂ©ril de la mort ? Toute troisiĂšme voie est bannie. Mais cette nĂ©cessitĂ© ne contraint pas la nature du choix. Autrement dit, les circonstances inclinent sans nĂ©cessiter. La peur de la mort dĂ©clenche un penchant au mensonge mais cela reste une tendance, une inclination naturelle qui peut ĂȘtre combattue et vaincue par le pouvoir de la volontĂ© associĂ© Ă la reprĂ©sentation du bien. La raison montre ce qui doit ĂȘtre fait, et nous le conseille. Nous devons ensuite vouloir le faire et nous le pouvons toujours puisque le jugement est libre. Lâhomme nâagit pas poussĂ© inexorablement par des causes, comme le sont les phĂ©nomĂšnes de la nature, il choisit ce qui, pour lui, doit ĂȘtre le motif le plus important. Il sâensuit que la volontĂ© a un pouvoir souverain de dĂ©cision. Câest la dĂ©finition du libre arbitre. Le jugement est fondamentalement indĂ©pendant Ă lâĂ©gard de toute pression. Le libre arbitre dĂ©signe donc la suprĂ©matie de la volontĂ© sur les possibilitĂ©s qui sâoffrent Ă elle. La volontĂ© a mĂȘme le pouvoir sur les contraires, elle peut opter pour lâun comme pour lâautre. Rien ne la contraint. On parle ainsi de libertĂ© dâindiffĂ©rence. La fable de lâĂąne de Buridan, qui meurt de faim car il ne sait pas que choisir entre un sac de blĂ© et un sac dâorge, en donne une vision nĂ©gative. Descartes dit en ce sens que lâindiffĂ©rence est le plus bas degrĂ© de la libertĂ© ». Il existe cependant une autre version de ce phĂ©nomĂšne. La volontĂ© est libre de choisir sans ĂȘtre tenue par rien dâautre quâelle-mĂȘme, puisque nous sommes insensibles Ă toute pression extĂ©rieure. [Transition] Il apparaĂźt ainsi que nous avons toujours le choix et que celui-ci est toujours libre. Mais est-ce la condition nĂ©cessaire et suffisante pour ĂȘtre libre ? 3. Les insuffisances du libre arbitre A. La libertĂ© stoĂŻcienne Les stoĂŻciens sont les premiers Ă avoir insistĂ© sur le pouvoir absolu de la volontĂ© et sur la possibilitĂ©, pour tout homme, de se constituer une citadelle intĂ©rieure », oĂč il serait Ă lâabri de toutes les vicissitudes du monde. La libertĂ© est accessible Ă chacun, dans la mesure oĂč il fait un usage raisonnĂ© de sa volontĂ©. ĂpictĂšte soutient quâil faut vouloir que les choses arrivent, non comme nous le dĂ©sirons, mais comme elles arrivent, afin dâĂȘtre heureux. Le sage se rend ainsi indiffĂ©rent aux troubles qui affectent les autres hommes. Il choisit de les accepter comme un envoi du destin, et ce choix suffit Ă le rendre libre. Une maxime stoĂŻcienne affirme ainsi que lâon peut ĂȘtre libre sur le trĂŽne comme dans les chaĂźnes. Le sage a toujours le choix entre refuser ou accepter ce qui survient. Dans le premier cas, il se condamne Ă souffrir car lâĂ©vĂ©nement lui paraĂźtra injuste. Il protestera et sera malheureux sans pouvoir rien y changer. Dans le second, il aura choisi de se rĂ©concilier avec le destin et sera libĂ©rĂ© de tous les troubles, physiques comme ceux de lâesprit. Tout lui semblera se produire conformĂ©ment Ă une sagesse suprĂȘme. Conseil Posez une question pour relancer la rĂ©flexion. Cette dĂ©finition de lâĂ©tat de libertĂ© est-elle suffisante ? On remarque quâen se focalisant sur le choix, les circonstances deviennent indiffĂ©rentes. Le sont-elles vraiment ? B. La dĂ©finition concrĂšte de la libertĂ© Attention Il faut Ă©viter de dĂ©vier du sens de la question. Redonner de lâimportance aux circonstances ne doit pas nous amener Ă penser que celles-ci dĂ©terminent toujours la volontĂ© et que penser le contraire serait une illusion. Nous commettrions alors un hors-sujet, car on prĂ©suppose ici que nous avons le choix. Il sâagit de montrer que lâindiffĂ©rence, qui permet le choix, est une conception encore abstraite de la libertĂ©. Conseil Reprenez votre exemple en le critiquant pour montrer ses limites. Ătre sur le trĂŽne ou dans des chaĂźnes nâest pas Ă©quivalent. La libertĂ© implique une dimension pratique, câest-Ă -dire active. Lâhomme en prison peut bien se dire libre intĂ©rieurement, il est dans lâimpossibilitĂ© de se mouvoir, de dialoguer, il est soumis aux rĂšgles des gardiens. Une libertĂ© qui ne peut se rĂ©aliser par lâaction sur les choses ou dans les rapports avec autrui est amputĂ©e dâune dimension fondamentale. Ceci ne supprime pas lâimportance du choix mais relativise sa portĂ©e. Un prisonnier peut, certes, toujours choisir dâaccepter sa dĂ©tention pour la supporter sans trop de douleur, mais la libertĂ© accomplie est celle de la volontĂ© qui peut sâextĂ©rioriser par des actes dans lesquels elle se reconnaĂźt. Câest en ce sens que Hegel reproche au libre arbitre dâen rester au stade de lâautodĂ©termination formelle. Expliquons-le en donnant Ă la libertĂ© sa dimension collective. Un peuple libre est autonome. Il choisit dâobĂ©ir aux lois quâil se donne. Mais pour que cette libertĂ© ne soit pas fictive, il faut quâelle puisse se manifester, que ce peuple possĂšde un territoire, une souverainetĂ© garantie par une armĂ©e, la capacitĂ© dâinscrire ses dĂ©cisions dans le rĂ©el et de peser dans ses relations avec les autres nations. Le choix nâest donc quâun moment de la libertĂ©. Câest sa dimension intĂ©rieure qui correspond Ă une rĂ©flexion de lâesprit sur lui-mĂȘme. Ceci vaut Ă©galement au niveau individuel ? Que vaut une libertĂ© qui nâagit pas ? Elle en reste au stade du vĆu, du souhait sans effectivitĂ©. Hegel souligne que le libre arbitre est une position incomplĂšte car la volontĂ© ne crĂ©e pas ce quâelle choisit. Il lui faut, pour se libĂ©rer vraiment, prendre le risque de lâaction. Il est toujours possible que le but visĂ© ne se rĂ©alise pas. Personne ne maĂźtrise totalement les circonstances extĂ©rieures et un plan bien conçu peut toujours Ă©chouer mais, sans engagement, le choix reste ineffectif. Conclusion Ătre libre est traditionnellement dĂ©fini comme le fait de pouvoir dĂ©cider de façon souveraine, sans ĂȘtre contraint par les circonstances ou par des tendances intĂ©rieures Ă notre ĂȘtre. Câest le choix effectuĂ© par libre arbitre. Cette thĂšse est forte mais elle ne semble pas ĂȘtre suffisante pour dĂ©finir la libertĂ© dans sa totalitĂ©. Il lui manque le rapport Ă lâaction qui expose notre libertĂ© en mĂȘme temps quâil lui permet de se rĂ©aliser concrĂštement. De plus, il faut voir que la volontĂ© nâest vraiment libre que lorsquâelle se donne Ă elle-mĂȘme son contenu. Choisir entre ce que nous nâavons pas créé nâest pas encore la libertĂ© achevĂ©e. source
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